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L’ONF et Cristian Măcelaru rhapsodiques, et le violon superlatif d’Anne-Sophie Mutter

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C’est un programme que l’on pourrait scinder en deux que nous proposent l’Orchestre National de France : trois rapsodies pour orchestre qui fleurent bon l’Europe centrale (deux d’Enesco, et une de Dvořák), et deux œuvres concertantes avec violon, séparées de deux siècles et demi (Mozart et Adès).

Georges Enesco, d'abord. L’ONF et son directeur musical Cristian Măcelaru sont en terrain connu avec sa musique symphonique. Ils viennent d’en enregistrer un double album, qui a eu les meilleures récompenses de la presse spécialisée. On y trouve les trois Symphonies, et les deux Rhapsodies roumaines, toutes deux écrites par un jeune compositeur de vingt ans, qui est devenu, depuis (et l’est encore aujourd'hui) une véritable star en Roumanie, comme il n’existe probablement aucun équivalent ailleurs avec un compositeur de musique classique.

Concert du Nouvel An à Radio France : une soirée Crescendo molto

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Cette célébration de 2025 était doublée (et prolongée par la suite, puisqu’elle partira en tournée, du 6 au 10 janvier, avec un concert tous les jours, respectivement à Châteauroux, Bourges, Chalon-sur-Saône, Grenoble et Vichy), et le concert de la Saint-Sylvestre, diffusé en direct sur France Musique, avait été précédé par un autre la veille. C’est de ce dernier qu’il est question ici.

L’Orchestre National de France (ONF), sous la direction de leur directeur musical Cristian Măcelaru, avait invité l’Ensemble Janoska. Nous le présenterons quand il interviendra, c'est-à-dire seulement après l’entracte. En effet, dans toute la première partie, l’orchestre a joué, seul, des œuvres que l’on retrouve fréquemment dans les occasions festives, et toutes marquées du sceau de l’Europe centrale.

Pour commencer, l’ouverture de l’opérette Le Baron tzigane, de Johann Strauss fils, qui fait la synthèse entre la tradition classique (partie lente pour commencer), tzigane (czardas pour continuer) et viennoise (valse pour conclure). Le début semble quelque peu sérieux et appliqué. On sent Cristian Măcelaru davantage soucieux d’expression que d’exotisme, avec un sens dramatique affirmé : les nuances sont contrastées, avec des solos instrumentaux très intériorisés. Tout est bien mené, mais manque d’aisance ; c’est un peu précautionneux. L’orchestre sonne très bien, mais ne se lâche pas vraiment. Ce Baron tzigane du compositeur viennois par excellence n’est, finalement, ni tzigane ni viennois.

L’enthousiasme dans la salle est très relatif.

Les Danses de Galanta sont sans doute l’œuvre la plus populaire du compositeur hongrois Zoltan Kodály, qui s’était beaucoup intéressé, avec Béla Bartók, aux musiques traditionnelles, et notamment tziganes, ce qui est flagrant ici. Elles commencent par un solo de clarinette (remarquable Carlos Ferreira), qui a le mérite de quelque peu réveiller l’orchestre. Les cordes commencent à se libérer. On admire le travail de détail, en particulier des dynamiques. Il y a une belle énergie, et la bonne humeur s’installe.

Le public ne se lâche pas encore tout à fait, mais...

Suivait l’irrésistible Cinquième Danse hongroise de Johannes Brahms. La sonorité de l’ONF est épatante, enveloppante, sans saturer. Cristian Măcelaru gère les brusques changements de rythme avec naturel et distinction. Son parti pris est établi : rien de spectaculaire ou de pittoresque, tout au service de l’expression musicale.

Măcelaru à la Maison de la Radio : l’oiseau et le sortilège

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Ce jeudi 28 novembre, Cristian Măcelaru dirigeait l’Orchestre National de France pour le public de la Maison de la Radio, attiré par un programme symphonique fort alléchant : le Poème pour orgue et orchestre (op. 9) de Jeanne Demessieux, le Concerto pour piano n°1 en sol mineur (op. 25) de Félix Mendelssohn, la suite de 1919 de L’Oiseau de feu d’Igor Stravinsky, et L’Apprenti sorcier de Paul Dukas. 

Le morceau de Jeanne Demessieux incarne une idée intéressante du principe concertant. Le morceau nous donne l’occasion d’apprécier plusieurs minutes de détachés opiniâtres, d’ostinatos obsessionnels – mais aussi des contemplations plus crépusculaires, aux accents jazz. Bref, un morceau complexe, riche, où le corps à corps de l’orgue avec les timbres de l’orchestre prend de multiples formes, et où le relief semble ne jamais cesser de changer. À la console, Lucile Dollat, appliquée et minutieuse.  

