Les Concerts de Midi célèbrent leur 75 ans, rencontre avec Guy van Waas

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Le 15 janvier 1948, inspirée par le modèle londonien, Sara Huysmans organisait dans notre capitale les premiers Concerts de Midi belges, aux Musées Royaux des Beaux-Arts, à l'heure du déjeuner. Un rendez-vous très prisé dans le Bruxelles d'après-guerre. 75 ans plus tard, les Concerts de Midi sont une institution dans le paysage musical bruxellois. A l’occasion de cette célébration, Guy van Waas et Dirk Vermeulen, les directeurs artistiques, ont concocté un événement festif : rendez-vous ce 15 janvier.   

Les Concerts de Midi célèbrent leur 75e anniversaire avec une journée spéciale. Comment avez-vous concocté  cet événement ? 

Une chose était évidente pour nous : il fallait rejouer l'oeuvre présentée lors du premier concert, le 15 janvier 1948. Les programmes de l'époque étaient moins précis que ceux que nous recevons actuellement. On y a trouvé : Programme Beethoven, par le Quatuor Gertler et puis le nom des 4 musiciens (clarinette, cor, basson et contrebasse) qui nous mènent très évidemment vers le Septuor op. 20. Nous avons ensuite voulu rendre hommage à celui qui fut pendant de nombreuses années le directeur artistique des Concerts de Midi, l'excellent pianiste Jozef De Beenhouwer. Nous avons également voulu inviter un sextuor de mains de pianistes sur un seul piano ! Le Trio MNM se joint à la fête avec un de leurs très brillants et ludiques programmes, accessibles à tous. 

Est-ce qu’il y aura d’autres évènements festifs au cours de la saison ? 

Toute cette saison est une grande fête. Le public et les artistes sont très heureux de revenir aux Concerts de Midi et donc, chaque jeudi est festif ! 

Quel regard rétrospectif portez-vous sur cette aventure musicale et sa place dans la vie musicale bruxelloise ? 

L'idée de Concerts de Midi à Bruxelles avait déjà été émise en 1940. Mais c'est le séjour à Londres du gouvernement belge pendant la Seconde Guerre mondiale qui va montrer l'importance de "lunch concerts" à Sarah Huysmans (fille de Camille Huysmans, l'éminent homme politique) qui s'est empressée de mettre en route de tels concerts à Bruxelles. En ces temps-là, les pauses de midi étaient longues et obligatoires et remplir ce temps par de la culture (Sarah Huysmans a également mis sur pied les Midis de la Poésie) avec la possibilité d'un "lunch" très bon marché a été un moteur culturel important à Bruxelles. L'accès à la culture était par ailleurs beaucoup plus restreint et ces évènements du midi ont largement contribué à la curiosité artistique de bien des gens. Le succès de ces activités a été énorme, à tel point qu'à un moment donné on a dédoublé certains concerts, la jauge des 450 personnes étant dépassée!

Le Trio Aries, jeune ensemble belge de musique de chambre 

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Le Trio Aries (Alice Van Leuven, violon ;  Paul Heyman, violoncelle  ; Wouter Valvekens, piano) est un jeune ensemble de musique de chambre belge des plus intéressants. Il sera en concert dans le cadre du CPE Festival, le 14 janvier prochain. Crescendo Magazine s’entretient avec la violoniste Alice Van Leuven pour évoquer le parcours et les projets de ces musiciens.   

La première question est biographique. Comment vous êtes- vous rencontrés et comment avez-vous décidé de fonder cet ensemble ? 

Le monde de la musique de chambre en Belgique est relativement petit. Nous sommes tous les trois passionnés de musique de chambre et partagions l’envie de fonder un ensemble, nous étions donc amenés à nous rencontrer. 

Nous n’avons pas étudié ensemble, ni même dans le même pays. C’est grâce au bouche à oreille que nous avons entendu parler l’un de l’autre même si Wouter (pianiste) et moi nous connaissions auparavant. Nous avons organisé trois concerts en un week-end pour voir si ça « collait » comme on dit. Suite au succès de ces trois concerts et aux encouragements du public et de nos proches, nous avons décidé de fonder le Trio Aries. Nous avons, dans la foulée, enregistré le premier trio de Mendelssohn en live (avec vidéo) à l’Université des arts de Berlin où j’étudiais alors le violon. Le trio est né de ces expériences. 

