Intemporels

Les dossiers.
Les graines de curieux : les découvertes un peu piquantes de la musique.
Musiques en pistes : pour une écoute active de la musique. Analyse et exemples sur partitions et écoutes d’extraits.
Focus : un événement particulier dans la vie musicale

Musique et poésie (5) : Pouchkine et l'opéra

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Alexandre Sergueievitch Pouchkine (Moscou 1799 - Saint-Pétersbourg 1837), poète lyrique et épique, dramaturge, reste l'incarnation même du génie national russe. Depuis Alexandre Nevski, prince moscovite du XIIIe siècle, ses ancêtres furent intimement liés à l'histoire de son pays et il fut en relation avec les meilleurs esprits de son temps. Sa précocité littéraire se manifesta à l'âge de treize ans. Lancé à corps perdu dans la vie mondaine, il mena une vie aventureuse jusqu'au duel qui marqua le terme si prématuré de son existence. Quoi qu'il fît, et jusque dans ces périodes où ses écrits séditieux lui valurent d'être exilé, chaque étape de sa vie fut une source d'expérience dont il est resté des traces dans ses écrits. Eugène Onéguine, héros romantique byronien, désabusé, épris de liberté, c'est lui. De même pour Don Juan.

 Son style évoque une clarté à la française alliée à une profonde musicalité. Une donnée intéressante est également la désignation de Pouchkine comme "Shakespeare russe". Il nous dit combien Shakespeare sait compromettre ses personnages "avec toute l'abondance de la vie". Tout Boris Godounov illustre ces théories.  

Musique et poésie (4) : Garcia lorca quand la guitare fait pleurer les songes 

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La musique fut pour Garcia Lorca une seconde nature. Adolescent, il envisagea même de s'y consacrer, prit des leçons de piano et de guitare, et ne renonça à une carrière musicale qu'à l'âge de dix-huit ans, lorsque son maître mourut. Mais il était véritablement musicien, beaucoup plus que Bertolt Brecht, et les quelques compositions qu'il nous laisse en témoignent, qu'il s'agisse du recueil des treize Mélodies espagnoles traditionnelles, pourvues d'une harmonisation fine et élégante, ou des quelques mélodies écrites pour deux de ses pièces de théâtre, Noces de Sang et Mariana Pineda. Cet Andalou de Grenade fut imbibé jusqu'aux moelles de cante jondo, variante la plus pure et la plus secrète, la plus ancienne aussi, du chant flamenco, dont il devint l'un des plus éminents connaisseurs. Nul n'a parlé en termes plus pénétrants du "duende", ce terme intraduisible qui désigne une certaine forme d'état de grâce, d'inspiration pouvant aller jusqu'à la transe, des musiciens du cante jondo, dans leur recherche des "sonidos negros", des fameux "sons noirs". Il faut véritablement avoir du sang gitan pour cela. Ce n'était pas le cas de Garcia Lorca, mais il se sentait extrêmement proche de cette communauté souvent méprisée et opprimée, au sein de laquelle il comptait de nombreux amis. 

Le maestro Georges Octors a définitivement quitté l’estrade, sur la pointe des pieds…

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Figure tutélaire de l’Orchestre National de Belgique et du Concours Musical International Reine Elisabeth de Belgique, Georges Octors a tiré sa révérence le 18 juin 2020 à l’âge de 97 ans. Inhumé dans l’intimité le 24 juin, il laisse derrière lui le souvenir impérissable d’un chef remarquable aux qualités humaines inestimables.

