Van Cliburn, le texan qui a conquis la Russie

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Van Cliburn. An American wins in Russia.  Concertos de Beethoven (n°5), de Brahms (n°2), de MacDowell (n°2), de Prokofiev (n°3), de Rachmaninov (n°2 et n°3), de Schumann, de Tchaïkovski (n°1), Sonates de Beethoven (n°23 "appassionata"), de Liszt, de Mozart (K. 330), de Prokofiev (n°6), pièces de Chopin (ballade n°3, fantaisie en fa mineur, nocturne op. 62,1, polonaise op. 63, scherzo n°3, études op. 10 n°3 et 12, op. 25 n°5 et 11, valse op. 64,2) et de Liszt (Liebestraum, rhapsodie hongroise n°12). Orchestres divers : Moscow Philharmonic Symphony Orchestra, Kyrill Kondrashin - Symphony of the Air, Kyrill Kondrashin - Chicago Symphony Orchestra, Fritz Reiner ou Walter Hendl - RCA Symphony Orchestra, Kyrill Kondrashin .2018 - ADD* - 9h 44' -Texte de présentation (plus que réduit) en allemand et anglais - 10 CD Profil Hänssler PH18080

Avec les différents coffrets consacrés à d'importants musiciens qu'elle nous offre, le label Hänssler nous gâte ; après celui consacré à Shura Cherkassky (1909-1995), voici celui consacré à l'immense pianiste américain Van Cliburn (1934-2013). De son vrai nom Harvey Lavan Cliburn, il réussissait la prouesse d'être l'Américain qui a remporté le premier concours Tchaïkovski en avril 1958. Quand on sait que ce concours avait été créé pour montrer la supériorité culturelle soviétique après leur spectaculaire avance technologique concrétisée par le lancement de spoutnik, le premier satellite artificiel, il avait fallu l'autorisation spéciale de Khrouchtchev pour qu'un Américain puisse être proclamé premier prix. Van Cliburn connaissait brutalement une telle célébrité qu'il fit la première page du Time quelques semaines plus tard, en mai 1958. Le palmarès du quadriennal "Tchaïkovski" s'enrichirait ensuite d'autres noms prestigieux, principalement russes : Vladimir Ashkenasy et John Ogdon (1962), Grigory Sokolov (1966), Andrei Gavrilov (1974), Mikhail Pletnev (1978), Boris Berezovsky (1990), Daniil Trifonov (2011),...

Le sous-titre du coffret : An American wins in Russia -un Américain gagne en Russie- résume cet épisode avec ces enregistrements de 1958 à 1962 ; mais n'extrapolons pas, si quelques-uns ont été faits en Russie, leur majorité est américaine et réalisée dans la foulée du succès moscovite. C'est la grande période du pianiste, celle où sa technique fulgurante lui permettait d'aborder n'importe quel répertoire avec un phrasé chantant et une sonorité riche, sensuelle, jamais percussive. Formé par Rosa Lhevinne à la Julliard School, le jeune Van Cliburn se classe alors dans la grande tradition des pianistes romantiques. Dans les années 1970, son jeu se dégradera et il quittera la scène en 1978, probablement lassé d'être toujours engagé pour rabâcher les mêmes 1er concerto de Tchaïkovski et 3e de Rachmaninov ; il ne fera plus que des apparitions épisodiques. Plusieurs concertos (Tchaïkovski, Rachmaninov, Brahms, Schumann, Beethoven, Prokofiev, MacDowell) repris ici avaient déjà été réédités avec d'autres par Sony Classical en 2013. C'est dire tout l'intérêt de ce coffret Hänssler Profil à prix réduit qui nous rappelle, avec des interprétations somptueuses, combien Van Cliburn fut un prodige du piano. Svatoslav Richter le considérait comme un génie ! En conclusion, un must dont tout pianiste aurait tort de se priver et que les nostalgiques des LPs de la fin des années 50 retrouveront avec le plus grand plaisir.

Son variable (reports de qualité bonne à très bonne) – Livret 5 – Répertoire 10 – Interprétation 10

* Chaque CD porte la mention DDD, une impossibilité technologique à la fin des années 1950.

Jean-Marie André

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