Une belle Quatrième symphonie de Bruckner mais…sans âme : Heras-Casado y était presque !

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Anton Bruckner (1824-1896) : Symphonie n°4 en mi bémol majeur dite « Romantique », WAB 104-  Seconde version (1878-1880) | Edition Leopold Nowak. Anima Eterna Brugge, direction : Pablo Heras-Casado. 2024. Livret en français, anglais, allemand et néerlandais. 65’69’’. Harmonia Mundi HMM 902721.

Une fois n’est pas coutume, nous commençons ce papier par une anecdote personnelle. Chaque année, nous avons l’habitude de passer notre été en compagnie d’Anton Bruckner. Les vacances sont pour nous l’occasion de nous confronter à l’immensité intime de l’œuvre symphonique de « l’Ermite ». Jochum, Celibidache, Blomstedt et consorts sont autant de compagnons de route de congés bien mérités.

Sur le papier, la parution d’une nouvelle Quatrième Symphonie sous la direction de Pablo Heras-Casado a tout d’une bonne nouvelle, surtout si elle est à la hauteur de son récent Parsifal. Le chef andalou ne se cache pas, il a le mérite d’afficher ses ambitions et ses convictions. Cette vision volontariste de la musique fait parfois des merveilles (cf. enregistrements Debussy, Mendelssohn ou encore Wagner) en tout cas sur la forme. Le fond, c’est une toute autre affaire et c’est bien le problème de cette parution.

D’un point de vue purement plastique, cette Quatrième est globalement réussie, fidèle à l’œuvre, une vision en clair-obscur. L’Orchestre Anima Eterna de Brugge fondé par Jos Van Immerseel est également parfaitement à son aise dans ce répertoire. Heras-Casado ne déçoit pas dans ses choix de tempi si ce n’est dans le final qui est peut-être un peu lent (n’est pas Celibidache ou Furtwangler qui veut…) ? Nous comprenons très bien les desseins du chef espagnol. Il veut remettre Bruckner en position d’héritier de Beethoven. Un “poète de la matière sonore”.

Mais dans la famille Bruckner, en mode interprétation historiquement informée, nous préférons très largement la version de Philippe Herreweghe (2006 - HM). Il nous manque l’essentiel, le souffle de l’esprit. Cette symphonie est une survivance du romantisme mais aussi une vue sur l'éternité. Ici le rideau de Dieu est fermé ! La dimension « cathédralesque » qui est la marque de fabrique de Bruckner, est aussi défaillante. Cela nuit au contraste entre la splendeur des cuivres et la complexité de passages plus intimistes ou plus calmes.

Esprit es-tu là ? Apparemment non ! Pour ceux qui veulent une version cérébrale et spirituelle, Herreweghe s’impose sinon Celibidache pour l’éloge de la lenteur ou bien Böhm, Jochum feront merveille !

Son : 10 – Livret : 9 - Répertoire : 10 – Interprétation : 7

Bertrand Balmitgère

Parution digitale : 30/08 - Parution physique : 13/09

Chronique réalisée sur base de l'édition digitale

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