Mots-clé : Christian Tetzlaff

Unsuk Chin, portrait à la berlinoise 

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Unsuk Chin (née en 1961) : Concerto pour violon n°1, Concerto pour violoncelle, Le Silence des sirènes,  Rocaná, Chorós Chordón, Concerto pour piano. Christian Tetzlaff, violon ; Alban Gerhardt, violoncelle ; Sunwook Kim, piano ; Barbara Hannigan, soprano ; Berliner Philharmoniker, direction : Myung-Whun Chung, Daniel Harding, Sakari Oramo, Sir Simon Rattle. 2005-2022. Livret en anglais et allemand. 1 coffret BPHR 230411 

Voyages symphoniques avec le Belgian National Orchestra et Michael Schønwandt

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Pour ce concert d’abonnement, le Belgian National Orchestra se présentait sous la direction de Michael Schønwandt, l‘un de ses trois chefs invités permanents. Explorateur infatigable des répertoires, le chef danois propose une expérience symphonique avec 2 raretés : l’ouverture Dans le royaume de la nature d’Antonín Dvořák et la Symphony n°3  "Espansiva" de Carl Nielsen. Ces deux partitions encadraient le célèbre Concerto pour violon de Sibelius. 

Dès les premières mesures de la partition de Antonín Dvořák, le talent d'orchestrateur magistral du compositeur nous plonge dans une poésie sonore évocatrice des teintes changeantes des paysages. La direction de Michael Schønwandt déploie le geste interprétatif idoine avec ce qu’il faut d’ampleur et de soin aux phrasés. Les pupitres du Belgian National Orchestra proposent de belles couleurs, en particulier des vents fruités et riches en nuances, dans cette partition exigeante qui mobilise tous les pupitres.  

Malheureusement souffrant, Christian Tetzlaff a dû annuler sa venue à Bruxelles. Il est remplacé par Stephen Waarts, lauréat du Reine Elisabeth 2015. La tâche est ardue pour le jeune homme qui doit suppléer à l’un des plus grands violonistes de notre temps, et l’un de ceux qui a revisité l’interprétation de cette partition rabâchée. Techniquement,  Stephen Waarts est indubitablement brillant et se joue de toutes les difficultés, prenant même des risques. Cependant, on regrette un manque d’unité stylistique et une lecture solide mais encore assez peu personnelle. Le BNO rompu aux accompagnants des finalistes du Concours Reine Elisabeth, connaît les moindres recoins de cette partition et livre un accompagnement exemplaire sous la baguette d’un chef qui met en avant de superbes lumières et des détails instrumentaux intéressants tout en soignant les dynamiques ; saluons encore les pupitres de vents et leur superbe palette de nuances. Le public adore et acclame le jeune homme qui a la courtoisie de proposer une œuvre d'Ysaÿe, clin d'œil national apprécié. 

À la mémoire de Lars Vogt, le vibrant hommage amical de Christian Tetzlaff et de sa sœur Tanja

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Johannes Brahms (1833-1897) : Double Concerto pour violon, violoncelle et orchestre en la mineur op. 102. Giovanni Battista Viotti (1755-1824) : Concerto pour violon et orchestre en la mineur n° 22. Antonín Dvořák (1841-1904) : Waldesruhe pour violoncelle et orchestre op. 68 n° 5. Christian Tetzlaff, violon ; Tanja Tetzlaff, violoncelle ; Deutsches Symphonie-Orchester Berlin, direction Paavo Järvi. 2022. Notice en anglais et en allemand. 60.43. Ondine ODE 1423-2.

Un Nord plus lumineux que brumeux avec Christian Tetzlaff, l’OCP et Lars Vogt

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Le concert nous est présenté sous le titre « Lumières du Nord », qui se justifie par les origines des œuvres jouées : l’Écosse pour Mendelssohn, la Finlande pour Sibelius, la Bohême pour Dvořák et les Alpes autrichiennes pour Brahms. Si l’idée est plutôt attrayante a priori, elle devient de plus en plus séduisante au fil du concert.

Une ouverture pour commencer un concert est le plus souvent appropriée. Les Hébrides de Mendelssohn est idéale ici. Sous la direction de Lars Vogt, le début est joliment rêveur. Si les cuivres sont parfois à la limite d’être trop présents dans les passages forte, le parti pris est du côté de la sensibilité et de l’introversion. Les musiciens prennent même des risques dans les ralentis et les nuances pianissimo (solo de clarinette, vers la fin) ; mais cette fragilité est convaincante. Dans toute cette ouverture, la sonorité de l’Orchestre de Chambre de Paris est admirablement ensoleillée. 

François-Frédéric Guy : Mon rêve est que Beethoven soit toujours dans nos cœurs !

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Le pianiste français François-Frédéric Guy est incontestablement l’un des plus grands beethovéniens actuels. Le projet de l’intégrale des sonates avec des jeunes pianistes, initialement prévu en mars dernier, voit enfin le jour ce week-end à Paris. Le musicien nous a parlé de sa passion pour le maître de Bonn.

