Le Marteau sans son maître, au pied de son tombeau

par

Pierre Boulez (1925-2016) : Le Marteau sans maître ; Philippe Manoury (né en 1952) : B-Partita - in memoriam Pierre Boulez.  Ensemble Orchestral Contemporain, dir. Daniel Kawka ; Salomé Haller, mezzo-soprano ; Gaël Rassaert, violon. 2019. 62'49". Notes en français, anglais et allemand. WWE 1CD Col Legno 20447.

Musique française avec vents par les solistes de l’Orchestre de Paris 

par

Albert Roussel (1869-1937), Charles Koechlin (1867-1950), Paul Taffanel (1844-1908), Vincent d’Indy (1851-1931), André Messager (1853-1929), Jean Françaix (1912-1997), Emmanuel Chabrier (1841-1894), Eugène Bozza (1905-1991), Alexandre Tansman (1897-1986). Vincent Lucas, flûte ; Alexandre Gattet, hautbois ; Philippe Berrod, clarinette ; André Cazalet, cor ; Marc Trénel, basson ; Laurent Wagschal, piano. 2020. Livret en français et anglais. 63’19’’. INDE142. 

Trios à clavier de Chopin et de Beethoven par Gidon Kremer et ses amis baltes

par

Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Trio pour violon, violoncelle et piano en do majeur, arrangement par Carl Reinecke d’après le Triple Concerto op. 56. Frédéric Chopin (1810-1849) : Trio pour piano, violon et violoncelle en sol mineur op. 8. Gidon Kremer, violon ; Giedré Dirvanauskaité, violoncelle ; Georgijs Osokins, piano. 2019. Livret en allemand, en anglais et en français. 65.30. Accentus ACC30529. 

L’orgue de la Chapelle royale de Versailles abat ses atouts

par

Le Grand Jeu. Louis Marchand (1669-1732) ; Jean-Philippe Rameau (1683-1764) ; Jean-François Dandrieu (1682-1738) ; François Couperin (1668-1733) ; Nicolas de Grigny (1672-1733) ; Jean-Baptiste Lully (1632-1687) ; Michel Corrette (1707-1795) ; Jean-Henri d’Anglebert (1629-1691) ; Marc-Antoine Charpentier (1643-1704) ; Henry Purcell (1659-1695) ; Georg Friedrich Haendel (1685-1759). Gaëtan Jarry, orgue de la Chapelle royale de Versailles. Juin 2019. Livret en français, anglais et allemand. TT 65’19. Château de Versailles Spectacles CVS024.

Délices virtuoses du cornet à bouquin à l’époque baroque

par

Cavalieri imperiali. Œuvres de Roland de Lassus (1532-1594), Cipriano de Rore (ca1515-1565), Riccardo Rognoni (1550-1620), Dario Castello (1602-1631), Luzzasco Luzzaschi (1545-1607), Giovanni Priuli (1575/1580-1629), Emanuel Adriaenssen  (1554-1604), Giovanni Valentini (1582-1649), Johan Heinrich Schmelzer (1623-1680), Ascanio Mayone (1570-1627), Massimiliano Neri (ca1623-1673), Giovanni Battista Buonamente (1595-1642), Vincenzo Ruffo (1508-1587) et Anonyme. Lambert Colson et Josué Meléndez Pelaez, cornets ; Ensemble InALTO, direction artistique Lambert Colson. 2019. Livret en anglais, en français et en allemand. 64.36. Ricercar RIC 419.

