Femmes compositrices du XIXe siècle : Clara Wieck (Schumann)

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Les « Histoires de la Musique » contemporaines ne citent pas ou très peu de femmes compositrices en général et, en particulier, du XIXe siècle. Devenaient musiciennes, les jeunes filles issues de familles aisées ou de familles de musiciens. Dans le premier cas, la jeune fille ne faisait pas usage de ses talents hors du cercle familial. C’était un moyen d’améliorer ses perspectives de mariage. Dans le second cas, la pratique professionnelle était plus facilement acceptée, mais comme interprète plutôt que comme compositrice.

Une des constantes est le rôle prépondérant du père dans leur éducation musicale, soit comme incitateur et soutien…momentané, soit comme pédagogue. 

Clara Wieck (Leipzig,1819 - Frankfurt am Main, 1896) 

Allons à la rencontre de Clara Wieck, plus connue comme Clara Schumann, du nom de son époux, le compositeur Robert Schumann.

En 1838 « Clara Wieck und Beethoven », un poème de Franz Grillparzer, poète dramatique en vue, est publié dans la prestigieuse revue Wiener Zeitschrift für Kunst, Literatur, Theater und Music. La jeune pianiste de 18 ans a encore une fois enthousiasmé le public viennois, la noblesse et la famille impériale autrichienne. Elle serait même élevée au titre de « Paganini du piano » !

Comment en est-elle arrivée là et quel sera son destin ?

Son père Friedrich Wieck (1785-1873) et sa mère Marianne Tromlitz-Wieck puis Tromlitz-Bargiel (1797-1872) étaient des musiciens très doués. 

Friedrich, profondément attiré par la musique, est le plus jeune fils d’un commerçant peu intéressé par cet art. Ses études de théologie terminées, il devient précepteur dans de riches familles aristocratiques et l’ami d’un professeur de musique, Adolph Bargiel. Sa formation musicale assez chaotique l’amène à acquérir suffisamment de théorie pour composer et assez de technique pour enseigner le piano et le chant. Très intelligent, volontaire et ambitieux, il se forme à la psychologie de l’éducation et acquiert une technique nouvelle qu’il applique avec fruit à ses élèves. A l’âge de 30 ans, il s’établit comme professeur de piano et propriétaire d’un magasin de pianos et de partitions à Leipzig, ville où la musique est souveraine. Il met au point une méthode de piano-forte stricte et exigeante qui porte ses fruits. En 1815, L’Allgemeine musikalische Zeitung le renseigne même comme « le populaire professeur de musique de Leipzig ». En 1816, il épouse Marianne Tromlitz, une de ses élèves célèbres.

Marianne Tromlitz, issue d’une famille de musiciens, a un talent peu commun. Elle devient une excellente soprano et pianiste grâce, entre autres, aux cours dispensés par Friedrich. Au début de son mariage, elle chante chaque semaine à la Gewandhaus Concerts de Leipzig avec beaucoup de succès, ce qui résulte, aux yeux d’un public nullement féministe, de la très grande expertise de son mari. 

Marianne doit continuer à chanter quelles que soient les circonstances. Comme elle devient aussi une pianiste de grand talent, elle est appelée à compléter la formation des élèves de son mari en chant et en piano, malgré ses cinq enfants. Devant aussi assumer en partie les soins du ménage, elle se sent exploitée par un époux terriblement exigeant et insupportable et retourne chez ses parents avec Clara, deuxième enfant du couple (quatre ans et demi) et Viktor (trois mois). L’aînée était décédée et les autres, des garçons, restent avec leur père. Le divorce est prononcé un an plus tard. Selon la loi de la Saxe, les trois premiers enfants « appartiennent » au père dès l’âge de cinq ans et, à cet âge, Clara est enlevée à sa mère. Un peu plus tard, Marianne épouse Adolph Bargiel avec qui elle aura quatre enfants. Ils vont très vite habiter Berlin et Clara verra peu sa mère. Friedrich se remarie avec Clementine Fechner et ils auront 3 enfants.

Clara Wieck 

Dès avant la naissance de Clara, Friedrich a décidé que, si c’est une fille, il en fera une artiste de scène du plus haut rang : à cette époque où les pianistes de concert féminines étaient rares, elle attirerait sur lui l’attention, la gloire et … l’argent. Il serait reconnu comme pédagogue de toute haute gamme et deviendrait le « plus extraordinaire professeur de piano d’Europe ».

Le 13 septembre 1819, naît Clara Josephine. Plus tard, dans son journal, elle écrit :

« Puisqu’à la fois mon père et ma mère étaient fort occupés à enseigner et que, de plus, ma mère devait s’entraîner 1 ou 2 heures par jour, j’ai été élevée par une servante … Elle ne parlait quasiment pas et, jusqu’à mes 4 ans, moi non plus … . Par contre, j’ai été habituée à entendre énormément de musique et mon oreille était plus sensible à la musique qu’à la parole. ».

