Le public monégasque préfère généralement la musique symphonique à la musique de chambre, pourtant L'affiche annonçant la venue du légendaire violoniste Gidon Kremer et du prodigieux pianiste Mikhaïl Pletnev a attiré beaucoup de monde.
Le concert débute avec la SonateKV 304 de Mozart et l’interprétation des deux artistes permet de ressentir l'immense chagrin de Mozart lors de la composition de cette oeuvre, suite au décès de sa mère. Ce n’est pas seulement que la musique est dans une tonalité mineure, on saisit toute la solitude et l'angoisse de Mozart. Kremer la joue avec une toute petite sonorité, comme un souffle venant de l'au-delà. C'est terriblement mélancolique et poignant. Deuil et réconfort composent ce Mozart céleste. Le génial Pletnev joue sa partie dans le même esprit et fait sonner l'immense Kawai comme un clavecin. Cette version est très différente de celle qu'on a l'habitude d'entendre.
Hidden Gems of the Portuguese Baroque. Pietro Giorgio Avondano (1692-c1755) : Divertimenti en ut mineur, sol majeur, la mineur, ré mineur, mi mineur. Giovanni Bononcini (1670-1747) : Moi sposo t’arresta [Farnace]. Francisco António de Almeida (1703-1754) : Nell’ incognito soggiorno ; Camminante che non cura [La Pazienza di Socrate]. Ogni fronda ch’è mossa dal vento [Il Vaticinio di Pallade, e di Mercurio]. Rinaldo di Capua (c1705-c1780) : Nacqui agli affanni in seno [Catone in Utica]. Ana Quintans, soprano. Hugo Oliveira, baryton. Real Câmara, Enrico Onofri. Livret en anglais, français, allemand (paroles traduites en anglais). Novembre 2022. TT 70’17. Passacaille PAS1127
António Pereira da Costa (c1697-1770) : Concertos Grossos com doys Violins, e Violão de Concertinho Obrigados, Opera Primeira [V-X]. Ensemble Bonne Corde, Diana Vinagre. Livret en anglais, français, allemand. Octobre 2021. TT 70’24. Ramée RAM2104
Zoltán Kodály (1882-1967) : Budavári Te Deum; Psalmus Hungaricus, Op.15 ; Béla Bartók (1881-1945) : Danses de Transylvanie, Sz.96 ; Cantata Profana, Sz.94. Luiza Fatyo et Cosmina Gabor, sopranos ; Roxana Constantinescu et Melinda Duffner, mezzo-sopranos ; Marius Vlad, Ioan Hotea et Lorant Barta, ténors ; Bogdan Baciu et Ruben Ciungan, barytons. Junior VIP, direction : Anca-Monca Mariaş ; Transylvania State Philharmonic Choir, direction : Cornel Groza ; Transylvania State Philharmonic Orchestra, direction Lawrence Foster. 2022. Livret en anglais, hongrois et roumain. 64’14’’. Pentatone PTC 5187 071.
De ce spectacle prétendument présenté comme étant « opéra de Louise Bertin », on sort déboussolé.
L’œuvre est devenue un spectacle pêle-mêle dans lequel tout se mélange sans que l’on comprenne pourquoi ni comment.
L’œuvre est composée en 1836 sur un livret de Victor Hugo, par la fille du directeur du puissant Journal des débats, Louis-François Bertin dit Bertin aîné (dont Ingres a fait un magistral portrait en 1832 qui se trouve aujourd’hui au Louvre). Dans sa demeure à Bièvres, à proximité de Paris, il tenait un salon littéraire qui réunissait de nombreux jeunes artistes prometteurs, parmi lesquels Gounod, Liszt, Berlioz (qui écrivait pour ce journal d’importantes critiques musicales), Chateaubriand, et bien sûr, Hugo. L’enregistrement réalisé à l’occasion de la représentation en version de concert donnée sous la direction de Lawrence Foster, au Festival de Montpellier en 2008, montre son écriture originale qui tmoigne avec éloquence de son talent particulièrement florissant.
Mais hélas ! La metteuse en scène Jeanne Desoubeaux a tellement transformé l’œuvre qu’on la reconnaît à peine. Déjà, à l’ouverture, avec une interminable « fête infâme » en rave party avec un défilé grimaçant (imitation de gargouilles ?) sur une musique électronique enregistrée (Gabriel Legeleux) dans une sonorisation à casser l’oreille (François Lanièce) et sous des lumières agressives (Thomas Coux), on se demande à quel spectacle on va assister. Et on vérifie si on a bien lu sur le programme « opéra de Louise Bertin »… Le mélange d’époques dans les costumes (Alex Costantino) et dans la scénographie (Cécile Trémolières) aurait pu refléter une lecture transversale intéressante, mais l’absence de cohérence et la vulgarité de certaines scènes ne font qu’accentuer le sentiment de confusion totale. Si la rosace et une colonne avec chapiteau (qui sont beaux en soi) et l’échafaudage des chantiers qui symbolisent la Cathédrale d’hier et d’aujourd’hui, la généralisation de la lecture est telle qu’on peut à la limite se passer de Notre-Dame, ce qui est fort dommage.
