La casa de Papel de Pablo... la Neuvième de Beethoven vue par Heras-Casado.

par

Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Symphonie n°9 , Fantaisie chorale. Christiane Karg (Soprano), Sophie Harmsen (Mezzo), Werner Güra (Ténor), Florian Boesch (Basse), Kristian Bezuidenhout (Pianoforte). Zürcher Sing-Akademie, Freiburger Barockorchester, Pablo Heras-Casado. Harmonia Mundi, 2019. 1h20.

La quarantaine triomphante, une allure d’acteur de films signés Almodovar, un CV déjà bien fourni, Pablo Heras Casado a décidément tout pour plaire dans ce vingt-et-unième siècle où le style, la notoriété et l’image sont prépondérantes. Il fait déjà partie de cette nouvelle vague de la direction d’orchestre qui bouscule petit à petit (aussi bien sur scène que dans nos playlists) la hiérarchie mondiale dans le domaine. Alors forcément quand un tel potentiel se mesure à un totem du répertoire symphonique occidental comme la Neuvième Symphonie de Beethoven, impossible de résister à la tentation d’assister au spectacle !

Attention, ici pas de Beethoven façon grosse machine ! Le chef espagnol à la tête du Freiburger Barockorchester joue la carte de l’authenticité, de la souplesse et de la vigueur. Le problème, c’est qu’il est le énième de sa corporation à le faire ! Le Beethoven « bien de chez nous », à l’ancienne, n’est plus le gage d’un renouvellement interprétatif. La réussite de cet enregistrement dépendait surtout de la vision du chef. II suffit de voir Currentzis dans la récente Cinquième pour s’en convaincre, même le navire amiral de notre répertoire peut couler à pic avec un capitaine déboussolé.

Alors, que reste-t-il de Beethoven sous la baguette de Pablo Heras-Casado ? Malheureusement pas grand chose d’intéressant. En tout cas c’est la déception qui l’emporte. Alors oui, le rythme est là, la direction est ferme, mais le chef andalou cherche trop le mouton à cinq pattes, il s’attarde encore et encore sur les effets de manche et les détails au mépris de la cohérence de l’ensemble. Le pire est à venir dans le dernier mouvement où solistes et chœur semblent noyés dans un maelström sonore.

Le CD proposé sauve malgré tout les meubles grâce à une honnête Fantaisie chorale qui doit son salut au talent évident du pianofortiste Kristian Bezuidenhout. Peut-être que la présence de cet acteur supplémentaire est le trait d’union manquant dans la Neuvième entre chef, orchestre, solistes et chœur. En tout cas, cela fonctionne mieux, chacun est à sa juste place et semble davantage s’y épanouir.

Plus qu’un échec, c’est un accident de parcours. Pablo Heras-Casado, comme beaucoup, voulait sûrement renouveler le genre ; mais n’est pas Paavo Jarvi ou Adam Fischer qui veut. Cet épisode malheureux nous renvoie indubitablement vers Scherchen et cette unité dans la direction et les idées qui nous manque tant ici.

Son : 9 - livret 9 - Répertoire : 10 - Interprétation : 6

Bertrand Balmitgere

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