Que la Montagne est…pas mal. Yamada et l’OMPC au pied des sommets Strauss et Mahler.
Richard Strauss (1864-1949) : Eine Alpensinfonie opus 64. Gustav Mahler (1860-1911) : Mouvement « Blumine » de la Symphonie no 1 en ré majeur, dite Titan. Orchestre philharmonique de Monte-Carlo, direction Kazuki Yamada. 2018. Livret en français. 61’40’’. OPMC Classics
« Il n’y a jamais un sommet d’où la vue ne soit pas belle », cette citation de notre Sylvain Tesson national résume parfaitement notre sentiment concernant la prestation de l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo et de son chef Kazuki Yamada dans la Symphonie Alpestre de Richard Strauss qui est le fil rouge du dernier enregistrement en date de la phalange monégasque. Tout est sous contrôle, Yamada prend son temps et détaille chaque solo de cette incroyable partition qui compte parmi nos œuvres favorites. Il y a une sorte de réserve naturelle qui se révèle ici doublée d’une grande netteté. Cette vision est donc empreinte d’une réelle objectivité et d’une grande beauté orchestrale. C’est bien, c’est beau, c’est propre mais il nous manque peut-être l’essentiel, le pittoresque et les sentiments. L’Alpensinfonie n’est pas qu’une balade calme qu’un orage passager vient perturber pendant quelques minutes, c’est un arc-en-ciel d’émotions, on doit en passer par toutes les couleurs ! On ne se dote pas d’une machine à vent, d’un heckelphone, d’aérophones et j’en passe pour sillonner les Vosges un dimanche après-midi de printemps avec papy et mamie après un repas trop généreux. Non, on doit passer du rire aux larmes, de l’exaltation à la fusion, de l’âme et du muscle ! C’est une œuvre totale et si humaine qui, comme la montagne, ne pardonne pas la moindre faiblesse, il faut tout donner. Vous l’avez compris, si nous trouvons l’OPMC vaillant et esthétiquement au rendez-vous, nous resterons fidèles à l’ensorcelante version d’Haitink (Concertgebouw/Philipps) et à l’héroïque témoignage d’Evgueni Mravinski (Leningrad/Melodiya).
En complément de cet album, nous retrouvons le mouvement Blumine (fleurettes) qui devait faire partie de la Symphonie no 1 en ré majeur, dite Titan de Gustav Mahler. Définitivement écartée par le compositeur, Blumine est depuis tombée dans les oubliettes du répertoire mahlérien et on peut facilement le comprendre. C’est gentil comme musique, presque naïf par moment… une sorte de Pete Best symphonique avant l’arrivée de Ringo Starr au sein des Beatles mais rien n’y fait, on préfère la version actuelle ! Difficile donc pour l’OPMC de briller dans ces conditions. Tout au plus Yamada et ses troupes font le « job » avec application et souci du détail et c’est déjà beaucoup.
Son : 9 – Répertoire : 10 – Interprétation : 7
Bertrand Balmitgere