Semyon Bychkov et l’Orchestre philharmonique tchèque en forme olympique dans les trois dernières symphonies de Dvořák
Antonin Dvořák (1841-1904) : Symphonies n°7 à n°9 ; Ouvertures : Dans le royaume de la nature, Carnaval, Othello. Orchestre philharmonique tchèque, direction : Semyon Bychkov. 2024. Livret en anglais. Pentatone. PTC5187216
L’heure de la rentrée sonne déjà mais nos vacances s’achèvent musicalement de la plus belle des manières avec ce merveilleux enregistrement des Symphonies N°7, 8 et 9 d’Anton Dvořák chez Pentatone. Chanceux label qui enchaîne les succès discographiques depuis l’arrivée de Semyon Bychkov à la tête de l’Orchestre philharmonique tchèque en 2018.
Tout semble réussir à ce tandem sans réelles limites. Nous sommes encore marqués par leur cycle des Symphonies de Tchaïkovski chez Decca. Le cycle de Mahler qui compte à ce jour quatre symphonies en impose aussi. Ici même, nous avons acclamé récemment Má Vlast de Bedřich Smetana.
Cet enregistrement des trois dernières symphonies de Dvořák était un passage obligé. Le juge de paix pour tous les directeurs musicaux depuis Václav Talich. Faux pas interdit !
Cela commence bien avec une Septième très équilibrée et respectueuse des intentions du compositeur. On vibre d’entrée, on chante, impossible de rester de marbre face à une telle lecture notamment grâce à des cordes acerbes, c’est captivant ! Le mouvement lent et le Scherzo sont dans la même veine. Petit regret sur le dernier mouvement qui bien que palpitant manque un peu de folie.
L’Orchestre est en terrain conquis. Cette musique fait partie de son ADN c’est presque une lapalissade. La discographie des tchèques est donc pléthorique, riche en références mais plus nous avançons dans notre écoute et plus nous avons le sentiment de tenir là une version contemporaine de premier plan.
Cette impression est confirmée par la Huitième Symphonie qui culmine par son excellence. Les tempos sont presque parfaits, nous y découvrons une multitude de détails, la musique prend son envol. C’est formidable. Cette acmé se poursuit dans la Symphonie du « Nouveau Monde ».
La Neuvième version Bychkov file à toute allure. Elle est dansante, échevelée et dramatique. Un vent de folie comme seule la Mitteleuropa sait nous en offrir ! On adore mais cela ne plaira certainement pas aux puristes qui resteront fidèles à leurs totems (Kertész, Kubelik…).
Ce trio symphonique d’enfer est complété par les trois ouvertures de concert. Un choix généreux de la part de l’éditeur mais sans la même réussite.
Nous ne pouvons que recommander vivement ce qui constituera sans aucun doute un nouveau jalon moderne dans l’interprétation de ces œuvres d’Anton Dvořák.
Son : 10 Livret : 9 Répertoire : 10 Interprétation : 10
Bertrand Balmitgere