Le gala 2019 des International Classical Music Awards à Lucerne

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Après Katowice en 2018, les International Music Awards étaient accueillis par le Luzerner Sinfonieorchester et son Intendant Numa Bischof Ullmann dans la salle -désormais iconique- du KKL, bien connue des mélomanes du monde entier car elle héberge le prestigieux Festival de Lucerne. Une partie des lauréats des ICMA 2019 se sont produits aux côtés de la phalange helvétique dirigée pour cette soirée par le maestro Lawrence Foster que l’on sait très à son aise dans cet exercice assez particulier.

Différents moments forts sont venus au fur et à mesure de cette soirée à commencer par la prestation des jeunes artistes lauréats qu’il est émouvant de voir s’affirmer aux côtés des grandes stars du milieu musical : le formidable bassoniste croate Matko Smolcic dans deux mouvements du Concerto de Weber, la pianiste Eva Gevorgyan dans le dernier mouvement du Concerto n°2 de Saint-Saëns ou le violoniste Stephen Waarts dans la Carmen Fantaisie de Pablo de Sarasate. Chez ces jeunes musiciens, on admire la maîtrise, la musicalité et déjà la maturité dans les options interprétatives défendues à l’instar de Stephen Waarts étonnant dans une lecture élégante et même hautement raffinée de la Carmen Fantaisie.

Artiste de l’année, Javier Perianes fit forte impression dans une puissante lecture du premier mouvement du Concerto pour piano d’Edvard Grieg. Prix pour l‘ensemble de sa carrière, Nelson Freire livra une lecture suspendue dans le temps de la Barcarolle op. 60 de Chopin. Seul moment de musique de chambre de ce gala, les Märchenbilder de Schumann avec Tabea Zimmermann à l’alto et Dénes Várjon au piano étaient marquées par cette apesanteur, ce temps presque à l’arrêt qui marque les grands moments de musique que l’on aimerait sans fin. Le dialogue musical était au coeur de la lecture du dernier mouvement du Double concerto de Brahms avec Chouchane Siranossian au violon et Christoph Heesch au violoncelle.

Le grand chef Leif Segerstam montait ensuite au pupitre pour honorer Sibelius avec une Valse triste absolument magistrale. Cette musique, rabattue et archi-connue, était ici une expérience unique par la gestique fascinante du chef et sa capacité à créer un climat éthéré qui sied à ce petit chef d’oeuvre. Un moment d’anthologie !

Tout au long de ce concert, il fallait noter la qualité du Luzerner Sinfonieorchester, sa flexibilité et son adaptabilité, sous la baguette expérimentée de Lawrence Foster qui aime particulièrement accompagner des solistes. Les quelques extraits de la Suite de l’Arlésienne de Bizet, placés entre les différentes interventions des solistes, montraient l’efficacité du tandem chef/orchestre.

En prélude à ce concert, Remy Franck, Président du jury des International Classical Music Awards, a présidé la traditionnelle cérémonie de remise des prix. Cette dernière était ponctuée par des intermèdes musicaux : deux extraits de la Sonatine pour hautbois et basson de Pierre Gabaye par deux membres du Luzerner Sinfonieorchester : Zofia Neugebauer à la flûte et Andrea Cellacchi au basson. On retrouva également le jeune talent Philipp Schupelius de l’Internationale Musikakademie in Liechtenstein dans la Sonate pour violoncelle seul de György Ligeti (1923-2006).

Les International Classical Music Awards vous donnent rendez-vous l’année prochaine à Séville avec Real Orquesta Sinfónica de Sevilla sous la baguette de John Axelrod.

Lucerne, KKL, 10 mai 2019

Crédits photographiques :  Ingo Höhn

Pierre-Jean Tribot

 

 

 

          

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