Là-dessus, entrée de Beatrice Rana pour le Mendelssohn. La pianiste enchaîna avec une vélocité étourdissante les péripéties de la main gauche, mais révéla aussi une grande subtilité dans le déploiement des thèmes -avec une parfaite souplesse qui effleurait le rubato mais n’y tombait jamais. Une performance remarquable, assez étourdissante. Coup de cœur pour le premier et le dernier mouvement.

Cristian Măcelaru dynamise l'OPMC

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Cristian Măcelaru est de retour au pupitre de l’Orchestre philharmonique de Monte-Carlo pour ce second concert de la série estivale des Concerts au Palais princier. Il est accompagné par la jeune violoniste María Dueñas, l’un des noms qui s’impose dans le le milieu, portée par son contrat avec   Deutsche Grammophon. 

On remarque d’emblée des qualités indéniables : fraîcheur et tempérament juvéniles, sensation naturelle et intacte, maîtrise technique de l'instrument, son noble et personnel, joie de jouer tout en sourire... Est-ce suffisant pour conquérir l'auditoire ? Le Concerto pour violon n°1  de Max Bruch est une des œuvres favorites du public.  María Dueñas  semble avoir des difficultés malgré son sourire craquant. Il fait très chaud et humide, l'archet ne tient pas la route et de nombreux passages sont troubles. 

Cristian Măcelaru  soutient la jeune soliste dans un tempo détaillé et avec une dynamique soigneusement contrôlée, mais le résultat est décevant. Le dernier mouvement "presto stretta" majestueux et virtuose qui devrait terminer en feu d'artifice est plat. L'applaudimètre ne répond que modérément.  María Dueñas  dépose son bouquet à l'arrière de la scène et les applaudissements s'arrêtent. On est privé du bis virtuose qui aurait pu rattraper la performance.

La sélection du mois de février 2023

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Le mois de février commence avec le CPE Festival et deux concerts contrastés dans les répertoires mais qui illustrent les facettes de la musique. Le 4 février, le Quatuor Danel, que l’on ne présente plus, interprètera des œuvres de Fanny et Felix Mendelssohn. Le 12 février, l’Ensemble Astoria  proposera un voyage musical avec des partitions d’Astor Piazzolla et de Michel Lysight.

A Bruxelles, le piano règnera en maître ! On commence à Bozar un festival 100% Rachmaninov :  le Belgian National Orchestra, sous la direction de Cristian Măcelaru, accompagnera les pianistes Behzod Abduraimov et Denis Kozhukhin. A Flagey, ce sera les 10 ans du Festival Piano Days (du 8/2 au 12/2) avec une affiche bigarrée et passionnante : Jonathan Fournel, Boris Giltburg, Lukáš Vondráček, Tamara Stefanovich, Elisso Virsaladze.Le classique se mélangera au jazz pour une fête des claviers sans frontières. 

A l’Opéra de Liège, le rare Hamlet d’Ambroise Thomas prendra ses quartiers pour une série de représentations (du 26/02 au 7/3). A Anvers, l’Opéra des Flandres propose une reprise du fascinant Satyagraha dans une mise en scène de Sidi Larbi Cherkaoui (du 15/2 au 4/03). 

A Lille, l’Orchestre National de Lille proposera un concert avec le légendaire Jean-Claude Casadesus qui fêtera le Lillois Lalo avec l’Ouverture de son opéra le Roi d’Ys à l’occasion des 200 ans de sa naissance (16 et 17 février). D'autres belles affiches sont au programme de la phalange lilloise. 

Recuerdos, un voyage musical des temps troublés avec Augustin Hadelich 

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Pablo de Sarasate (1844-1908) / Georges Bizet (1838-1875) : Fantaisie sur Carmen de Bizet, op.25 ; Serge Prokofiev (1891-1963) :  Concerto pour violon n°2 en sol mineur, Op.63 ; Benjamin Britten (1913-1976) : Concerto pour violon en ré mineur, Op.15 ; Francisco Tárrega (1862-1909) : Recuerdos de la Alhambra (arrangement pour violon solo de Ruggiero Ricci). Augustin Hadelich, violon ; WDR Sinfonieorchester, Cristian Măcelaru. 2021. Livret en anglais, allemand et français. 79’55. Warner Classics : 0190296310768.

La sélection de septembre de Crescendo Magazine 

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C’est la rentrée avec des reprises des concerts et des représentations d’opéras alors que certains festivals continuent d’illuminer cette fin d’été. 