Beethoven : au coeur du Concerto pour piano et orchestre n°5

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Au terme de cette « Année Beethoven », nous nous sommes penchés sur une de ses plus vastes et ambitieuses constructions (presque 600 mesures !) : le premier mouvement du Concerto no 5 opus 73, dont la création publique et la publication datent de 1811. L’architecture puissante et ingénieuse, la variété des traitements motiviques, la force de caractère, les modulations d’humeur participent à la suprématie de cette pièce. Son déploiement est inédit : l’envergure (vingt minutes ici, et encore les tempi ne traînent pas !) surclasse tous les précédents concertos pour piano du compositeur et de ses prédécesseurs, Mozart inclus.
Après ce « Grand concerto dédié à son Altesse Impériale l'Archiduc Rodolphe d'Autriche », il faudra attendre un demi-siècle (l’opus 15 de Johannes Brahms) pour que le genre retrouve une comparable envergure. Même si le qualificatif « L’Empereur » n’émane pas primitivement de Beethoven, ce sous-titre contribua à la célébrité de l’œuvre et en traduit parfaitement le faste, le grandiose. On observera que la tonalité principale (mi bémol) est une des préférées de Beethoven qui l’emploie dans douze de ses œuvres majeures, selon Dimitri Papadimitriou, (An exploration of the key characteristics in Beethoven's piano sonatas and selected instrumental repertoire, thèse pour l'Université de Dublin, juillet 2013-page 83). Afin de vous proposer quelques clés de compréhension, voici un parcours d’écoute dont les minutages se réfèrent au prestigieux enregistrement de Van Cliburn accompagné par Fritz Reiner (RCA).

  • L’Introduction : gloire et majesté

Si vous aviez un sceptre, comment feriez-vous pour marquer votre puissance, impressionner les foules, et baliser le territoire ? Il faut frapper fort et jalonner son fief. D’emblée, un fortissimo assène un mi bémol, comme une acclamation, et va se répliquer par deux autres salves dérivées de cette tonalité principale : accord parfait de sous-dominante (0’19), puis septième de dominante (0’41). Entre ces trois colonnes, le clavier s’ébroue sur tout son spectre, par d’ostentatoires formules (grappes d’accords, balayages d’arpèges, trilles…) qui semblent improvisées. Au XIXe siècle, ce genre d’introduction était applaudi au concert pour saluer la bravoure du soliste ! Un passage solennel et éblouissant qui annonce la grandeur de ce qui va suivre. Comme les artistes de cirque qui font le tour de la piste avant de commencer leur prestation ! D’emblée le soliste-protagoniste défie l’officialité protocolaire de l’orchestre. La résolution (1’07) va inviter le thème principal :

Dossier Haydn (II) : le temps des triomphes

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Crescendo Magazine poursuit la mise en ligne des dossiers publiés dans ses anciennes éditions. Vous pouvez découvrir cette semaine la seconde étape de notre dossier Haydn avec un article qui avait été rédigé par Bernadette Beyne, co-fondatrice de notre média.  

  • La Vienne de Haydn et de Beethoven

On ne sait si c'est lors de son voyage aller ou de son voyage retour que Ludwig van Beethoven présenta à Haydn une Cantate, probablement sa Cantate sur la mort de Joseph II (mars 1790), qui encouragea le jeune compositeur à poursuivre ses études. Beethoven arrive à Vienne aux environs du 10 novembre pour travailler avec Haydn, quelques mois en principe, aux frais du Prince Electeur de Bonn. On a beaucoup glosé sur les relations houleuses entre "Le Maure" et "Papa Haydn". Dans son ouvrage, Marc Vignal s'attache à remettre les pendules à l'heure, tant du point de vue des relations que du "Papa". L'auteur nous explique, lettres et témoignages à l'appui, que les prétendues dissensions sont dues à la personnalité de Beehoven plus qu'à un reniement de son maître de composition. Lorsqu'il se rendait chez le Maître, il ne manquait pas de s'attarder dans son atelier et de l'observer à l'œuvre ; il ne manquait pas non plus d'en recopier des pages. Avec Haydn, il étudiait le Gradus ad Parnassum de Fux -sous la direction de qui il avait chanté dans les choeurs à la Cathédrale Saint-Etienne-, et les traités de Mattheson et Kirnberger, remaniés, modernisés, usés de sa main, ou s'adonnait à la composition libre. Pour le contrepoint et la fugue, Haydn le confia à Albrechtsberger, comme il l'avait fait avec d'autres élèves. Mais Beethoven est farouchement indépendant ; il lui est difficile de reconnaître un maître ou d'éprouver quelque sentiment de subordination. Leur relation est en tous cas ambigüe de la part de Beethoven mais faite de confiance de la part de Haydn. Elles se tendirent après le succès de La Création et des Saisons. Après le second séjour de Haydn à Londres (1795), les relations "commencèrent à devenir la confrontation de deux compositeurs de 38 ans de différence d'âge évoluant avec le même statut dans le même milieu". 

Quant au "Papa", il tient plus à la générosité et au plaisir de donner de l'homme âgé qu'à une sourde sénilité.