Messiaen : exceptionnels Canyons aux étoiles

par

Olivier Messiaen (1908-1992) : Des Canyons aux étoiles. Jean-Frédéric Neuburger, piano ;  Takénori Némoto, cor ; Adélaïde Ferrière, Xylorimba ; Florent Jodelet, Glockenspiel ; Orchestre de chambre Nouvelle-Aquitaine, Jean-François Heisser. 2021. Livret en français et anglais. 92’55. Mirare MIR 622.  


Des Canyons aux étoiles de Messiaen est incontestablement une œuvre à part dans l’Histoire de la musique : mystique, cosmique, géologique, astronomique, elle est presque démesurée pa r sa durée : 1h30 d’un bloc découpé en douze parties. C’est un voyage musical unique dans une “partition couleur” scintillante, poétique et évocatrice.  

La partition fut commandée dans le cadre des célébrations du bicentenaire des Etats-Unis (1976).  Composée entre 1971 et 1974, elle a été créée à New York en 1974 au Lincoln Center.  Pour s’imprégner du climat américain, Messiaen visita le site de Bryce Canyon dans l’Utah d’où le titre de la partition. Cette œuvre présente, comme toujours chez Messiaen, une référence religieuse, ainsi l’âme doit s’élever des canyons aux étoiles, et même plus haut par une glorification de Dieu dans toutes ses créations terrestres et spirituelles. On peut même dire que Messiaen s’ouvre au ciel car depuis 1978, une montagne de l’Utah porte son nom. 

Par son effectif instrumental : 43 instruments, un piano solo, des percussions, l'œuvre est un défi technique et musical. Chaque interprétation au concert est en soi un événement auquel il faut assister tant l’expérience du concert est une aventure musicale et sensorielle. La discographie, pour une partition des 50 dernières années, est assez fournie avec sept versions référencées. Depuis la gravure fondatrice de l’Ensemble Ars Nova avec Yvonne Loriod au piano (Erato), d’autres interprétations rivalisent d’excellence : Esa-Pekka Salonen avec Paul Crossley (Sony), Roger Muraro et Myung-Whun Chung (DGG), Reinbert de Leeuw et Marja Bon (Naïve) ou Roger Muraro et Sylvain Cambreling (SWR). On mentionne pour la forme les versions de Tzimon Barto et Christoph Eschenbach (LPO) et Alan Gilbert à Santa Fe (en numérique seulement). 

Cette nouvelle gravure, enregistrée en 2021, est une immense réussite. On admire en premier lieu la maîtrise pianistique de Jean-Frédéric Neuburger qui impose une technique exceptionnelle alliée un grand  sens de la construction et des couleurs. Le dialogue avec les solistes (les excellents Adélaïde Ferrière, Xylorimba et Florent Jodelet, Glockenspiel) est d’une grande finesse. Takénori Némoto est tout aussi formidable dans le redoutable solo de cor “Appel interstellaire”. Au pupitre de l’Orchestre de chambre Nouvelle-Aquitaine, Jean-François Heisser dirige avec un grand soin apporté aux nuances et aux équilibres. Les couleurs fantastiques de cette musique éclatent et resplendissent !

La prise de son est une autre source de grande satisfaction. Elle fait briller cette musique tel un diamant. Saluons ici Jiri Heger qui a assuré la direction artistique, la prise de son et le montage de cet album.  

Une nouvelle référence assurément ! 

Son : 10 – Livret : 10 – Répertoire : 10 – Interprétation : 10

Pierre-Jean Tribot

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