Qu’est-ce qui vous a attiré vers la musique de chambre, car c’est un domaine où on voit relativement peu de jeunes ensembles en Belgique ?         

L’envie de fonder un groupe qui s’inscrirait sur le long terme et au sein duquel chacun puisse s’épanouir constitue la base de notre projet. Nous souhaitions tous les trois travailler ensemble pour atteindre une grande symbiose, à la manière des quatuors à cordes.

Ce qui nous a attiré tous les trois vers la musique de chambre, c’est bien sûr avant tout la richesse du répertoire. Le trio à clavier offre de multiples possibilités aux compositeurs. Le mariage des instruments à cordes avec le piano permet justement de palier les « manquements » éventuels de ces instruments pris à part. Les cordes, de tessitures graves et aiguës, permettent les longues phrases lyriques tandis que le piano apporte bien souvent la richesse harmonique et une dimension presque orchestrale à l’ensemble. Et les rôles sont bien évidemment aussi inversés : les cordes accompagnent un piano concertant ou forment une texture sonore commune à la manière d’un quatuor à cordes réduit. 

Pour moi comme pour mes collègues, le choix de la musique de chambre s’est imposé comme une évidence. Dans le monde d’aujourd’hui, il faut se montrer flexible et continuellement s’adapter aux circonstances. Les musiciens n’y échappent pas ! La musique de chambre est une très bonne école pour développer ces qualités. En ces quelques années d’existence, je pense que nous avons tous le trois appris énormément dans d’innombrables domaines : les aptitudes purement musicales bien sûr (qui restent en constante évolution) mais également le développement personnel, le travail d’équipe, la communication etc. La musique de chambre est une véritable école de vie. A noter également qu’aucun de nous ne fait que ça, le métier étant malheureusement très peu lucratif… Nous sommes tous les trois professeurs et nous nous produisons également en tant que solistes ou avec d’autres ensembles. 

La musique de chambre est pour moi la manière la plus intense de ressentir la musique. C’est très personnel, j’imagine que d’autres personnes seront peut-être plus touchées par l’orchestre ou par des solistes. Pour moi, l’échange d’idées musicales en petit groupe a toujours été le plus chargé émotionnellement. 

La sélection des concerts de janvier 2023 

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On commence ce parcours à Bruxelles, avec le CPE Festival qui ouvre l’année civile avec deux beaux concerts : le 14 janvier, le jeune trio belge Aries (Alice Van Leuven - violin / Paul Heyman - violoncelle / Wouter Valvekens - piano) dans  Scriabine et Tchaïkovski ; le 29 janvier, l’excellent Philippe Graffin au violon sera en compagnie de Katsura Mizumoto au luthéal pour un concert qui sortira des sentiers battus (Ernst von Dohnányi, George Enesco,  Claude Debussy,  Maurice Ravel) 

A La Monnaie, outre une nouvelle production d’Eugène Onéguine de Tchaïkovski sous la direction d’Alain Altinoglu et dans une mise en scène de Laurent Pelly (du 29/01 au 14/02), on note un concert symphonique avec des oeuvres de Glinka, Tchaïkovski et Prokofiev sous la direction du directeur musical (8/01). Au Flagey, si le mois de janvier sera très jazz avec le Brussels Jazz Festival, il ne faut pas rater le concert 100%  Bach que donneront Philippe Herreweghe et son Collegium Vocal (25/01).

Le 15 janvier 2023, les Concerts de Midi célébreront leur 75e anniversaire avec une grande fête avec trois concerts au MIM et aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique.

Pour terminer ce parcours bruxellois, notons à Bozar la première venue du prodige des podiums Klaus Mäkelä et de son Orchestre royal du Concertgebouw pour rien moins que la Symphonie alpestre de Richard Strauss (13 janvier).  

A Liège, place au belcanto avec La Sonnambula de Bellini à l’Opéra royal : Giampaolo Bisanti en fosse et Jaco van Dormael à la mise en scène (du 20 au 28 janvier).  A Namur, Leonardo García Alarcón célèbrera Vivaldi (19 janvier) alors que Reinoud Van Mechelen mettra à l’honneur Céphale et Procris d’Élisabeth Jacquet de La Guerre (21 janvier). 

