Beethoven par Philippe Jordan, le derby viennois 

par

Ludwig van Beethoven (1770-1827) : intégrale des symphonies Anja Kampe, soprano ; Daniela Sindram, mezzo-soprano ; Burkhard Fritz, ténor ; René Pape, basse. Wiener Singverein, Johann Prinz ; Wiener Symphoniker, Philippe Jordan. 2017-livret en anglais et allemand. 1 coffret de 5 CD Wiener Symphoniker. WS018

Amusant coïncidence des calendriers, les deux principaux orchestres viennois sortent des intégrales des symphonies de Beethoven en même temps ! Du côté du Philharmonique, on avait été très déçus par l’intégrale bruyante et peu subtile d’Andris Nelsons. Du côté du Symphonique de Vienne, Philippe Jordan séduit par la côté pragmatique et efficace de son approche. Cette intégrale a été enregistrée en concert au printemps 2017 et on sent le travail à long terme et la maturation de la vision. Les commentateurs noteront qu’il ne s’agit pas de la première intégrale du chef suisse qui nous avait gratifiés d’une excellente gravure captée en vidéo à la tête de l‘Orchestre de l’Opéra de Paris. À seulement 45 ans, le chef est sans aucun doute le seul contemporain à avoir laissé, si jeune, deux témoignages de cette somme !  

À Vienne, on est séduit par le mélange de classicisme et de clarté d’une vision assez tonique qui se sacrifie ni l’élan, ni la puissance. Le travail sur les dynamiques est des plus satisfaisants et il rend toutes les facettes du geste révolutionnaire beethovénien. Mais à la différence d’Andris Nelsons et du Philharmonique, Philippe Jordan conserve une masse sonore souple qui lui permet de garder ce geste altier et conquérant qui caractérise sa démarche. Autre atout : l’absence de points faibles ! En effet, aucune des symphonies ne se démarque par une carence passagère et toutes sont des plus enthousiasmantes, y compris la Symphonie n°9 conclusive qui propose l’un des plus beaux “adagio molto e cantabile - Andante moderato” entendu. L’Orchestre Symphonique de Vienne se montre sous son meilleur jour ! Même si les timbres ne sont pas les plus soyeux, il les compense par son homogénéité et sa force collective. 

Certes, nous ne sommes même pas à l’aurore de l’année Beethoven et d’autres intégrales vont compléter la riche discographie, mais cette proposition autrichienne est une très belle réussite. On est même loin devant les autres essais viennois de Simon Rattle (Warner), Christian Thielemann (Sony) et Andris Nelsons (DGG). 

Son : 10 - Livret : 9 - Répertoire : 10 - Interprétation : 10

Pierre-Jean Tribot

 

   

 

  

 

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