Georges Octors naît en 1923 à Gamboni, au Congo belge, d’un père belge et d’une mère bantou. Il n’a pas deux ans lorsque sa famille s’installe en Belgique. Initié dès la plus tendre enfance aux joies de la musique, il entre, adolescent, au Conservatoire Royal de Bruxelles, où il fait ses armes au violon auprès de Maurice Raskin et d’un disciple d’Eugène Ysaÿe, Mathieu Crickboom. Sa carrière de violoniste connaît dès lors une ascension aussi fulgurante que brève. Dès 1945, Octors intègre les rangs de l’Orchestre Symphonique de la Monnaie en tant que violon solo. Mais sa vocation de chef d’orchestre ne tarde pas à prendre le dessus sur celle de virtuose. En 1956, il crée l’Ensemble Bach d’Anvers, qu’une renommée rapidement acquise amènera à sillonner l’Europe. En 1960, André Cluytens, directeur musical de l’Orchestre National de Belgique, en fait son assistant. À la mort de Cluytens, en 1967, Octors reprend les rênes de l’orchestre en tant que chef ad interim. En 1975, il accède officiellement au poste de directeur musical de l’ONB, qu’il occupera jusqu’en 1984. Il foule ensuite l’estrade de l’Orchestre royal de Chambre de Wallonie (ORCW) pendant sept ans. Très apprécié aux Pays-Bas, il y dirige plusieurs phalanges, assurant notamment la direction musicale du Gelders Orkest à Arnhem durant dix ans. De nombreux orchestres belges et européens l’inviteront également à prendre la baguette : l’Orchestre Philharmonique de Liège, l’Orchestre de la Radio Irlandaise, l’Orchestre Symphonique de la RTBF, l’Orchestre de Bretagne, l’Orchestre de Chambre du Théâtre Royal de la Monnaie, l’Orchestre International des Jeunesses Musicales, la Beethoven Academie, et les ensembles parisiens "Musique Vivante" et "Musique Oblique". Les États-Unis, la Russie et la Corée du Sud lui réservent, eux aussi, un accueil chaleureux. 

À la tête de l’ONB, Georges Octors devint l’une des coqueluches du public belge, qui se souvient surtout de la prestance et du calme olympien avec lesquels il dirigea les finales du Concours Reine Elisabeth de 1976 à 1989. Octors était lui-même un habitué des concours : il n’a que 18 ans lorsqu’il décroche, en 1941, le premier prix du Concours Henri Vieuxtemps, avant d’être distingué lors du concours Long-Thibaud à Paris. Aguerri aux épreuves et à la pression qui les accompagnent, il n’en sut que mieux comprendre et entourer les candidats qui se collèrent au prestigieux concours belge. Ceux qui eurent le cran d’affronter le jury sur les planches de la salle Henry Le Bœuf, au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, savaient qu’ils pouvaient compter sur l’appui indéfectible et la bienveillance de Georges Octors. Ils conservent à tout jamais le souvenir d’un homme d’une humilité, d’une discrétion et d’une bonté sans égales, vertus aussi estimables que peu communes chez un chef de cette envergure. Conjuguées à ses compétences artistiques, ses qualités humaines étaient particulièrement prisées par les lauréats qui, galvanisés par sa confiance, pouvaient livrer le meilleur d’eux-mêmes.

Bram Van Sambeek, virtuose du basson

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Photo: Marco Borggreve

À l’occasion de la sortie de son dernier album chez le label BIS, incluant un captivant Concerto d’Édouard Du Puy (c.1770-1822) tiré des oubliettes, nous avons contacté le bassoniste Bram Van Sambeek afin d’expliciter les circonstances de sa découverte. Et la façon dont il conçoit cette œuvre.

Votre enregistrement en juin 2009 pour Brilliant comprenait une œuvre d'Édouard Du Puy, un concerto arrangé d’après son Quintette. Était-ce votre premier contact avec ce compositeur ?

En effet, c'est grâce à une parution antérieure chez BIS (un merveilleux enregistrement de Cristian Davidsson avec le Sundsvall Chamber Orchestra/Willen) que ce quintette avait déjà été ajouté au répertoire standard des bassonistes. 