Peu après son cinquième anniversaire commence la formation musicale destinée à faire d’elle une virtuose. La méthode d’éducation très précise et stricte laisse peu de temps libre à l’enfant. Après les heures de cours de musique et de pratique du piano, de longues promenades mènent toute la famille dans les campagnes : cela fait partie de la « nouvelle pédagogie ». Son père lui fait enseigner uniquement ce qui lui sera utile pour ses futures tournées de concerts partout en Europe : lire, écrire, acquérir des notions de français et d’anglais. A 7 ans, elle passe 3 heures au piano par jour. A 10 ans commencent l’entraînement à la théorie musicale et à la composition. Viennent ensuite le violon, l’orchestration, la voix, le contrepoint, toujours avec d’excellents pédagogues. Elle est l’une des premières pianistes à jouer de mémoire. A 11 ans, elle entre dans la vie professionnelle par un récital en solo à la Leipzig Gewandhaus. On peut lire dans le Leipziger Zeitung que la performance excellente et remarquable de la jeune pianiste, aussi bien dans son jeu que dans sa composition, lui mérita une admiration universelle et lui gagna les applaudissements les plus nourris. 

Mais c’est une fille et les avis sont partagés. Prenons l’exemple de son Concerto en A mineur pour piano et orchestre en 3 parties dont elle orchestra les deux premières, la troisième l’étant par Robert Schumann, et qu’elle interpréta pour la première fois au piano dès ses 16 ans sous la direction de Félix Mendelssohn. Un critique musical rejeta sans ménagement cette œuvre précisant qu’il ne pouvait pas y avoir de critique réelle « puisque nous abordons ici l’œuvre d’une femme ». Un autre note toutefois que « ce concerto est écrit dans un grand style » et précise qu’il apprécie entre autres « l’unité poétique qui gouverne le tout ».

Son père lui concocte des tournées, soigne sa tenue avec grande attention et, à 16 ans, elle est considérée comme une enfant prodige par toute l’Europe. 

Comme c’était la coutume dans les années 1830, il y avait au moins une de ses compositions dans chaque programme. Le compositeur Ludwig Spohr, écrit : « Ses compositions, comme la jeune artiste elle-même, sont parmi les nouveautés les plus remarquables dans le monde de l’art ». Parmi ses admirateurs, on trouve Felix Mendelssohn, Frédéric Chopin, Franz Liszt, Robert Schumann, … et surtout son père qui espère qu’elle pourra un jour émerger comme une importante figure créatrice de la « nouvelle école romantique ». 

Réussir à troquer le nom de Clara Wieck pour celui de Clara Schumann, en épousant Robert Schumann, son unique amour, a été une épreuve très pénible.

Robert Schumann (1810 -1856)

Friedrich, le père de Robert est libraire, romantique et passionné de poésie. Il encourage son fils qui, captivé à 9 ans par le doigté magique du pianiste et compositeur Ignaz Moscheles, veut aussi créer des harmonies féeriques. A 16 ans, Robert est fort marqué par le suicide par noyade de sa sœur aînée Emilie qui présentait des troubles psychiques graves et par la perte de son père bien aimé, frappé de troubles nerveux peu après sa propre naissance. Il commence des études de droit sous l’injonction de sa mère, Jeanne-Christiane Schnabel, confusément romanesque et qui trouve que musiquer n’est pas un métier. A 18 ans, il devient un élève de Friedrich Wieck. Clara en a 9. Deux ans plus tard, il réside dans la propriété de son professeur avec le statut de pensionnaire. Il se prend d’une affection fraternelle pour la petite fille et c’est réciproque. A 11 ans, elle lui dédicace « Quatre polonaises ». Alors qu’il avait auparavant écrit « C’est étonnant qu’il n’y ait aucune compositrice… Les femmes peuvent peut-être être regardées comme l’incarnation gelée et solide de la musique », il change d’avis ! 