Vous avez donné l’intégrale des sonates de Beethoven en novembre dernier au Japon et les cinq concertos de Beethoven en janvier de cette année à Paris avec l’Orchestre de Chambre de Paris. Pourriez-vous parler de ces deux séries ?

L’intégrale des 32 sonates au Japon était pour moi un événement très important. D’abord, c’était la dixième fois que je jouais ce cycle. C’était donc une sorte d’anniversaire d’un projet fou que j’ai fêté à Tokyo – Vous savez, j’ai un amour inconditionnel pour le Japon ! J’ai eu une chance inouïe d’avoir pu réaliser cette série de neuf concerts dans la magnifique salle de Musashino Civic Cultural Hall, d’autant que le public était enthousiaste. Tous les concerts étaient complets. Et après chaque concert, dédicace de disques pendant des heures, un rituel typiquement japonais… Il y a eu une standing ovation tout à la fin, au dernier concert, les auditeurs étaient emportés, déchaînés, ils poussaient des cris, comme dans un concert de rock ! Pour ma part, je n’ai jamais vu ça au Japon ! Les Japonais sont d’habitude très calmes et très disciplinés, même quand ils aiment, ils gardent une distance, ils sont réservés, par politesse aussi, peut-être. Mais là, c’était… merveilleux. Vraiment merveilleux.

Ensuite, à Paris, nous avons également eu un grand succès avec l’Orchestre de Chambre de Paris, au théâtre des Champs-Élysées, pour les cinq concertos en une soirée que nous avons joués à guichets fermés. Nous avons d’abord donné un premier concert, suivi d’une pause longue pendant laquelle les gens pouvaient dîner, moi aussi d’ailleurs ! Puis, un autre concert et après 20 minutes de pause, enfin le Cinquième Concerto. C’était un grand voyage exceptionnel. Je suis depuis trois ans un artiste associé à l’Orchestre de Chambre de Paris et nous avons construit beaucoup de projets originaux ensemble. Nous avons joué plusieurs concerts à Paris, dont beaucoup en jouer-diriger. J’ai fait mes débuts en tant que chef d’orchestre avec eux à Paris avec la Cinquième Symphonie de Beethoven, en 2018, en première partie le Triple Concerto dirigé du piano. Un moment inoubliable pour moi !

« Je ne conçois pas une intégrale comme un marathon,
mais comme un grand voyage »

L’idée de donner l’intégrale des concertos ou des sonates en un temps court n’est pas de faire un marathon, mais plutôt celle d’un voyage. Offrir au public une occasion d’entendre ces œuvres dans la continuité et de suivre son évolution, depuis des compositions de jeunesse qui imitent encore Mozart pour arriver, en ce qui concerne les sonates, à la maturité, à ces dynamites beethovéniennes, à l’explosion du style classique.
Pour les sonates qui sont échelonnées sur toute sa vie, je les considère comme une autobiographie.

Beethoven sans chef... mais non sans direction !

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Pour ce concert, les musiciens de la Deutsche Kammerphilharmonie de Brême étaient dirigés, si l’on peut dire, par Florian Donderer, son premier violon solo depuis 1999. Si l’on peut dire, car en réalité, il intervient très peu. Il s’agissait plutôt de musique de chambre à grande échelle.  Au programme, actualité oblige, Beethoven. Le Concerto pour violon, avec Christian Tetzlaff, et la Septième Symphonie.

Tetzlaff joue le Concerto de Beethoven depuis qu’il a quatorze ans. Cela fait donc presque quarante ans. Fait assez exceptionnel, il l’a déjà enregistré trois fois : en 1994, en 2005 et en 2018. À noter que c’est également le cas pour les Sonates et Partitas pour violon seul de Bach (là, il est même le seul). Et il a encore de nombreuses années de carrière devant lui ! Depuis son premier concert avec cette œuvre, en 1981, il joue des cadences qu’il a lui-même remaniées, d’après celles que Beethoven avaient composées pour sa version pour piano de ce concerto, et dans laquelle il avait prévu une partie de timbales, instrument tellement important dans ce concerto. En 2009, Tetzlaff a publié ces cadences. À part quelques rares passages où l’écriture du piano se prêtait assez mal à une adaptation au violon, le violoniste est resté très proche du compositeur. Et puis, il faut bien avouer que, par moments, Beethoven se laisse aller à un certain bavardage. Quand on connaît sa réputation d’improvisateur, on se dit que l’effet devait être saisissant en concert. Mais, fixé à l’avance, cela peut diluer quelque peu le propos, et ce léger resserrage de Tetzlaff permet de gagner en intensité. Dans la notice de la partition, il demande des baguettes particulièrement sèches. C’est un souhait qu’il a dû émettre au fil des années, car il n’est pas pris en compte dans son premier enregistrement.

Dvorák transfiguré

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Antonín Dvorák (1841-1904) : Op. 65 et N° 4 en mi mineur « Dumky », Op. 90. Christian Tetzlaff (violon),Tanja Tetzlaff (violoncelle), Lars Vogt (piano). Ondine ODE 1316-2 -DDD-2018- 72’56- Textes de présentation en anglais et allemand.