Dans le livret du SACD, vous expliquez qu'en demandant une copie de ce Quintette à la Bibliothèque nationale de Suède, vous avez reçu par erreur un exemplaire d'un Concerto en ut mineur. Pouvez-vous nous en dire davantage sur cette découverte ? En quelle année était-ce ? Dans quel état et sous quelle forme se présente la partition autographe ? Comment peut-on expliquer qu'un chef-d’œuvre aussi exaltant ait pu rester caché pendant si longtemps ? Peut-on imaginer qu'il n'ait été joué au XXe siècle ?

Lorsque je préparais mon propre enregistrement du Quintette de Du Puy en 2008, j'ai demandé à la Bibliothèque royale de Stockholm de m'envoyer le manuscrit original. J'ai réalisé que le travail sur l'enregistrement précédent de Davidsson était un arrangement du quintette. Mais dans ma demande à la bibliothèque, j'ai utilisé le nom "Concerto" parce que l'éditeur (Orlando Musikverlag) a utilisé ce nom au lieu de "Quintette". C'est là que cet heureux malentendu a commencé ! J'ai été très surpris de trouver cette musique substantielle et spectaculaire, ainsi que toute une série de musique de chambre supplémentaire (probablement aussi inédite) de la main de Du Puy.  Nous pouvons être reconnaissants envers ces bibliothécaires zélés. Cependant, le quintette que j'avais demandé manquait, et n'a été envoyé que plus tard dans l'année.

L'état autographe est très clair et préparé avec soin. Compte tenu de la faible quantité de notre répertoire soliste datant du début du romantisme, il est certes presque inimaginable qu'une pièce aussi importante et belle soit restée impratiquée mais, à ma connaissance, on ne trouve aucune mention de représentations après 1830.

L'œuvre a très probablement été écrite pour deux des trois frères Preumayr, bassonistes, nommés Franz et Johann Conrad. La raison pour laquelle elle n'a pas été jouée pendant si longtemps ne peut s’expliquer que dans l'utilisation absolument extraordinaire de notes aussi aiguës, et par une virtuosité qui était jusqu'alors quasiment inégalée. On peut imaginer que d'autres bassonistes la considéraient comme trop attachée aux spécialités virtuoses de ces frères Preumayr et n'osaient pas y toucher. Franz Preumayr, qui des trois était le plus actif en tant que soliste, a peut-être même été l'un des tout premiers et des rares, sinon le seul bassoniste, à faire une tournée européenne en tant que tel.

Preumayr nous a laissé un journal dans lequel il a consigné ses expériences de cette tournée ; ses observations plutôt négatives sur les célèbres bassonistes parisiens de l'époque sont amusantes à lire. Considérant les comptes rendus de ses concerts et les éloges qu'il a reçus de ses collègues français (et qu'il a décrits dans son journal), ses qualités sur l'instrument étaient inconnues auparavant.

François-Frédéric Guy : Mon rêve est que Beethoven soit toujours dans nos cœurs !

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Le pianiste français François-Frédéric Guy est incontestablement l’un des plus grands beethovéniens actuels. Le projet de l’intégrale des sonates avec des jeunes pianistes, initialement prévu en mars dernier, voit enfin le jour ce week-end à Paris. Le musicien nous a parlé de sa passion pour le maître de Bonn.

Vous avez donné l’intégrale des sonates de Beethoven en novembre dernier au Japon et les cinq concertos de Beethoven en janvier de cette année à Paris avec l’Orchestre de Chambre de Paris. Pourriez-vous parler de ces deux séries ?

L’intégrale des 32 sonates au Japon était pour moi un événement très important. D’abord, c’était la dixième fois que je jouais ce cycle. C’était donc une sorte d’anniversaire d’un projet fou que j’ai fêté à Tokyo – Vous savez, j’ai un amour inconditionnel pour le Japon ! J’ai eu une chance inouïe d’avoir pu réaliser cette série de neuf concerts dans la magnifique salle de Musashino Civic Cultural Hall, d’autant que le public était enthousiaste. Tous les concerts étaient complets. Et après chaque concert, dédicace de disques pendant des heures, un rituel typiquement japonais… Il y a eu une standing ovation tout à la fin, au dernier concert, les auditeurs étaient emportés, déchaînés, ils poussaient des cris, comme dans un concert de rock ! Pour ma part, je n’ai jamais vu ça au Japon ! Les Japonais sont d’habitude très calmes et très disciplinés, même quand ils aiment, ils gardent une distance, ils sont réservés, par politesse aussi, peut-être. Mais là, c’était… merveilleux. Vraiment merveilleux.