 A Lille, l’Orchestre national de Lille propose deux belles affiches sous la direction d’Alexandre Bloch  : une soirée Britten, Nante et Bartók avec Pierre-Laurent Aimard en soliste (11 janvier à Lille) et un concert 100 % Poulenc avec La Voix humaine chantée Véronique Gens ( 25 janvier à Lille et 27 janvier à la Philharmonie de Paris). A Tourcoing, Les Siècles fêtent leurs 20 ans (5 Janvier) et Mozart sera à la fête : sur le ton tragico-comique, entre la farce et la satire, l’opéra baroque et le Space Opera, Le Monde selon Mozart nous fait découvrir dans ce Jeu Lyrique – Singspiel — qu’il aurait pu composer, un Mozart facétieux, joueur, insolent et terriblement moderne, qui nous administre un vaccin aussi efficace qu’essentiel : sa musique (20 et 22 janvier). 

A Clermont-Ferrand, l’Orchestre national d’Auvergne mettra la musique française à l’honneur  : Debussy, Ravel, Saint-Saëns, Fauré sous la direction de Thomas Zehetmair avec la harpiste Valeria Kafelnikov. Ce concert proposera la nouvelle édition révisée Ravel Edition de l’Introduction et Allegro pour harpe et orchestre de chambre ainsi que la première en France de l’édition révisée de Ma Mère l’Oye en version ballet.  

A l’Opéra Bastille, un Lac des Cygnes fascinant

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Pour la période des fêtes de fin d’année, le Ballet National de l’Opéra de Paris donne seize représentations du Lac des Cygnes en reprenant la production que Rudolf Noureyev avait conçue en 1984 pour cette compagnie en sollicitant le concours d’Ezio Frigerio pour les décors, de Franca Squarciapino pour les costumes et de Vinicio Cheli pour les lumières. 

Se basant sur la chorégraphie originale de Marius Petipa et de son assistant, Lev Ivanov, présentée au Théâtre Marinsky de Saint-Pétersbourg en janvier 1895, il en élabora sa propre conception dans le but de revaloriser la danse masculine en développant le rôle du Prince Siegfried et celui, fort ambigu, du Précepteur Wolfgang qui prendra par la suite les traits du sorcier Rothbart. Face à ce double personnage, Odette est la princesse métamorphosée en cygne blanc qui deviendra, au troisième acte, Odile, le maléfique cygne noir. 

Dès l’Introduction prise à tempo extrêmement lent par Vello Pähn à la tête de l’Orchestre de l’Opéra National de Paris, la trame est développée selon le champ de vision du Prince qui se réfugie dans la mélancolie et l’introspection. Mais, d’emblée, sa vision tourne au cauchemar lorsqu’il voit s’élever dans les airs une jeune femme enveloppée dans ses longs voiles blancs, emportée par un homme/rapace terrifiant. Tout au long du premier acte, il s’isole dans un monde clos que les jeunes courtisans tentent d’approcher sans pouvoir y parvenir, tant le Précepteur campé magistralement par Jack Gastowtt fait continuellement obstruction. Et Siegfried, dansé par Marc Moreau, ébauche dans sa Variation nombre de figures caractéristiques telles que la pirouette, tandis que le Corps de ballet, en tenues rose violacé, se fait valoir dans la célèbre Valse aux formules diversifiées exigeant de chacun une virtuosité aguerrie, ce que l’on dira aussi de la Danse des couples confiée à seize danseurs, impressionnants par leur technique policée et leur parfaite cohésion d’ensemble. Dans le Pas de trois requérant la participation d’Hannah O’Neill et de Roxane Stojanov, le jeune Andrea Sarri éblouit par l’aisance de ses sauts. Alors que l’atmosphère s’obscurcit, Wolfgang tend insidieusement une arbalète au Prince qui, sur l’enchaînement de deux tableaux musicaux, parvient au lac de l’acte II en développant de sinueuses arabesques. Apparaît Odette, le cygne blanc incarné par Héloïse Bourdon, traduisant sa panique par son regard désespéré et ses gestes convulsifs qui finiront par trouver une assise rassérénée dans le Pas de deux, adagio où elle prend le temps de détailler chaque mouvement. Continuellement, Rothbart le sorcier déploie ses ailes gigantesques pour apeurer les compagnes d’infortune de leur reine qui tentent de la protéger sans pouvoir empêcher la séparation d’avec Siegfried. 

