Haydn : un Jubilé à la florentine avec Zubin Mehta 

par

Franz Joseph Haydn (1732-1809) : Die Schöpfung. Hanna-Elisabeth Müller, soprano ; Maximilian Schmitt, ténor ; Michael Volle, baryton ; Veta Pilipenko, mezzo-soprano. Orchestra e Coro del Maggio Musicale Fiorentino, Zubin Mehta. 2020. Livret en anglais et italien. 110’13. DYNAMIC CDS 7909.02. 

Zubin Mehta dans la Création de Haydn ! Sur le papier, l’affiche peut étonner tant on attache peu le vénérable maestro indien à l’interprétation d’un oratorio de Haydn. Pourtant ce grand virtuose, maître des fresques orchestrales rutilantes, présente ici son troisième enregistrement de cette partition dont il doit être l’un des recordman au disque. En effet, cet album vient après deux autres captations de concert à Tel Aviv avec son cher Philharmonique d’Israël (Helicon Classics) et le Philharmonique de Munich (Münchner Philharmoniker). Le présent concert fut enregistré en novembre 2020 à Florence et il célébrait les 50 ans de la collaboration entre le chef et la phalange italienne. Cet évènement d'importance pour les mélomanes locaux est ainsi édité en CD et en DVD par Dynamic. 

Bien évidemment, l'approche du chef est mesurée et plutôt lente au regard des canons interprétatifs actuels. Le trait est certes épais mais jamais massif et le chef se plaît à livrer une interprétation vagabonde avec un grand soin apporté aux détails, cette Création est presque pastorale et terrienne. Chef lyrique hautement expérimenté, Mehta sait tendre l’arc dramatique pour maintenir une tension théâtrale à cette lecture très hédoniste d’un amoureux de cette musique.

La distribution vocale est dominée par le timbre solaire et la fine musicalité de la soprano Hanna-Elisabeth Müller. Le ténor Maximilian Schmitt est moins à son affaire et le timbre est plus encombré alors que le baryton Michael Volle livre une interprétation juste et probe. Le chœur du Mai Florentin est solide et musical et l’orchestre se plaît à vagabonder sous la direction d’un chef qu’il adore : les bois dialoguent avec la jovialité de leurs timbres fruités.  

Enregistré dans des conditions covid avec espacement sanitaire, ce qui épaissit le trait global, ce concert est un beau moment de musique même si cette lecture attachante se perd dans une discographie d’un niveau vertigineux. La prise de son est assez artificielle, mais on imagine facilement le défi technique des ingénieurs du son pour donner une rigueur à un tel concert espacé en vue de cette parution. 

Son : 8  Notice : 8  Répertoire : 10  Interprétation : 7

Pierre-Jean Tribot  

 

 

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