Sebastian Solte, Bastille Musique 

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Dans le flot ininterrompu des parutions, celles du label allemand Bastille Musique étonnent par leur apparence et séduisent par leurs qualités éditoriales et artistiques. Crescendo Magazine vous propose une rencontre avec Sebastian Solte fondateur et directeur de ce label. 

Pourquoi avez-vous choisi le nom "Bastille musique" ? Est-ce une analogie délibérée avec la "Prise de la Bastille" et le début de la Révolution française ?

En effet, le nom "Bastille musique" peut évoquer certaines associations. Ce n'est ni fortuit ni aléatoire.

La première chose qui interpelle à chacune de vos parutions, c'est l'emballage en carton, qui s’avère "hors du commun". Comment avez-vous conçu ce packaging ?

Le design minimaliste a été développé par un graphiste que je connais depuis longtemps. Il a passé sept ans à travailler au Japon et il a un grand sens de l'esthétique simple et substantielle. Quand l'idée de fonder une maison de disques est apparue, j'ai su que c'était lui qui s'occuperait de la conception du produit.

Quelle est pour vous l'importance du packaging dans une parution discographique ?

Ce qui compte avant tout, c'est la musique : la composition, l'interprétation et l'enregistrement. L'emballage doit soutenir la musique et la façon dont vous la percevez.

L’étonnant emballage en carton et le riche contenu éditorial de vos sorties me semblent être une invitation à prendre son temps et à écouter en dehors des modes, du trop-plein d'images, du marketing envahissant. Est-ce une démarche volontaire de votre part ? Est-ce une philosophie de "slow musique" ?

Le design réduit du packaging reflète notre philosophie : moins c'est plus. Bien sûr, cela peut aussi être considéré comme une façon de se démarquer, mais l'approche est très différente de celle de l'industrie musicale, dominée par les stars et les images de pochettes photoshopées. Revenons à ce qui compte vraiment ! La richesse du contenu de chaque sortie est une invitation à passer du temps de qualité sur le contenu, c'est-à-dire avant tout sur la musique.

Sauf erreur, vos publications ne sont pas disponibles sur les plateformes de streaming ? Cela résulte d’un choix volontaire ? 

Oui, et il y a plusieurs raisons à cela. Bien sûr, le streaming est très pratique. C'est un excellent substitut aux CD bon marché, parfait pour la consommation de masse, mais l'expérience pour les auditeurs est différente, elle est moins ciblée, moins intense. De plus, les recettes du streaming sont encore ridiculement faibles. C'est pourquoi nous avons décidé de nous en tenir pour l'instant aux produits physiques, en offrant surtout un répertoire de niche.

Le "spectre" de vos publications est très large et très exigeant : Berio, Vivier, Schubert, Rihm.... Comment choisissez-vous le programme de vos sorties ?

En travaillant comme artiste manager et producteur, je suis tombé sur beaucoup de musiques intéressantes par des artistes passionnants comme Klaus Simon et son Opera Factory Freiburg, le baryton Hans Christoph Begemann, l'ensemble Zafraan ou la pianiste Yejin Gil. Il s'agissait donc d'un choix judicieux pour les premières sorties du label. Depuis le début, presque tous nos projets d'enregistrements ont été développés en étroite collaboration avec les artistes. L'idée principale de l'édition est d'être ouvert d'esprit et donc de surprendre positivement les auditeurs. Dans le même temps, toutes les œuvres seront traitées de manière équivalente, qu'elles aient été composées il y a trois ou trois cents ans. Il faut juste être convaincu de la musique.

Comment voyez-vous l'avenir de la musique enregistrée ?

Je suis persuadé que les auditeurs apprécieront toujours la musique enregistrée, qu'elle soit nouvelle ou ancienne, que je ne considère pas comme un substitut à la musique en direct. À la lumière de la crise actuelle du coronavirus, nous réalisons tous encore plus la valeur des vrais concerts ou des spectacles en direct qui nous manquent si cruellement. Mais nous pouvons aussi prendre conscience de la valeur des bons enregistrements et (re)explorer nos collections de disques.

Plus d'informations sur Bastille Musique : www.facebook.com/bastillemusique

Propos recueillis par Pierre-Jean Tribot

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