Robert n’est pas pleinement satisfait de la pédagogie stricte, imposant le respect rigoureux de « la » règle. Il est perfectionniste, mais surtout très créatif, ce qui n’entre pas dans la méthode pianistique de Wieck, ni dans celle de Heinrich-Ludwig-Egmont Dorn, son professeur d’harmonie. Il hait le conformisme, broyeur de personnalité, et préfère les chimères qui peuplent ses visions. Il prend pour devise un conseil de Goethe : « Toujours chercher, toujours créer, ne jamais se fermer ». A 21 ans, sa technique pianistique est époustouflante et il figure parmi les maîtres rayonnants de l’harmonie. Pourtant il n’est pas satisfait. En cachette, il applique à sa main droite une mécanique qui développerait davantage encore sa virtuosité et il s’exerce sans répit. Avec pour résultat qu’un doigt se raidit définitivement. Il ne sera plus jamais virtuose et retourne chez sa mère. Il a 22 ans. Après une période de perplexité et de désespoir, il se ressaisit, se lance avec bonheur dans la composition, la poésie, et se passionne pour les écrivains romantiques. Il crée une revue musicale, « Neue Zeitschrift für Musik » et s’entoure de collaborateurs, tous professionnels de la musique, dont Wieck. Il les rassemble dans la « Confrérie de David » dont les membres combattent pour « Le Beau », contre les « Philistins » ignares, critiques non professionnels, dont le représentant est … le géant Goliath ! Son état mental est perturbé et préoccupant. Il passe de phases d’exaltation pendant lesquelles il est très inspiré et productif à des phases de dépression qui le laissent accablé de douleur morale et très sombre. On parlerait maintenant de maniaco-dépression. 

Son cœur bat un temps pour la pianiste Ernestine von Fricken mais finalement, Clara s’impose à lui comme son âme sœur. A 16 ans, elle incarne l’idéal auquel aspire Robert. Elle l’aimait déjà. 

Robert et Clara

Robert attend les 18 ans de Clara pour faire officiellement la demande à son père. Celui-ci entre dans une rage folle : Robert allait lui enlever sa chère Clara, son passeport pour la renommée. Car les talents de Clara donnent à son père statut et prestige, des raisons de voyager, de se mêler à des musiciens prestigieux et de fréquenter le monde de la richesse et de la noblesse. Il ne veut pas la perdre ! Il a tant travaillé à la former, à organiser des concerts et il a tant partagé ses tensions d’avant représentations ! Il estime aussi que le mariage et la maternité étoufferont son génie. Profitant jusqu’alors de ce que gagnait Clara, il devrait se priver d’une source de revenus importante. Enfant, il avait connu la pauvreté. Peut-être est-il aussi inquiet de l’état de santé de Robert et, de toute façon, il est furieux qu’il ait gâché ses chances de virtuose. Les deux jeunes ne peuvent plus se voir, Wieck programmant de longues tournées lointaines pour Clara. Ils ne peuvent plus s’écrire : il intercepte la correspondance destinée à Clara et lui interdit le moindre courrier. La surveillance est féroce : il va jusqu’à menacer de tirer à vue sur Schumann s’il venait à prendre contact avec elle ! Une de leurs parades est la transmission de leurs messages par la musique. Finalement, leur amour étant si fort, ils optent pour un dernier recours : Robert adresse par avocat une requête à la Cour d’Appel pour que la justice autorise leur mariage. Clara signe et souffre : « Oui, mon père est malheureux et j’en souffre, mais je n’y peux rien … . S’il nous voit heureux, il le sera aussi, … ». Sa mère les soutient et Clara retrouve l’amour de sa maman. Mais Wieck ne désarme pas. Pour ternir la gloire de sa fille, il envoie des libelles anonymes la dénigrant aux yeux de ceux qui l’engagent. La procédure durera 3 ans pendant lesquelles Clara accumule les tournées, Berlin, Vienne, Paris,… Elle compose et des éditeurs sont en compétition pour avoir l’honneur de publier ses partitions. En 1840, Clara et Robert peuvent enfin se marier. Ils sont heureux mais le mariage met un frein aux concerts et à la composition de Clara. Robert ne supporte pas le moindre bruit quand il travaille. Dans son journal, Clara écrit : « Le diable soit des murs minces… Ma technique pianistique diminue… Je n’ai même pas une petite heure à moi de toute la journée… Je ne peux même pas composer… ». Robert est désolé : « Bien trop souvent, elle doit payer mes chants au prix de l’invisibilité et du silence ». Clara doit aussi tenir le ménage et en 14 ans de vie commune, elle porte huit enfants. Pourtant, elle se produit encore dans des concerts publics, 139 entre 1840 et 1854. Elle essaie encore de composer : « Il n’y a rien de plus grand que la joie de composer quelque chose et alors de l’écouter ». Pourtant, elle doute : « J’ai un jour cru que j’avais du talent, mais j’ai changé d’avis ; une femme ne doit pas souhaiter composer -jamais il n’y en a eu une capable de le faire … . C’est quelque chose avec quoi mon père m’a tentée dans des temps plus anciens mais j’ai vite cessé d’y croire. Puisse Robert toujours créer ; cela doit toujours me rendre heureuse ». Robert quant à lui admire sa musique et l’encourage mais reconnaît : « Elle ne peut pas travailler régulièrement et je suis souvent perturbé en pensant au nombre d’idées profondes perdues parce qu’elle n’a pas le temps de les développer ». Ils finissent par collaborer et publient des œuvres communes. 

