Quand des châteaux allemands accueillaient Friedrich Gulda…

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Deux récitals de Friedrich Gulda. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Sonate n° 13 KV 333. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Sonates n° 10 op. 14 n°2 ; n° 17 op. 31 n° 2 « La Tempête » ; n° 31 op. 110 ; Ecossaise WoO83 n° 1. Claude Debussy (1862-1918) : Reflets dans l’eau ; La soirée dans Grenade ; L’isle joyeuse. Maurice Ravel (1875-1937) : Gaspard de la nuit. Jean-Sébastien Bach (1685-1750) : Capriccio sopra la lontananza del suo fratello dilettisimo BWV 992. Joseph Haydn (1732-1809) : Andante con variazioni Hob. XVII : 6 ; Sonate n° 62 Hob. XVI : 52. Friedrich Gulda, piano. 1959. Notice en allemand et en anglais. 158.15. Un coffret de 3 CD SWR 19098. 

Le printemps des Arts de Monte-Carlo 2021

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L’an passé, le traditionnel Festival du Printemps des Arts de Monaco avait été annulé à la dernière minute en raison de la crise sanitaire. Mais comme vous pouvez le lire régulièrement dans ces colonnes, la principauté monégasque est l’un des rares lieux à ne pas avoir fermé les portes de ses salles de concerts ! Le compositeur Marc Monnet, dont c’est la dernière édition à la tête du Printemps des Arts, a surmonté toutes les difficultés, y compris la tardive annulation de la venue de l'Orchestre National de France sous la direction de Daniele Gatti pour le concert d’ouverture.  Dès lors, la programmation est modifiée et les horaires des concerts permettent aux proches voisins de Monaco, les seuls à même de respecter les limites géographiques imposées par le confinement hexagonal, de rentrer chez eux avant le désormais traditionnel couvre-feu !  

Pour ce second week-end du festival, l’affiche mettait à l’honneur le pianiste Bertrand Chamayou pour une intégrale  en trois récitals sur la même journée (11h30, 14h15 et 16h) : les Années de pèlerinage de Franz Liszt.  Il y a de nombreux enregistrements de ce chef-d'oeuvre retraçant la vie de Liszt et de ses voyages en Suisse et en Italie avec Marie d'Agoult, mais il est rarement joué dans son intégralité en concert. Bertrand Chamayou l'a enregistré en 2011 (Naïve).  Si on était impressionné par l'interprétation magistrale au disque de Chamayou , on est époustouflé par sa performance en concert.  Son jeu est un mélange de sensibilité et de puissance. Le son cristallin de Chamayou dans les aigus est absolument unique. Ainsi dans “Les Jeux d'eau à la d'Este" on entend l'eau couler du piano. Et dans les morceaux forts il est brillant, virtuose et éclatant.  La palette sonore qu’il extrait du piano puise sa force dans cet élan romantique où l’âme de Liszt transparaît. 

Le troisième weekend du Festival Printemps des Arts est consacré à des compositeurs de la seconde école de Vienne : Arnold Schoenberg, Alban Berg et Anton Webern. L’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo est un partenaire du festival et ce concert symphonique sous la direction de Kazuki Yamada, son directeur musical et artistique, mettait à l’honneur  Berg et Schoenberg.  

Philippe Pierlot et le Collegium Vocale de Gand : deux cantates de Bach tressées en rais-de-cœur 

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Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Cantates Ich hatte viel Bekümmernis, BWV 21 ; Die Himmel erzählen die Ehre Gottes, BWV 76. Chorals pour orgue BWV 639, 663, 617, 715. Maria Keohane, soprano ; Carlos Mena, altus ; Julian Prégardien, ténor ; Matthias Vieweg, basse. Philippe Pierlot, Collegium Vocale Gent, Ricercar Consort. Bernard Foccroulle, orgue du Temple du Bouclier à Strasbourg.  2018 et 2020. Livret en français, anglais, et allemand (paroles des cantates en allemand et traduction bilingue).  82’48. Mirare MIR490

Beethoven par Raphaël Pidoux et Tanguy de Williencourt, avec des instruments rares

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Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Sonates pour violoncelle et piano Op. 5 ; Variations sur « Bei Männern, welche Liebe fühlen » de « La Flûte enchantée » de Mozart, WoO 46 ; Camille Pleyel (1788-1855) & Charles-Nicolas Baudiot (1773-1849) : Nocturne pour piano et violoncelle concertants, « Souvenirs de La Flûte enchantée ». Raphaël Pidoux, violoncelle ; Tanguy de Williencourt, piano. 2021. 65’25. 1 CD harmonia mundi HMM 902410.