  • Belgique

On commence justement ce parcours à Bruxelles avec le Festival Voce et Organo 2022. Il  se déclinera sur deux lieux exceptionnels : l’église Notre-Dame de la Chapelle à Bruxelles, mais aussi, à Orp-Le-Grand, l’église Saints-Martin-et-Adèle (XIe-XIIe s.), joyau de l’art mosan roman en Brabant wallon.

La thématique 2022 est LUX VENETIAE. A travers cette thématique, le Festival Voce et Organo 2022 mettra à l’honneur le compositeur Allemand Heinrich Schütz (1585-1672), parfois appelé "le Monteverdi allemand", figure transitionnelle entre l'esthétique de la Renaissance et la modernité baroque venue d'Italie. Du côté de l’affiche, on retrouvera le meilleur du meilleur : Claire Lefilliâtre,  le Chœur de Chambre de Namur, les Ensembles Hortus Musicalis et Oltremontano et les organistes Benoît Mernier, Arnaud Van de Cauter, Jean-Luc Iffrig et Luc Ponet.

Les concerts du Festival Voce et Organo se caractérisent par l'alternance d'œuvres pour orgue seul d'une part, et de musique vocale ou d'œuvres pour ensemble instrumental d'autre part. Le Festival souhaite ainsi mieux faire connaître la musique d'orgue à un public intéressé par la musique ancienne.

Chaque année, Voce et Organo collabore non seulement avec des musiciens étrangers, mais aussi avec des artistes belges. Le répertoire des compositeurs actifs dans nos régions fait l’objet d’une attention toute particulière. 

On reste à Bruxelles avec nos amis du Belgian National Orchestra qui accueillent leur nouveau directeur musical : le Néerlandais Anthony Hermus pour un concert d’ouverture de saison ambitieux  : Wim Henderickx et son Pulses of the Earth ; Johannes Brahms et son Concerto pour violon (avec Hilary Hahn) et en apothéose  la Symphonie Fantastique de Berlioz. C’est à Bozar le 9 septembre ! 

A Bozar, toujours, l’Orchestre symphonique de La Monnaie fait sa rentrée avec un concert sous la direction d’Alain Altinoglu dans un programme contrasté avec, entre autres, la première à Bruxelles de la version originale de l’Interlude symphonique de Rédemption de César Franck  (dit “Ancien Morceau symphonique”) et une création de notre brillant compatriote Harold Noben (25 septembre). Bozar nous régale également un week-end d’ouverture les 17 et 18 septembre : un florilège de musiques. 

Voyage en Europe de l'est à Monte-Carlo

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C'est avec plaisir que  nous retrouvons le chef Cristian Măcelaru à la tête de l'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo. Il avait déjà fait forte impression lors d’un précédent concert monégasque à Monte-Carlo en octobre 2020.

La Suite de danses de Bartók débute de concert. C'est une pièce fascinante, avec tout le génie du compositeur : l'inventivité, l'influence et la beauté de la musique populaire dans un précieux hommage à la tradition folklorique des Balkans. La direction tendue et énergique de Cristian Măcelaru, frénétique par moments, est excellente. 

"Âme et sentiments russes" avec l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo  

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C'est avec bonheur qu'on retrouve l'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo au grand complet avec Cristian Măcelaru à la direction et Simon Trpčeski au piano dans un programme romantique russe : Concerto n°2 de Rachmaninov et Symphonie n°5 de Tchaïkovski. C’est également un grand plaisir de découvrir le chef  d'orchestre roumain Cristian Măcelaru qui vient de donner ses premiers concerts comme Directeur musical ​de l'Orchestre National de France.

Le pianiste macédonien Simon Trpčeski est un spécialiste de Rachmaninov dont il a  enregistré une intégrale primée des quatre concertos et la Rhapsodie sur un thème de Paganini avec Vasily Petrenko et le Royal Liverpool Philharmonic Orchestra (Avie).
Formé à l'école russe du piano, il développe une grande variété de sonorités avec une technique et une virtuosité prodigieuse. Contrairement à ce qu'on entend d'habitude, il approche le concerto comme de la musique de chambre avec orchestre : on découvre un superbe dialogue.  L'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo et Măcelaru sont des partenaires idéaux, l'accompagnement orchestral est parfait. Le public est conquis et les rappels enthousiastes ont même conduit le soliste à un duo exceptionnel avec Liza Kerob,  premier violon de l'OPMC. Ensemble, ils offrent la Vocalise de Rachmaninov et la dédient à Maxim Vengerov présent dans la salle. Simon Trpčeski est visiblement très ému car ce concert monégasque était son premier depuis le mois de mars…