Voyages symphoniques avec le Belgian National Orchestra et Michael Schønwandt

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Pour ce concert d’abonnement, le Belgian National Orchestra se présentait sous la direction de Michael Schønwandt, l‘un de ses trois chefs invités permanents. Explorateur infatigable des répertoires, le chef danois propose une expérience symphonique avec 2 raretés : l’ouverture Dans le royaume de la nature d’Antonín Dvořák et la Symphony n°3  "Espansiva" de Carl Nielsen. Ces deux partitions encadraient le célèbre Concerto pour violon de Sibelius. 

Dès les premières mesures de la partition de Antonín Dvořák, le talent d'orchestrateur magistral du compositeur nous plonge dans une poésie sonore évocatrice des teintes changeantes des paysages. La direction de Michael Schønwandt déploie le geste interprétatif idoine avec ce qu’il faut d’ampleur et de soin aux phrasés. Les pupitres du Belgian National Orchestra proposent de belles couleurs, en particulier des vents fruités et riches en nuances, dans cette partition exigeante qui mobilise tous les pupitres.  

Malheureusement souffrant, Christian Tetzlaff a dû annuler sa venue à Bruxelles. Il est remplacé par Stephen Waarts, lauréat du Reine Elisabeth 2015. La tâche est ardue pour le jeune homme qui doit suppléer à l’un des plus grands violonistes de notre temps, et l’un de ceux qui a revisité l’interprétation de cette partition rabâchée. Techniquement,  Stephen Waarts est indubitablement brillant et se joue de toutes les difficultés, prenant même des risques. Cependant, on regrette un manque d’unité stylistique et une lecture solide mais encore assez peu personnelle. Le BNO rompu aux accompagnants des finalistes du Concours Reine Elisabeth, connaît les moindres recoins de cette partition et livre un accompagnement exemplaire sous la baguette d’un chef qui met en avant de superbes lumières et des détails instrumentaux intéressants tout en soignant les dynamiques ; saluons encore les pupitres de vents et leur superbe palette de nuances. Le public adore et acclame le jeune homme qui a la courtoisie de proposer une œuvre d'Ysaÿe, clin d'œil national apprécié. 

La Symphonie n°3 de Nielsen n’est pas la plus programmée du corpus des 6 symphonies du Danois. Intégraliste de ce cycle pour le label Da Capo, Michael Schønwandt est particulièrement à son affaire. Sa direction galvanise et libère les énergies d’un Belgian National Orchestra qui sonne avec une ampleur et une plastique sonore digne d’éloges. Le chef combine une lecture attentive tant aux détails qu’au soin apporté aux thèmes musicaux ciselés avec dévotion. La partition prévoit deux solistes vocaux qui accompagnent le second mouvement, c’est une occasion de mettre à l'affiche deux jeunes talents brillants : la soprano Ecem Topçu et le baryton Marcus Dawson. Le public est enthousiasmé et applaudit longuement le chef et les musiciens. 

C'était une soirée passionnante portée par un orchestre enchanté de travailler avec son chef invité privilégié. Saluons l’originalité de ce programme qui aura attiré un public nombreux et enthousiaste devant ces découvertes symphoniques de partitions trop rarement à l’affiche. On espère que le BNO poursuivra l’exploration des symphonies de Nielsen.  

Bruxelles, Bozar, 24 novembre 2023

Pierre-Jean Tribot

Crédits photographiques : Hans Van Der Woerd

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