Leoš Janáček en Alsace 

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Leoš Janáček (1854-1928) : Messe glagolitique, JW 3/9 “version de septembre 1927” ; Sinfonietta, JW 6/18. Malin Byström, soprano ; Jennifer Johnston, mezzo-soprano ; Ladislav Elg, ténor ; Adam Plachetka, baryton basse. Chœur philharmonique Tchèque de Brno, Petr Fiala. Johann Vexo, orgue.  Orchestre philharmonique de Strasbourg, Marko Letonja. 2021. Livret en français, anglais et allemand. 66’56. 0190296280634.

L’Orchestre Philharmonique de Strasbourg rend hommage à son ancien directeur musical Marko Letonja qui a présidé à la destinée musicale et artistique de la phalange alsacienne de 2012 à 2020.

Cet album consacré à Leoš Janáček témoigne également de ce mandat qui permit à l’orchestre d’élargir son répertoire avec, entre autre, une intégrale des symphonies de Chostakovitch, du Ginestra, de la création contemporaine… Aspects essentiels pour un orchestre français à l’histoire impressionnante (il fut dirigé par Strauss, Mahler, Furtwängler, Szell, Klemperer, Rosbaud, Lombard…) et également chargé de la fosse à l’Opéra du Rhin. De plus, c’est également la première fois au disque qu’une phalange française se confronte à ces deux chefs d'œuvre de Leoš Janáček. Notons que le chef propose la version dite de “septembre 1927” de la Messe glagolitique dont l’une des particularités est de commencer et de se conclure avec “l’Intrada”. 

Dans la Messe glagolitique, Marko Letonja prend le parti d’une construction dramatique solide mais patiente, ce qui lui permet de travailler la finesse des textures de l’orchestration.  Si certains chefs se plaisent à passer en puissance à travers cette partition galvanisante, Marko Letonja cisèle et sculpte au poinceau les masses instrumentales et chorales au pupitre d’un orchestre séduisant dans son homogénéité. Le  Chœur Philharmonique Tchèque de Brno, enthousiaste au possible, chante dans son arbre généalogique avec cette partition dont il connaît les moindres recoins alors que la distribution est des plus solides. Johann Vexo fait de son côté sonner avec toute la puissance requise, l’instrument du Temple neuf de Strasbourg.

La Sinfonietta,  proposée en complément,  est quant à elle cernée avec ce qu’il faut de puissance et de précision mais toujours avec une finesse du geste qui fait briller la science instrumentale du compositeur. Il faut ici saluer la vaillance des cuivres, à commencer par les trompettes enthousiastes à souhaits ! 

Un disque intéressant à bien des points de vue, même si dans l’absolu la discographie reste dominée par les références tchèques et britanniques. 

Son : 9 – Livret : 9 – Répertoire : 10 – Interprétation : 8

Pierre-Jean Tribot

 

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