Brahms par temps calme 

par

Johannes Brahms (1833-197) : intégrale des symphonies. Wiener Symphoniker, Philippe Jordan. 2019. Livret en anglais et allemand. 1 coffret de 4 CD Wiener Symphoniker, WS021. 

Alors qu’il attaque sa dernière saison au poste de Directeur musical des Wiener Symphoniker, Philippe Jordan publie une intégrale des symphonies enregistrées en concert, pour le label de l’orchestre, dans le cadre si inspirant et chargé d’Histoire de la grande salle du Musikverein de Vienne.

Au cours de son mandat, amorcé en 2014, Philippe Jordan aura exploré le grand répertoire avec des oeuvres emblématiques de Schubert, Tchaïkovski, Berlioz et une belle intégrale des symphonies de Beethoven. A travers ces explorations musicales, Jordan a imposé une vision cohérente : alléger la matière orchestrale et travailler au plus près du texte musical. Dès lors, contrastes, nuances, équilibres et transparences sont les piliers de ces lectures et de cette nouvelle intégrale des quatre symphonies de Brahms. 

On admire le travail sur la plastique de l’orchestre et la science des alliages orchestraux, mais il manque à ces lectures un influx nerveux. Comme si l’analyse au scalpel du texte musical se faisait au détriment de la dramaturgie musicale. La splendide machine orchestrale que sont les Wiener Symphoniker tourne à vide, en dépit de la fluidité dans la gestion intelligente des tempi qui évite l'enlisement, même si on est aux limites du décrochage. Le premier mouvement de la symphonie n°4 est à ce titre révélateur des limites de cette ambition, surjouant les contrastes dans une optique très chambriste des échanges entre les pupitres de vents. Certes, c’est très bien analysé et cerné, mais les carences en dramatisme sont trop rédhibitoires. 

Dès lors, cette intégrale ultra intellectuelle et conceptuelle est une déception. D’autres chefs comme Charles Mackerras (Telarc) ou Thomas Dausgaard (Bis) ont été plus radicaux mais plus pertinent dans le questionnement du geste brahmsien ne perdant pas de vue la dramaturgie de ces partitions. 

Les références brahmsiennes restent nombreuses et on recommandera même la somme trop oubliée laissée par Antal Dorati (Mercury), un modèle d’intellect et de théâtre. 

Notons que la prise de son de concert a tendance à aplanir les dynamiques de l’orchestre. La notice de présentation qui présente la vision interprétative de Philippe Jordan est par contre excellente. 

Son : 8 Livret : 10 Répertoire : 10 Interprétation :7 

Pierre-Jean Tribot

 

 

 

 

 

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