L’Opéra Royal de Wallonie est en fête avec Offenbach

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Le spectacle de fin d’année de l’Opéra Royal de Wallonie-Liège est toujours un rendez-vous incontournable. Au programme cette année : La Vie parisienne de Jacques Offenbach. Opéra-bouffa haut en couleur, il nous est proposé dans sa version originelle grâce au travail de recherche du centre de musique romantique française Le Palazzetto Bru Zane. Cela nous a permis de découvrir un cinquième acte, ainsi que différents airs méconnus.

C’est sous la baguette expérimentée de Romain Dumas que s’est produit l’orchestre de l’opéra. Comme à leur habitude, les musiciens nous ont livré une partition parfaite et ont très bien joué leur rôle de soutien des chanteurs. Autant dans les moments de pure folie que dans les rares moments plus graves, les couleurs déployées par l’orchestre ont rivalisé avec celles déployées par Christian Lacroix dans les costumes et les décors. Les premiers, tantôt drôles, tantôt extravagants, sont la parfaite représentation de l’esprit de l'œuvre. Tandis que les seconds, bric-à-brac ordonnés, dépeignent l’image d’une société où faire bonne figure est la chose la plus importante. La mise en scène, elle aussi réalisée par le couturier français (sa première), est hilarante et folle, sans pour autant être brouillon. Cela est aussi dû au travail de chorégraphie titanesque de Glyslein Lefever. Cerise sur le gâteau, Bertrand Couderc, aux lumières, ajoute sa pierre à l'édifice avec un jeu d’oppositions entre couleurs vives et noir et blanc très juste, surtout lors de l’acte 4 et l’apparition de Madame de Quimper-Karadec et Madame de Folle-Verdure.

Intégrale Messiaen à la cathédrale de Toul, par une académie de 37 organistes

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Olivier Messiaen (1908-1992) : intégrale de l’œuvre pour orgue. L’Ascension. La Nativité du Seigneur. Les Corps Glorieux. La Messe de la Pentecôte. Le Livre d’orgue. Le Mystère de la Sainte Trinité. Le Livre du Saint Sacrement. Le Banquet céleste. Prélude. Offrande au Saint-Sacrement. Diptyque. Apparition de l’Église éternelle. Verset pour la fête de la Dédicace. Monodie. Louange à l’Éternité de Jésus [Quatuor pour la Fin du Temps]. Éric Lebrun, Jean-Paul Imbert, Michael Matthes, Jürgen Essl, David Cassan, Denis Comtet, Jonas Apeland, Mélodie Michel, Quentin Du Verdier, Paul Mérou, Marie Denis, Thibaud Fajoles, Hector Leclerc, Charlotte Dumas, Antoine Thomas, Fanny Cousseau, Nicolas Procaccini, Alexis Grizard, Alma Bettencourt, Damien Leurquin, Salomé Gamot, Charlène Bertholet, Maria Vekilova, Laurent Fobelets, Oleg Dronikov, Marion André, Sacha Dhénin, Paul Isnard, Alice Nardo, Sara Musumeci, Simon Defromont, Rémi Ebtinger, Edmond Reuzé, Leonard Hölldampf, Xabier Urtasun, Lars Schwarze, Pascal Vigneron, orgue. Clément Saunier, bugle. Avril, septembre 2021. Livret en français. TT 8h07’22’. Forlane FOR 816897

Schumann à la mode Mahler (II)

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Robert Schumann (1810-1856) : Symphonie n°3 en mi bémol majeur op. 97 ; Symphonie n°4 en ré mineur, Op.120. Ré-orchestration de Gustav Mahler (1860-1911).  ORF Vienna Radio Symphony Orchestra, Marin Alsop.  2020. LIvret en allemand et anglais. 55’45’’. Naxos. 8.574430. 

