Un nouveau répertoire pour le violoncelle avec Pieter Wispelwey

par

Franz SCHUBERT (1797-1828). Rondo pour violon et piano op. 70 D 895 ; Johannes BRAHMS (1833-1897) : Sonate en ré majeur pour violon et piano op.78 – Sonate en fa mineur pour clarinette (ou alto) op.120 No.1. Pieter Wispelwey (violoncelle), Paolo Giacometti (piano). 2018 - 64’20’’ - Livret en anglais, français, allemand et néerlandais - Evil Penguin Records Classic EPRC0028

Pieter Wispelwey et Paolo Giacometti en sont maintenant au quatrième et avant-dernier volet de leur voyage à travers les duos avec piano de Schubert et Brahms. Alors que les autres violoncellistes se limitent souvent à la Sonate pour arpeggione de Schubert et aux deux sonates en mi mineur et en fa majeur de Brahms, Wispelwey s’aventure dans des transcriptions, inédites pour la plupart. Cette initiative est doublement intéressante, puisqu’en plus d’agrandir le répertoire du violoncelle, elle révèle une nouvelle dimension aux œuvres originales. Espérons que d’autres s’inspirent de cette démarche !

Le Rondo brillant en si mineur, édité par Artaria en 1827, est l’une des rares pièces démonstratives de Schubert. Tout comme la Fantaisie en do majeur, plus souvent jouée, il a été dédié à l’impressionnant violoniste virtuose tchèque Josef Slavìk que Chopin avait qualifié de deuxième Paganini (sa mort prématurée à seulement 27 ans l’empêcha de passer à la postérité). Wispelwey se lance dans l’andante initial avec héroïsme et avec une certaine intensité dramatique. L’allegro qui suit est moins convaincant. Un discours un peu trop haché et un léger manque de précision dans certains traits font que cette version ne soutient pas la comparaison avec les grands enregistrements au violon (comme la légèreté d’Isabelle Faust dans son enregistrement avec Martin Helmchen).

La transcription pour violoncelle prend tout son sens dans la Sonate pour violon op.78, première sonate publiée par le compositeur après trois essais détruits. On la surnomme la Regensonata, ou sonate de la pluie, car les thèmes du premier et du dernier mouvement sont inspirés du lied du même nom. Wispelwey et Giacometti utilisent ici l’arrangement en ré majeur (l’original étant en sol majeur) réalisé par Paul Klengel en 1897, dont Brahms aurait peut-être même eu connaissance. Le son généreux du Guadagnini de Wispelwey correspond parfaitement à l’atmosphère à la fois mélancolique et chaleureuse de la pièce.

Le constat est le même pour la Sonate pour clarinette op.120 n°1. Composée par Brahms à la fin de sa vie, elle doit son écriture, comme la Sonate op.120 n°2, le Trio avec clarinette op.114 et le Quintette avec clarinette op.115, à l’attirance que le compositeur éprouvait pour cet instrument après avoir entendu le clarinettiste Richard Mühlfeld en concert. Elle fait également partie intégrante du répertoire pour alto, du fait de la transcription de Brahms lui-même. Là encore, l’arrangement pour violoncelle est totalement convaincant. Après l’agitation presque fébrile du premier mouvement, le deuxième nous permet d’apprécier, encore une fois, le magnifique timbre du violoncelle, soutenu par un vibrato parfaitement dosé et très émouvant.

Une particularité de cet album est la prise de son extrêmement proche du violoncelliste, ce qui fait qu’on l’entend même respirer ! Le livret manque un peu d’informations biographiques mais l’interview de Wispelwey est très intéressante.

Aline Masset, reporter de l’IMEP

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