Tchaïkovski et Wagner, une évidence ?

par

Richard Wagner (1813-1883) : “Vorspiel und Liebestod” (Tristan une Isolde) ; Pyotr Ilyich Tchaikovsky (1840-1893) : Symphonie n°4 en fa mineur, Op. 36. Philharmonie Zuidnederland, Dmitri Liss, direction. 2018-DDD-58’04-Textes de présentation en anglais, français et néérlandais-Fuga Libera-FUG754

En liant intimement d’un point de vue historique Wagner et Tchaikovsky, Dmittri Liss ne tombe pas dans le piège de la lenteur et de la surenchère voire la surinterprétation de deux sommets incontournables du répertoire parfois malmenés. Historique car si rien ne semble de prime abord rapprocher ces deux génies, il demeure une rencontre qui changera radicalement l’avenir de l’un. En 1863, Wagner est en Russie pour une tournée de concerts. Au programme, des pages symphoniques extraites de ses opéras et quelques autres compositeurs dont, notamment, Beethoven. Tchaikovsky découvre l’œuvre de Wagner par cet intermédiaire et très vite admire le travail orchestral du compositeur de Tristan (pour l’aspect vocal, le jugement sera tout autre). En découvrant la sensualité du Vorspiel und Liebestod, Tchaikovsky, qui jusque-là écrivait dans l’art des règles, s’affranchit de ces contraintes et innove harmoniquement et formellement. Aux accents de liberté, Tchaikovsky, dont la vie sentimentale est alors très troublée, se tourne vers l’avenir, se teste à un développement thématique emprunté chez Wagner et s’aventure dans une œuvre dite « à programme ». On est alors loin de ses premiers essais.

Dmitri Liss pousse à son paroxysme les différents langages si novateurs de ces deux grands génies musicaux. Un tout organique émane de son interprétation, les tempi, choix de couleurs et dynamiques sont toujours en parfaite corrélation avec le matériau musical. Tout émerge avec intention, démontrant une lucidité d’une efficacité implacable. Le travail sur les dynamiques est quasi chirurgical, toutes les intentions et indications du compositeur parfaitement respectées. Un travail finement ciselé qui permet alors une grande liberté expressive, un moment presque intemporel tant la musique vit, bouge et se mue à une pensée intrinsèque d’une richesse rarement égalée.

Le travail d’homogénéité dans les cordes est titanesque, tant sur la longueur des valeurs que l’articulation. Les vents se démarquent aussi par une palette expressive très naturelle où tout chante. Une grande baguette et un orchestre qui rendent service à la musique par une sonorité onctueuse, souple, tantôt nerveuse, tantôt souple.
A découvrir.

Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Livret 10 – Répertoire 10 – Interprétation 10

 

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