La santé mentale de Robert se détériore. Les crises sont plus fréquentes et rien ne les apaise. La famille tente le changement d’environnement et quitte Leipzig pour Dresde en 1843. L’état de Robert ne s’améliore pas et Clara prend de plus en plus de responsabilités. En plus de ses concerts, elle donne des cours de piano. Elle soutient Robert, inspire, copie, transcrit, berce, écoute et admire. Ils partent pour Düsseldorf où Clara trouve une pièce isolée qui lui permet de travailler sans perturber son époux. En 1853, elle offre une de ses compositions à Robert pour son anniversaire. La maladie mentale de celui-ci s’aggrave. Il se sent attiré par les sciences occultes et « voit » monstres et anges. Hormis son dévorant amour pour Clara et pour ses enfants, le monde le déçoit. Il veut se bercer dans « un peu d’au-delà ». Il se jette même dans le Rhin auquel il voue un culte : « Le Rhin ! Ah se fondre en lui parmi ses remous caressants et ses chansons berceuses, prendre pour linceul sa nappe que dore le soleil et qu’argente la lune, quelle mort romantique et merveilleuse ! ». Des bateliers le sauvent. Peu après, il entre, à sa demande, à l’hôpital psychiatrique d’Endenich. Il y restera 2 ans et verra très peu sa femme, sur ordre du médecin. Il y meurt à 46 ans. Son huitième enfant, né après son internement, se nomme Félix en hommage posthume à Félix Mendelssohn. Clara est l’amie et la conseillère de Johannes Brahms qui l’a beaucoup aidée lors des années tragiques. Robert écrivit à son propos : « Il est venu cet élu, au berceau duquel les grâces et les héros semblent avoir veillé ! ». 

Clara doit supporter financièrement sa famille et se déplace beaucoup pour ses tournées : Angleterre, France, Russie, pays nordiques … Elle se consacre surtout à faire rayonner le prestige de Robert et établit une édition complète de ses œuvres. Elle laisse se faner ses dons créatifs. « Je me sens appelée à reproduire des œuvres remarquables, par-dessus tout celles de Robert, aussi longtemps que j’en aurai la force…. La pratique de mon art est une grande partie de moi…, c’est l’air où je respire. ». Seuls les rhumatismes l’arrêteront.

Elle enseigne le piano au Conservatoire de Francfort de 1878 à 1892.

Vers la fin de sa vie, elle devient dure d’oreille. Elle s’éteint 40 ans après la mort de son époux tandis qu’un de ses petits-fils interprète pour elle une œuvre de son grand-père. Quatre de ses enfants étaient morts et un cinquième soigné en asile psychiatrique depuis ses 20 ans.

Elle a composé des lieder, des œuvres pour piano et de la musique de chambre. 

La mémoire de Clara subit des décennies d’oubli injuste. Pourtant, il y a plus d’un siècle, le critique anglais John Alexander Fuller Maitland écrivait : « La liste réduite de ses compositions contient des choses d’une telle profondeur de sentiments, d’une telle puissance réelle, d’une réalisation si élevée qu’aucune référence à la musique allemande ne serait complète sans les citer. ». Depuis, toutes les compositions connues de Clara ont été enregistrées.

Comme celle de Robert, la mémoire de Clara est même honorée par des documents officiels : des timbres et aussi, pour Clara, un billet de banque !

Leurs enfants

Clara et Robert ont eu 8 enfants : Marie (1841-1929), Élise (1843-1928), Julie (1845-1872), 

Emil (1846-1847), Ludwig (1848-1899), Ferdinand (1849-1891), Eugénie (1851-1938),

Felix (1854-1879).

Leurs destins sont particuliers. Marie vivra avec sa mère et deviendra son assistante en tournée et au conservatoire de Frankfurt. Elise, Eugénie et Ferdinand seront pianistes. Elise et Eugénie l’enseigneront et Ferdinand, employé de banque, en jouera comme amateur éclairé. Félix, qui mourra jeune, écrivait des poèmes dont certains seront mis en musique par Johannes Brahms. Ludwig aura, toute sa vie, de graves problèmes de santé et terminera ses jours dans un asile d’aliénés. Julie, de santé fragile, mourra en mettant au monde son troisième enfant.

Seuls Elise, Julie, Ferdinand se marieront et auront des enfants.

Marie supervisera la biographie de sa mère par Berthold Litzmann « Clara Schumann. Ein Künstlerleben. Nach Tagebüchern und Briefen ». 3 volumes, Breitkopf und Härtel, Leipzig 1902-1908. Eugénie écrira ses mémoires « Erinnerungen von Eugenie Schumann » et « Robert Schumann », en souvenir de sa famille.

Correspondance des noms des notes en français et d’autres langues (do…) et en allemand (C…)

Crédits photographiques : Droits réservés

Anne-Marie Polome

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