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A Genève, Jonathan Nott et le XXe siècle  

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Pour la série ‘R comme Romande mais aussi Rareté’, Jonathan Nott consacre le programme du 16 mars de l’Orchestre de la Suisse Romande à trois œuvres majeures du XXe siècle. Il décide surtout d’en juxtaposer deux que l’on a souvent rapprochées, Le Sacre du Printemps, datant de l’hiver 1912-1913, et Arcana qu’Edgar Varèse composa entre 1926 et le printemps de 1927.

Du célèbre ballet d’Igor Stravinsky qui est devenu aujourd’hui un classique, il conçoit l’Introduction comme une longue improvisation menée par le basson dans l’aigu permettant aux bois de développer librement leur couplets. Pour la Danse des adolescentes, il recherche la précision du trait tout en accusant la pesanteur des accords dans les parties de cordes. Les Rondes printanières, le Jeu des cités rivales sont de véritables orgies sonores  tourbillonnant jusqu’à l’entrée des cuivres hiératiques qui accompagnent le Cortège du Sage. Puis une tenue en pianissimo imprégnée de mystère est engloutie par le presto sauvage de la Danse de la Terre. L’Introduction de la seconde partie paraît trop présente en nous privant d’une connotation envoûtante que finira par nous restituer le dialogue des cordes avec les trompettes en sourdines. Sur le pizzicato des violoncelles et contrebasses s’appuyant sur la percussion surgit la Glorification de l’élue. Le rallentando permettant l’Evocation des ancêtres est rapidement zébré par les stridences de la trompette propulsant la Danse sacrale, d’un fauvisme extrême par ses traits à l’arraché.

Explorations chorales autour de Debussy et Hahn

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Claude Debussy (1862-1918) : Salut printemps, La damoiselle élue, Les angelus, L'Ombre des arbres dans la rivière embrumée ; Reynaldo Hahn (1874-1947) : Paysage triste, Etudes latines.  Christiane Karg, soprano ; Angela Brower, alto ; Daniel Behle, ténor ; Tareq Nazmi, basse. Chor des Bayerischen Rundfunks, Howard Arman ; Gerold Huber et Max Hanft, piano. 2021. Livret en allemand et anglais. Texte chanté en français. 55’58’’. BR Klassik. 900529. 

A l’OSR, le Mahler de Jonathan Nott 

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Avec le soutien de la Société Gustav Mahler de Genève, Jonathan Nott et l’Orchestre de la Suisse Romande dédient leur programme du 30 septembre à l’illustre symphoniste autrichien en sollicitant le concours de la soprano bavaroise Christiane Karg.

Dans une musique que l’on associe volontiers aux timbres graves d’une Kathleen Ferrier, d’une Christa Ludwig, d’une Janet Baker, cette voix fruitée à la diction impeccable présente cinq des Rückert Lieder en commençant par Blicke mir nicht in die Lieder ; elle y développe un legato soutenu qui masque la faiblesse du bas medium s’étoffant progressivement avec Ich atmet’einen linden Duft où elle irise de sonorités aériennes le mot « linden ». Par contre, dans le sombre Um Mitternacht et dans le rasséréné Liebst du um Schönheit, elle s’arme de lyrisme pathétique pour tenir tête à des cuivres et à des bois qui ignorent systématiquement les nuances ‘mezzo forte’ et ‘piano’. Et c’est finalement le sublime Ich bin der Welt abhanden gekommen qui est le mieux équilibré dans ce phrasé en éventail se déployant avec lenteur en réponse à un cor anglais qui, lui, sait ce que signifie l’indication ‘pianissimo’.