Portrait de Prokofiev en moderniste 

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Serge Prokofiev (1891-1953) : Concerto pour piano n°2 en sol mineur, Op.16 ; Symphonie n°2 en Ré mineur, Op.40. Andrei Korobeinikov, piano ; Ural Philharmonic Orchestra, direction Dmitry Liss. 2021. Livret en anglais, français et russe. 71’08’’. Fuga Libera/ FUG 798

L’Orchestre Symphonique de la Monnaie en démonstration symphonique

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Ce vendredi 30 décembre a lieu le dernier concert de l’Orchestre Symphonique de la Monnaie à Bozar. Ce dernier clôture le 250e anniversaire de la phalange bruxelloise placée sous la direction de son Directeur Musical Alain Altinoglu. Le chef français est accompagné pour l’occasion de la brillante pianiste roumaine Alexandra Dariescu. Au programme de cette soirée, Sigurd Overture d’Ernest Reyer, les Variations Symphoniques de César Franck et la célèbre Symphonie Fantastique d’Hector Berlioz. 

L’opéra Sigurd d’Ernest Reyer a été créé à la Monnaie en 1884 et fait partie de l’un des moments les plus glorieux de la maison d’opéra bruxelloise. Cette ouverture très peu jouée est choisie pour ouvrir le bal de cette dernière soirée musicale. Le début est intense mais il y a aussi une certaine solennité. La suite est bien plus tranquille. Alors que les cordes jouent avec délicatesse, de magnifiques solos de la part de la clarinette, du cor et du hautbois émergent de l’orchestre. Tout s’anime, laissant place à un grand tutti dégageant une belle énergie tout en gardant de beaux contrastes. Une nouvelle période calme se profile avec de nouveaux solos exécutés avec brio par l’harmonie. La fin de l’ouverture avec la sonnerie de trompette est triomphale. Un public déjà conquis applaudit plus que vivement cette première interprétation de la soirée.

Place aux Variations Symphoniques pour piano et orchestre de César Franck. Avec la Symphonie en ré mineur, cette pièce fait partie du répertoire le plus connu et le plus joué du compositeur belge. La soliste du soir est la pianiste roumaine Alexandra Dariescu. Cette artiste à la renommée internationale collabore régulièrement avec de grands orchestres et de prestigieuses salles. 

A Lausanne une pétillante My Fair Lady  

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Pour célébrer les fêtes de fin d’année, l’Opéra de Lausanne reprend la production de My Fair Lady que Jean Liermier avait conçue pour cette même scène en décembre 2015 en faisant appel à Christophe de la Harpe pour les décors, à Coralie Sanvoisin pour les costumes, à Jean-Philippe Roy pour les lumières et à Jean-Philippe Guilois pour la chorégraphie. 

D’emblée, il faut relever que le spectacle n’a pas pris la moindre ride et que l’on s’amuse toujours autant avec ce boulevard devant Covent Garden enneigé et cette colonne Morris dans laquelle s’est faufilé le professeur Henry Higgins, afin de transcrire en phonétique le redoutable jargon cockney asséné par la bouquetière Eliza Doolittle. Que sont cocasses les apartés du personnel de maison ponctuant les interminables séances de formation où, lovée dans un énorme fauteuil surmonté d’un pavillon acoustique, la pauvre fille tente de modeler des voyelles sous le regard compatissant du Colonel Pickering et les hochements réprobateurs de Mrs Pearce, la gouvernante ! Comment ne pas s’esclaffer de rire alors que, devant la tribune d’Ascot, passent, ventre à terre, les coursiers, suivis d’une Mary Poppins égarée et que la pauvre Eliza profère un gros mot en suscitant le mépris de la gentry huppée mais en éveillant un tendre émoi chez le fringant Freddy Eynsford-Hill ! Haut en couleurs, le pub des bas quartiers où Alfred Doolitlle, son père, noie dans l’alcool la crainte de convoler en justes noces avec sa ‘bourgeoise’, sous les quolibets de ses compagnons de beuverie ! En demi-teintes où se faufile une indicible tendresse, l’héroïne finira par considérer Freddy, l’amoureux transi, le Colonel Pickering, masquant son inclination sous la bonhommie, avant de rejoindre, sans mot dire, son Pygmalion en lui apportant ses pantoufles…