Confrontations ambitieuses par Elsa Dreisig

par

MIROIR (S)Opera Arias. Elsa DREISIG, soprano. Orchestre National de Montpellier Occitanie. Michael SCHÖNWANDT, dir. 2018- 70.22 -livret en français, anglais, allemand-textes en allemand, anglais, français- chanté en français et italien- ERATO 01902956341131

C’est un joli disque, primé aux International Classical Music Awards, que proposent la soprano Elsa Dreisig et Michael Schönwandt à la tête de l’Orchestre National de Montpellier. D’abord par l’organisation du programme qui, deux par deux, met en résonances psychologiques de grands personnages opératiques à un moment crucial de leur évolution : ainsi des tragiques inquiétudes de Marguerite (du Faust de Gounod « Ah que je ris de me voir si belle en ce miroir ») ou de Thaïs de Massenet (devant son miroir « Dis moi que je suis belle »). Ainsi encore de Rosina « Una voce poco fa » versus « Porgi amor » des Nozze de Mozart. A ces best-sellers du chant classique, ajoutez deux superbes confessions – l’une tirée de Romeo et Juliette de Daniel Steibelt (1765-1823) auteur peu connu mais agréablement ressuscité ici et dont l’air « Un pouvoir inconnu m’entraîne » (1ère au disque) s’oppose, avec beaucoup de grâce et de vérité, au cri de la même Juliette « Amour, ranime mon courage » de Gounod. Il n’est pas (index 9 et 10) jusqu’à l’opposition Massenet / Richard Strauss qui ne fasse ressortir les constantes d’un art du chant et de l’esthétique nationale éclatant au grand jour dans l’ultime confrontation de Salomé.. Tout au long de cet exercice de style -qui reste un peu artificiel- le timbre ravissant, le tempérament robuste (excellente incarnation de Rosine et de Salomé) d’Elsa Dreisig font impression. Néanmoins, l’aigu parfois un peu dur (« Eternelle… ment » de Thaïs, ou celui de Rosine) et la prise de son très réverbérée révèlent des limites qu’il lui appartiendra d’approfondir. L’orchestre semble plus à l’aise chez Richard Strauss que chez Mozart, Gounod, Massenet et Rossini. Quant au monologue final de Salomé « Ah ! Tu n’as pas voulu… » dans le texte français original d’Oscar Wilde, il apparaît toujours aussi sulfureux aujourd’hui.

Bénédicte Palaux Simonnet

Son 9 – Livret 10 – Répertoire 10 – Interprétation 10

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