Stravinsky par Klaus Mäkelä et l'Orchestre de Paris

par

Igor Stravinsky (1882-1971) : Le Sacre du Printemps, L’Oiseau de feu (version ballet 1911). Orchestre de Paris, Klaus Mäkelä. 2022. Livret en anglais, français et allemand. 83’21’’.  DECCA

Cet album Stravinsky est le premier enregistrement de Klaus Mäkelä avec l’Orchestre de Paris dont le précédent enregistrement était consacré au Sacre du printemps de Stravinsky mais sous la direction de Pablo Heras-Casado. Il faut dire que le célèbre ballet de Stravinsky est l’un des chevaux de bataille de la phalange parisienne qui en a laissé des témoignages sous les baguettes de Daniel Barenboïm (Erato), Semyon Bychkov (Decca), Paavo Järvi (Electric Pictures) et  Pablo Heras-Casado (HM) alors que le public se souvient de nombreux concerts dont ceux sous la baguette de Pierre Boulez. 

En matière de discographie du Sacre du Printemps, il y a les interprètes barbares (Antal Dorati / Esa-Pekka Salonen / Seiji Ozawa), les intellectuels de l’Orchestre (Pierre Boulez / Michael Tilson Thomas) et les esthètes raffinés (Herbert Von Karajan / Sir Colin Davis). Klaus Mäkelä se rattache plutôt au cercle des esthètes de la baguette. Son Sacre, mesuré ne cherche pas la force brute mais plutôt l’unicité logique d’une écriture révolutionnaire. Tout est ici savamment élaboré dans les contrastes, les nuances et la lisibilité des phrasés. Il y a une assez grande proximité de vue avec l'enregistrement de Pablo Heras-Casado, mais c'est ici bien plus abouti. L’Orchestre de Paris fait bloc autant des les dynamiques que dans les individualités avec de superbes vents. On ne peut reprocher à cette lecture un côté intentionné, mais la réalisation est parfaite et la vision des plus cohérentes car elle se distingue dans une discographie pléthorique.  

L’Oiseau de feu est également l’une des partitions phares de l’Orchestre de Paris qui en laisse deux témoignages majeurs : une lecture fauvisme en technicolor sous la baguette du jeune Seiji Ozawa (Warner) et le concert légendaire de Pierre Boulez à la Pyramide du Louvre en 2008 (Ideale Audience).  Klaus Mäkelä replace l’oeuvre, judicieusement interprétée dans sa version ballet originelle et non par le biais de l’une des suites qui casse la narration, dans une filialisation rimskienne. Nous sommes dans un univers sonore ondoyant peuplé de féérie et de magie. La lecture du chef finlandais s’appuie sur des pupitres de vents magistraux capables des plus belles nuances et des plus infinies couleurs. Klaus Mäkelä caresse une masse instrumentale mobile et poétique. C’est l’une des très grandes lectures de ce ballet. 

Ce premier témoignage sous la baguette de Klaus Mäkelä, qui nous permet de retrouver un Orchestre de Paris assez timide au disque ces dernières années , est une excellente entrée en matière. 

Son : 10 – Livret : 8 – Répertoire : 10 – Interprétation : 9 

Pierre-Jean Tribot 

Chronique réalisée sur base des fichiers numériques.

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