Ex Tenebris ad Lucem. Musique vénitienne de pénitence au temps de la peste. Andrea Gabrieli (c1532-1585) : O Crux splendidor ; Nativitas tua, Dei genetrix Virgo ; Beati quorum remissae sunt ; Usquequo Domine ; Eructavit cor meum ; Deus, Deus, respice in me ; Domine ne in furore tuo. Giovanni Gabrieli (1557-1612) : Deus, Deus meus ad te luce vigilo ; Jubilate Deo. Giovanni Croce (1557-1609) : Miserere mei. Giovanni Battista Grillo (-1622) : Exaltabo te Domine. Robert Kyr (*1952) : Vigil, From Darkness into Light. Hana Blažíková, Barbora Kabátková, soprano. Alex Potter, contre-ténor. Benedict Hymas, Adriaan De Koster, ténor. Jaromir Nosek, basse. Concerto Palatino. Bruce Dickey, cornet, direction. Veronika Skuplik, violon. Simen Van Mechelen, Claire McIntyre, Charles Toet, Joost Swinkels, trombone. Miriam Shalinsky, violone. Kris Verhelst, orgue. Livret en anglais, français, allemand ; paroles en langue originale et traduction en anglais. Novembre 2022. TT 65’24. Passacaille PAS 1135
Anton Bruckner (1824-1896) : Symphonie n°5 en si-bémol majeur WAB 105 (Edition Nowa BSW/5). ORF Vienna Symphony Orchestra, Markus Poschner. 2023. LIvret en allemand et anglais. 70’57’’ Capriccio. C8090
Aaron Copland (1900-1990) : The Tender Land Suite ; Paul Creston (1906-1985) : Saxophone Concerto, Op.26 ; Ulysses Kay (1917-1995) : Pietà ; Walter Piston (1894-1976) : The Incredible Flutist Suite. Anna Mattix, cor anglais ; Timothy McAllister, saxophone alto ; National Orchestra Institute Philharmonic, JoAnn Falletta. 2022. LIvret en anglais. Naxos. 8559911.
Dimitri Chostakovitch (1906-1975) : Symphonie no 10 en mi mineur opus 93. Dmitry Liss, Orchestre philharmonique de l’Oural. Live, novembre 2021. Livret en anglais, français, russe. TT 50’43. FUG 809
Les Contes d’Hoffmann est révélateur d’un phénomène typique : on ne connaît d’une œuvre au long cours qu’un de ses airs ou un de ses moments qui ont occulté tout le reste de la partition : ainsi l’ « Hallelujah » du Messie de Haendel, les premières mesures de Also sprach Zarathoustra de Strauss, l’air de la Reine de la nuit de La Flûte enchantée de Mozart ou encore le « Frère Jacques » de la 1ère Symphonie de Mahler.
La notoriété des Contes d’Hoffmann se résume le plus souvent en sa Barcarolle (« Belle nuit, ô nuit d’amour »), « Les Oiseaux dans la charmille » ou encore « La Ballade de Kleinzack ». C’est beau, c’est envoûtant ou drôle, c’est virtuose, c’est prégnant.
Quant à l’opéra lui-même, c’est autre chose. Certains se souviennent que le cheminement du héros va croiser trois figures féminines au destin plus que particulier : Olympia, l’automate, qui va tragiquement se briser ; Antonia, la cantatrice qui mourra tragiquement de son chant ; et Giulietta, la redoutable voleuse du reflet d’un homme tragiquement piégé dans son miroir magique.
Si d’autres opéras ont des intrigues plus que compliquées (ils sont un sacré défi à l’art de résumer en quelques mots), le problème de celui-ci est qu’il est à « partition flottante » ! Offenbach est mort bien avant de lui avoir donné une version finale ; un autre l’a complété ; d’autres l’ont raccourci, l’ont restructuré, l’ont restauré. Les directions d’opéras et les metteurs en scène ont leurs points de vue, liés à la durée de la représentation (celle de Liège fait quasi quatre heures, les deux entractes inclus -ce qui est très long en soirée) ou à des conceptions dramaturgiques.