I Lombardi alla prima crociata de Verdi à Monte-Carlo

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Malgré le durcissement des mesures sanitaires à travers l’Europe, Monte-Carlo permet toujours à un public (certes limité) d’assister à des représentations d’opéra ou des concerts. Cap aujourd’hui sur l’Opéra Garnier pour une représentation scénique du rare I Lombardi alla prima crociata  de Verdi. 

L’opéra monégasque reprend une production du Teatro Regio de Parme dans une mise en scène du regretté Lamberto Puggelli, remise sur le métier par Grazia Pulvirenti. Les décors sont de Paolo Bregni et les costumes de Santuzza Cali. L’ensemble est saisissant et rend parfaitement les facettes de cette oeuvre oubliée que Verdi composa un an après le succès de son Nabucco

Comme souvent sur le rocher, la partie musicale est des plus soignées. Rompu à la fosse, le Maestro Daniele Callegari est en complicité avec un orchestre et un choeur parfaits de style et d’engagement.  

La distribution vocale est du même niveau avec, en tête d’affiche, la soprano géorgienne Nino Machaidze. Elle fait avec cette production ses débuts à Monaco. Elle incarne "Giselda" et enflamme le public par ses immenses qualités techniques et dramatiques. Sa voix est ample et souple, un timbre harmonisé dans toutes les gammes de couleurs. 

L’art de la transcription, par Vincent Genvrin sur l’orgue de l’Auditorium de Radio France

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Élisabeth Jacquet de La Guerre (1665-1729) : Sonate en sol mineur. Richard Wagner  (1813-1883) : Prélude de Tristan & Isolde. Modeste Moussorgski (1839-1881) : Tableaux d’une Exposition. Transcriptions de Vincent Genvrin. Vincent Genvrin, orgue Grenzing de l’Auditorium de Radio France, Paris. Septembre 2019. Livret en français et anglais. TT 58’21. Radio France, Tempéraments TEM 316066.

Les Franco-Russes Festival à Toulouse

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Jusqu’au 3 avril, la troisième édition des Musicales Franco-Russes de Toulouse (www.lesmusicalesfrancorusses.fr) a bien lieu à la Halle aux Grains.
Créé en 2019 sous la direction artistique de Tugan Sokhiev, le Festival a déjà connu une existence mouvementée. En effet, si l’édition 2020 a été écourtée en raison de la pandémie, pour cette année, les organisateurs ont dû transformer l’ensemble du festival en version numérique. Sa programmation est certes allégée, mais pas l’intensité. Les quatre concerts de l’Orchestre National de Capitole de Toulouse (ONCT) diffusés en direct sur les réseaux forment le pilier de la manifestation, sans oublier des travaux de l’Académie de direction d’orchestre menée par Tugan Sokhiev et Sabrié Bekirova en partenariat avec le concours La Maestra / Philharmonie de Paris, des rencontres sur la relation entre la France et la Russie par des personnalités de différents domaines, ainsi que des conférences littéraires. Ces événements sont visibles en replay.

Le 19 mars, nous avons assisté au concert symphonique de l’ONCT à la Halle aux Grains. Le jeune chef survitaminé Maxim Emelyanychev (également claviériste) dirige sans baguette un programme Prokofiev-Attahir-Tchaïkovsky. La Symphonie classique, pour laquelle l’on met habituellement accent sur le caractère léger, presque galante, est reconsidérée par Emelyanychev comme une œuvre hyper-dynamique, débordante d’énergie. Il tire le maximum de sonorité dans chaque mouvement, jusqu’à devenir véritablement frénétique dans certains passages des mouvements rapides. Et ceux-ci sont beaucoup plus rapides que le tempo de la plupart de chefs. A dire vrai, c’est la plus rapide que nous connaissions. Le troisième mouvement est marqué par une articulation extrêmement précise ; il ne mâche aucunement les notes, va jusqu’à hacher parfois, ce qui est surprenant pour une « Gavotte », une référence indéniable à la musique de danse élégante et courtoise. Vers la fin du mouvement, les crescendi sont traités comme pour lancer des fusils ! Le final est très rythmique, et on retrouve ce sens de rythme dans la création mondiale de Benjamin Attahir.