Igor Markevitch, un beau portrait en format de poche 

par

Jean-François Monnard, Markevitch Musicien cosmopolite, Gollion, InFolio, collection Presto, 2021. ISBN : 978-2-88474-490-4 


Jean-François Monnard, à qui l’on doit déjà différents ouvrages musicaux pour les éditions InFolio sur le Septembre musical de Montreux et l’Orchestre de la Suisse romande, nous propose une sympathique et efficace synthèse sur le compositeur et chef d’orchestre Igor Markevitch. Ce livre prend place dans le cadre de la collection Presto qui met à l’honneur, en format de poche compact, des personnalités liées à la Suisse. Né en 1912 à Kiev, Igor Markevitch aura résidé de nombreuses années en Suisse, havre de calme dans une carrière menée à l’échelle du monde alors qu'il fit les grands jours du Festival de Montreux-Vevey. 

Si l’Helvétie fut chère au cœur de l’artiste, sa place dans la vie musicale belge n'est pas mince ! En effet, fidèle serviteur du Sacre du Printemps de Stravinsky dont il fut l’un des grands interprètes, il dirigea, en 1949, une dizaine de séances commentées du chef d'œuvre du compositeur sur la scène du Palais des Beaux-Arts dans le cadre des Jeunesses musicales. Il fut également le fondateur de l’Orchestre mondial des Jeunesses musicales, projet initié par Marcel Cuvelier, dirigeant historique de la Société Philharmonique de Bruxelles. Chef régulièrement invité dans nos contrées, il donna la première de son Envol d’Icare avec l’Orchestre National de Belgique (enregistré pour la Voix de son Maître) en 1938 ainsi que son Psaume en 1980 au Palais des Beaux-Arts. Il était également un invité régulier des orchestres belges de la radio à Flagey. 

Dans cet ouvrage en 3 parties, on part à la découverte du compositeur, du chef d’orchestre et de l’homme. Désormais trop oublié, Markevitch n’en reste pas moins un témoin essentiel du XXe siècle et un musicien hors pair. Dernière découverte de Diaghilev qui lui commanda un concerto pour piano, il fut un chef d’orchestre recherché pour ses cours et sa capacité à réformer ou former des orchestres, que ce soit dans l’Italie post-fasciste ou en Espagne avec la fondation de l’Orchestre de la Radio RTVE qui reste encore dans l’imaginaire l’Orchestre de Markevitch comme l’Orchestre de la Suisse romande reste l’Orchestre d’Ansermet ! Caractère entier, l’homme avait un tempérament conquérant qui n'était pas dénué de certaines petitesses mais porté par une dévotion absolue à la musique qui s’incarne par son analyse encyclopédique des neuf symphonies de Beethoven. Une chronologie sélective complète habilement le propos de Jean-François Monnard et une bibliographie donne envie de relire les ouvrages autobiographiques dont ses mémoires, Etre et avoir été (Gallimard 1980). 

Ce bref livre n’est pas une biographie définitive, mais il nous rappelle la place de cet artiste élégant et authentique dans la vie musicale du XXe siècle. 

Pierre-Jean Tribot  

 

 

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