Une interprétation magistrale de la Tempête de Jean Sibelius 

par

Jean Sibelius (1865-1957) : La Tempête, musique de scène d’après Shakespeare pour solistes, choeur et orchestre. Hanne Fischer, Ariel ; Kari Dahl Nielsen, Juno ; Fredrik Bjellsäter, Stephano ; Palle Knudsen, Caliban ; Nicolai Elsberg, Trinculo. The Royal Danish Opera Chorus, The Royal Danish Orchestra, direction : Okko Kamu. 2022. Livret en anglais et danois Texte chanté en danois, traduction en anglais. 64’50’’. Naxos. 8.574419. 

Dans l'œuvre de Jean Sibelius, la musique de scène pour La Tempête au une aura presque mythique. Une partition dont les sibeliens dévoués parlent avec admiration mais que l’on entend peu au concert et au disque. 

Si les suites tirées de cette pièce sont relativement bien représentées dans la discographie, il fallut attendre 1992 pour qu’un premier enregistrement intégral de cette musique de scène soit réalisé sous la direction de l’excellent Osmo Vänskä avec son orchestre de Lahti (Bis). Ce nouvel enregistrement capté en concert à Copenhague est seulement le second de cette version complète, mais le premier en langue danoise, qui fut celle de la création. Si Sibelius est naturellement lié au monde nordique, il était très populaire au Danemark. 

En 1924, il vient de triompher dans la capitale danoise en dirigeant sa Symphonie n°7. C’est dans ce contexte que le Théâtre Royal de Copenhague et l’éditeur Wilhelm Hansen lui commandèrent  une œuvre majeure : la musique de scène de la pièce La Tempête de Shakespeare. Le compositeur fut enchanté et il accepta la commande. La partition fut donnée à Copenhague en 1926 avant d’être reprise en 1927, au Théâtre National Finlandais dans une version en finnois à laquelle Sibelius ajouta un court Epilogue. 

L’écriture du compositeur se fait plus abstraite et plus économe des effets mais elle peint toujours avec justesse et subtilité les émotions au long des 35 numéros de cette musique de scène. Okko Kamu, maître dans ce domaine sibelien, est un peintre attentif soignant les lignes mélodiques et les détails d’une orchestration dont il fait ressortir la beauté froide d’une palette de couleurs très contrôlées mais puissante dans sa force de suggestion. La présence des parties vocales et chorales rendent justice à la puissance de cette oeuvre exigeante mais originale. Les chanteurs et les chœurs de l’Opéra national danois sont engagés et concentrés pour faire briller les facettes de ce diamant musical. 

Okko Kamu livre ici un accomplissement sibérien, une nouvelle réussite majeure dans une discographie dévouée au grand compositeur finlandais.

Son : 8  Notice : 9  Répertoire : 10  Interprétation : 10

Pierre-Jean Tribot

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