Beethoven avec Frank Peter Zimmermann et Martin Helmchen à Monte-Carlo : la suite

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On a hâte d'écouter le deuxième récital de l'intégrale des sonates pour violon et piano de Beethoven par Frank Peter Zimmermann et Martin Helmchen. La scène de l'Auditorium Rainier III à Monte-Carlo est éclairée de rouge, couleur festive pour célébrer le 250e anniversaire de la naissance de Beethoven. Les projecteurs s'éteignent, on est plongé dans une pénombre. L’ambiance se fait sombre et glaciale. Serait-ce un hommage à ces milliers de concerts programmés dans le monde pour l'année Beethoven et annulés à cause de la pandémie ?

D'emblée, Frank Peter Zimmermann et Martin Helmchen brisent cette atmosphère polaire et nous transportent dans le monde radieux et lyrique de la Sonate n°6 en la majeur op.30 n°1. L'archet de Zimmermann tranche net l'obscurité, le clavier de Martin Helmchen caresse, chante et s'emporte tour à tour. Le feu couve, les passions brûlent, la Sonate n°7 op.30 n°2, au caractère tempétueux, est interprétée avec intensité, puissance et énergie. Un vrai feu d'artifice !

La sonate n°8 op.30 n°3 est pleine de charme. Frank Peter Zimmermann et Martin Helmchen nous invitent à la danse et nous entraînent dans un tourbillon.  La Sonate n° 3 op.12 n°3 en mi bémol majeur, dédiée à Antonio Salieri, est sans doute la plus belle des sonates de jeunesse. Les musiciens respirent à l'unisson, le dialogue s'impose comme l'eau cristalline d'un ruisseau. La Sonate n°10 op.96 en sol majeur, est la plus charmante des sonates de Beethoven. 

Frank Peter Zimmermann et Martin Helmchen forment un duo parfait. Une respiration, une grande humilité, de la clarté, de la grâce, un équilibre parfait au service de la musique de Beethoven. La sonorité chaleureuse que Zimmermann crée avec son Stradivarius "Lady Inchiquin" est un réel bonheur pour l'oreille.  On ne peut s'empêcher de penser à cette même harmonie entre Arthur Grumiaux au violon et Clara Haskil au piano, dans leur légendaire enregistrement de l'intégrale des sonates de Beethoven. D’ailleurs le Belge Arthur Grumiaux est un des modèles de Zimmermann. Helmchen a remporté le Concours Clara Haskil en 2001 et son jeu rappelle celui de cette grande dame du piano.

Le public est enchanté et le manifeste par une ovation enthousiaste après les Sonates n°7 et n°8. Le programme est long. Le récital commencé à 18h se termine à 19h57. Le couvre-feu est à 20h, même s'il y a une dérogation pour les spectacles à Monaco. Les gens se ruent vers la sortie.  On aurait pourtant aimé profiter encore un peu de ces moments magiques avec l’un ou l’autre “bis”. 

Monte-Carlo, Auditorium Rainier III, 11 décembre 202

Carlo Schreiber

Crédits photographiques : Jean-Louis Neveu

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