L’ONPL à l’heure américaine avec JoAnn Faletta
Première femme nommée directrice musicale d’un grand orchestre américain, JoAnn Faletta, cheffe titulaire de l’Orchestre Philharmonique de Buffalo, a récemment été nommée dans la liste des cinquante meilleurs chefs d’orchestre (d’hier et d’aujourd’hui) par le magazine Gramophone. A l’invitation de l’Orchestre National des Pays de la Loire (ONPL), elle a présenté un programme 100% américain ou inspiré par les États-Unis flirtant avec le jazz et la musique de film.
Avant de devenir le sujet d’une des meilleures et des plus célèbres comédies musicales d’Hollywood avec Gene Kelly, Oscar Levant et Leslie Caron, Un Américain à Paris est d’abord une sorte bien particulière de poème symphonique que George Gershwin écrivit en souvenir de ses déambulations amusées sur les Champs-Elysées et à travers Paris. Même si le compositeur revendiquait publiquement avoir utilisé les influences de Debussy et du Groupe des Six dans son oeuvre, elle est cependant du plus pur Gershwin avec ses relents de musique populaire et ses rythmes jazzy. Survolté et apparemment conquis par sa chef invitée, l’ONPL s’est distingué dans tous ses pupitres avec une joie contagieuse devant une salle comble, jeune et enchantée.
Le concert se poursuivait avec la création mondiale d’une oeuvre du pianiste et jazzmen français Paul Lay conçue comme une sorte de réponse facétieuse à l’oeuvre de Gershwin. Commandée par l’ONPL, Un Français à New York est une sorte de conte tragi-comique imaginé par le compositeur, mettant en scène un touriste français perdant son portefeuille dans le taxi qui l’emmène de l’aéroport JFK à Manhattan. Une course effrénée lui permettra de le retrouver, mais, épuisé, il s’endort sur un banc dans le cadre idyllique de Central Park en songeant à une actrice disparue dans un théâtre de Greenwich Village. Il finit par la retrouver dans un décor féérique dans lequel des clowns en cire le poursuivent…mais tout cela n’était qu’un rêve et un passant lui fait subitement retrouver la réalité en lui tapant amicalement sur l’épaule. Utilisant le grand orchestre symphonique, Paul Lay fait alterner une écriture strictement écrite (pour les musiciens de l’orchestre) avec ses brillantes improvisations au piano en compagnie de ses musiciens, Clemens van der Feen, à la contrebasse et Donald Kontomanou à la batterie. Les deux univers se croisent, s’unissent et collaborent sous la baguette frémissante de JoAnna Faletta rompue à ce genre de musique métissée.
Après l’entracte, place au grand John Williams dont la suite Star Wars (La Guerre des étoiles) et des extraits de la bande originale d’Harry Potter viennent nous prouver que la très bonne musique de film, tout comme celle des grandes musiques de ballet, peut avoir sa propre vie au concert, indépendamment des images qui l’ont fait naître. Thèmes romantiques enveloppants, orchestration luxueuse et rythmes haletants se trouvent magnifiés par la direction souple et inspirante de JoAnn Faletta.
François Hudry
Angers, Centre des Congrès, 18 mai 2025
Crédits photographiques : David Adam Beloff