Hommages à Georges Prêtre chez Warner
Georges Prêtre dirige Poulenc. Francis Poulenc (1899-1963) : œuvres diverses. Solistes, chœurs et orchestres, direction : Georges Prêtre. 1959-1988. Livret en français, anglais et allemand. 7 CD Warner. 5054197 993787.
Warner rend hommage au grand Georges Prêtre avec un petit coffret qui reprend ses enregistrements Poulenc et quelques rééditions numériques de ses gravures iconiques pour la firme française de EMI France, désormais propriété de Warner Classics.
Avec sa collaboration avec Callas, celle avec Françis Poulenc est l’autre association artistique légendaire de la carrière du chef nordiste qui aurait célébré ses 100 ans cette année.
Le jeune chef avait amorcé cette collaboration à l’occasion de la création de la Voix humaine dans la fosse de la Salle Favart avec Denise Duval. Le compositeur était tellement heureux qu’il déclara “tous deux vous êtes tellement moi que c’est comme si je me dédoublais”. L’enregistrement qui en suivit, repris dans ce coffret, est un pilier de l’art de l'interprétation de ce chef d'œuvre unique.
Georges Prêtre fut la cheville ouvrière pour EMI d’enregistrements sous la houlette bienveillante du compositeur mais le coffret pour éviter de doublonner avec une précédente parution Warner “Poulenc, oeuvres complètes” propose un équilibre entre les gravures historiques et les remake du chef tout au long de sa carrière.
On retrouve ainsi les Concertos pour piano (pour piano et pour deux pianos) avec Gabriel Tacchino et Bernard Ringeissen, en 1983, avec l’Orchestre philharmonique de Monte Carlo, un album orchestral avec le jeune Orchestre de Paris en 1968 (Sinfonietta, Suite française, Mariés de la Tour Eiffel) et le diptyque sacré Stabat Mater et Gloria avec l’Orchestre national de France et le Choeur de Radio France enregistré en 1988. L’ensemble n’est en rien une intégrale, plutôt une très large sélection car si on est ravis de retrouver les Biches en version complète avec chœur, on regrette de ne pouvoir entendre que la Suite des Animaux modèles car le maestro n’a hélas pas enregistré l'intégrale du ballet.
Prêtre est évidemment à son affaire par un style énergique et tranchant qui vivifie ces œuvres. On se régale des sonorités très typées des orchestres parisiens d’alors, avec des timbres assez crus et verts, qui renforcent l’ironie et l'humour de ces partitions. Les prises de son EMI France n’ont jamais été des modèles hifistes, il faut passer sur une plastique sonore, elle aussi abrupte. Mais ces gravures sont de belles références malgré quelques déception comme une Barbara Hendricks hors style dans le Stabat Mater et le Gloria.
En numérique et seulement en numérique, Warner remet en ligne l’intégrale des Symphonies de Saint-Saëns et le poème symphonique La jeunesse d’Hercule avec les Wiener symphoniker, un album Marcel Landowski (Symphonies n°1, n°3, n°4 et Concerto pour violon) avec Patrice Fontanarosa et l’Orchestre n national de France mais surtout un magistral album d’Indy avec l’Orchestre philharmonique de Monte-Carlo dans le Poème des rivages et le Diptyque méditérnnéen, un album fauviste, gorgé de lumières méridionales qui fait briller l’art de d‘Indy comme jamais. On aurait aimé que Warner nous rende deux autres gravures : la Symphonie du Nouveau monde avec l’Orchestre de Paris (avec Jean-Claude Malgoire au cor anglais) et la Damnation de Faust avec ce même orchestre de Paris avec Janet Baker, Nicolaï Gedda et Gabriel Bacquier. Du Georges Prêtre, on n'en a jamais assez !
Note globale 9-10