Hommage au pianiste Peter Serkin 

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Le pianiste Peter Serkin est décédé à l‘âge de 72 ans. Issu d’une lignée musicale qui aurait pu être intimidante, ce musicien exigeant a su bâtir une carrière sans concession en marge du star system. Crescendo dresse un portrait de ce musicien attachant et indispensable. 

Peter Serkin naît en 1947 à New York. Son père n’est autre que le pianiste Peter Serkin et sa mère Irène est la fille du violoniste Adolf Busch. Son oncle est le grand chef d’orchestre Fritz Busch. Il intègre à l’âge de 11 ans, le Curtis Institute de Philadelphie, où il étudie avec son père mais également avec des grands noms comme le pianiste Mieczyslaw Horszowski. En 1959, il est invité à se produire au Festival de musique de Malboro, institution fondée avec la collaboration de son père et de son grand père. Mais le poids de l’Héritage familial est si fort, qu’il décide, à l’âge de 21 ans de mettre un terme à sa carrière musicale. Il déclara plus tard, à l’occasion d’une interview au Boston Globe que jouer sur scène était une épreuve et que la pression était accentuée par une famille qui «prenait la musique si au sérieux, dans le sens de l'Ancien Monde comme une sorte de religion».  Il voyage en Inde, au Népal et Thaïlande avant de s’installer, avec sa femme et sa jeune fille, dans une petite ville du Mexique. En écoutant la radio d’un voisin, il est fasciné par la musique de Bach et il décide de rentrer aux USA pour reprendre ses activités musicales. 

De Bach, il sera l’un des grands interprètes et sa gravure pour RCA des Variations Goldberg est l’une des pierres angulaires de la discographie. Peter Serkin était également très à l’aise avec Mozart et c’est avec un enregistrement d’une sélection de Concertos qu’il obtient l’un de ses Grammy Awards. Mais il était encore plus à son affaire dans la musique de son temps dont il était l’un des grands défenseurs. Ses enregistrements des pièces de Toru Takemitsu, Olivier Messiaen ou Elliott Carter sont des références absolues. Peter Serkin n’avait pas de barrières stylistiques se plaisant à passer des modernistes comme Elliott Carter ou Oliver Knussen à des compositeurs plus traditionnels comme Ned Rorem ou Peter Lieberson. Cependant, le pianiste refusait l’étiquette de spécialiste du répertoire contemporain.  

Peter Serkin, par sa maîtrise de tous les styles des polyphonistes de la Renaissance aux contemporains, était l’un des rares à humaniser la redoutable musique pour piano d’Arnold Schoenberg, ouvrant de nouvelles perspectives interprétatives. Son album monographique enregistré dans les années 2000 pour Arcana s’impose comme la grande référence dans ces pièces. Il était également l’un des meilleurs interprètes de l’anti-spectaculaire Concerto pour piano du même Schoenberg. L’auteur de ces lignes se souvient d’un mémorable concert berlinois où le pianiste était accompagné du Chicago Symphony Orchestra sous la baguette de Daniel Barenboïm. Il avait également gravé cette oeuvre sous la direction de Pierre Boulez (Erato). 

Peter Serkin était également un chambriste recherché, modèle d’accompagnement et d’écoute. Si sa discographie chambriste est modeste, le public se remémore des grands concerts avec Yo Yo Ma, le Julliard String Quartet ou la grande mais trop peu médiatisée violoniste Pamela Frank. Professeur recherché, Peter Serkin a enseigné dans les grandes institutions des Etats-Unis : Julliard School, Curtis Institute ou Yale School of Music. 

Crédits photographiques : Peter Serkin / DR

 

     

 

  

 

 

    

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