Rosbaud dirige trois symphonies de Sibelius à Baden-Baden

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Jean Sibelius (1865-1957) : Symphonie no 2 en ré majeur Op. 43. Symphonie no 4 en la mineur Op. 63. Symphonie no 5 en mi bémol majeur Op. 82. Kom nu hit Död, Op. 60.1 ; Demanten på marssnön, Op. 36.6 ; Illale, Op. 17.6. Hans Rosbaud, Orchestre du Südwestfunk de Baden-Baden. Kim Borg, basse. Janvier & décembre 1955, janvier 1961. Livret en allemand, anglais. TT 50’33 + 69’59. SWR>> Classic SWR19105CD

Le label SWR continue d’exhumer les archives sonores d’Hans Rosbaud (1895-1962) conservées par le Südwestfunk. Ces bandes remastérisées éveillent ici le souvenir des deux remarquables vinyles réalisés pour Deutsche Grammophon : le livret du CD cite l’enregistrement de mars 1957 (Tapiola, Suite Karélia), omettant de dater les précédentes sessions de novembre 1954 (Finlandia, Valse Triste, Le Cygne de Tuonela, Festivo). Saluons en tout cas ce méritoire livret qui outre les détails biographiques, et malgré un propos univoquement élogieux, s’attache à cerner l’esthétique du maestro, et engage quelques clés de compréhension de son art à travers une intelligente analyse des présents témoignages sibéliens. Dans ces trois symphonies d’un compositeur qui se méfiait des épanchements, on est heureux de retrouver un chef réputé pour son approche transparente, objective et rationnelle des œuvres.

Cependant, les captations ne sont pas dignes de l’excellente monophonie de l’étiquette jaune, et l’orchestre de la Radio de Baden-Baden n’est pas le Berliner Philharmoniker : dans l’opus 43, la savonneuse diction des cuivres pour la transition Vivacissimo vers l’Allegro moderato vient hélas le rappeler, tout comme les cordes d’une cohésion et agilité perfectibles. Malgré un Finale fluide et sémillant qui à pareille époque rappelle la baguette de Pierre Monteux (RCA, juin 1958), cette Symphonie no 2 procure d’ailleurs la prestation la moins convaincante de ce double-album, en raison d’un Allegretto guidé avec souplesse (comme l’explique la notice de Christoph Schlüren) mais dépenaillé, et d’un Tempo andante ma rubato insuffisamment dramatisé. Les passages ouvertement romantiques ne sont certes pas ceux où l’on attend Rosbaud. Dans les mêmes années, le sanguin Eugene Ormandy à Philadelphie (Columbia), l’éblouissant Serge Koussevitzky à Boston (RCA), l’imprévisible Hermann Abendroth à Leipzig (Urania), le généreux Paul Kletzki à Londres (Columbia), le charismatique John Barbirolli à Manchester (Pye) fournissent mutatis mutandis autant d’alternatives mieux mises en place, à défaut d’être toujours en phase avec l’idiome requis.

L’aride opus 63 convient mieux au chef qui en livre une interprétation plus diaphane qu’obscure, subtilement innervée, et illuminée par les timbres clairs de cette phalange qu’il pilotait depuis 1948. Bien différent de l’inspiration chaleureuse et expansive de Sixten Ehrling à Stockholm (Metronome Records, janvier 1953) qui venait de boucler la toute première intégrale, peu avant Anthony Collins pour Decca. C’est encore la Symphonie no 5 qui montre leur collaboration à son meilleur : la première partie dirigée avec ardeur, incessamment mobile, frémissante, quelle irrésistible poussée ! Digne de ce qu’avait gravé en juin 1932 le vétéran Robert Kajanus (1856-1933) au studio d’Abbey Road. Toutefois la seconde partie tend à s’étaler et erre, dispersant une fastidieuse progression vers la lumière. Le programme est complété par trois mélodies chantées en suédois par Kim Borg, dans l’arrangement orchestral d’Ivar Hellman. Globalement, cette parution intéressera les fans du chef autrichien, qui en ces partitions s’avère fidèle à sa réputation et à son style, mais osera-t-on dire qu’elle marque l’abondante discographie des œuvres ?

Son : 6,5 – Livret : 9 – Répertoire : 10 – Interprétation : 6-9

Christophe Steyne

 

 

 

 

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