Ensuite, à Paris, nous avons également eu un grand succès avec l’Orchestre de Chambre de Paris, au théâtre des Champs-Élysées, pour les cinq concertos en une soirée que nous avons joués à guichets fermés. Nous avons d’abord donné un premier concert, suivi d’une pause longue pendant laquelle les gens pouvaient dîner, moi aussi d’ailleurs ! Puis, un autre concert et après 20 minutes de pause, enfin le Cinquième Concerto. C’était un grand voyage exceptionnel. Je suis depuis trois ans un artiste associé à l’Orchestre de Chambre de Paris et nous avons construit beaucoup de projets originaux ensemble. Nous avons joué plusieurs concerts à Paris, dont beaucoup en jouer-diriger. J’ai fait mes débuts en tant que chef d’orchestre avec eux à Paris avec la Cinquième Symphonie de Beethoven, en 2018, en première partie le Triple Concerto dirigé du piano. Un moment inoubliable pour moi !

« Je ne conçois pas une intégrale comme un marathon,
mais comme un grand voyage »

L’idée de donner l’intégrale des concertos ou des sonates en un temps court n’est pas de faire un marathon, mais plutôt celle d’un voyage. Offrir au public une occasion d’entendre ces œuvres dans la continuité et de suivre son évolution, depuis des compositions de jeunesse qui imitent encore Mozart pour arriver, en ce qui concerne les sonates, à la maturité, à ces dynamites beethovéniennes, à l’explosion du style classique.
Pour les sonates qui sont échelonnées sur toute sa vie, je les considère comme une autobiographie.

Musique et poésie (1) : Goethe et ses compositeurs

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Peut-on employer le possessif ? Tant il apparaît évident que les rapports du grand poète allemand avec la musique sont teintés d’ambiguïté. Il serait absurde d’affirmer qu’il n’aimait pas la musique. Bien au contraire, il travailla, enfant, le piano et le violoncelle mais il la craignait en tant qu’art susceptible de supplanter le sien : la poésie.  

 "Le musicien devrait être constamment recueilli en lui-même, développer son être le plus intime afin de pouvoir ensuite le manifester au dehors. A l’inverse, le peintre ou le sculpteur doit vivre dans le monde extérieur et manifester son être intérieur en quelque sorte inconsciemment, par les objets extérieurs et dans les objets extérieurs. Ils doivent enfin s’élever si haut au-dessus du vulgaire, que la communauté du peuple toute entière se sente ennoblie dans ces œuvres et par elles". 

Cette musique qu’il considère comme une rivale le pousse à manquer d’objectivité à tel point qu’il sera toujours proche de compositeurs secondaires comme Zelter qu’il rencontre en 1796, Eberwein, Reichardt et qu’il négligera Beethoven, Schubert. A la musique pure, il préférera toujours l’opéra, sans doute par ses aspects visuel et verbal. Goethe s’est constamment efforcé de donner à chaque vers une musicalité qui lui est propre. Et la musique des compositeurs qu’il préférait ne le dérangeait pas outre mesure dès lors qu’elle ne bouleversait pas la quintessence du texte. Les compositions de Zelter respectant la métrique, la cadence et le rythme étaient immédiatement identiques aux poèmes de Goethe : "La Musique ne sert qu’à transporter l’auditeur dans l’atmosphère qu’indique le poème". Et pourtant, un seul parvint à comprendre le phrasé du texte et "accoupler" au mot la note juste : Franz Schubert et dans une moindre mesure, Hugo Wolf.  

Musique et poésie (2) : Clara Schumann et les poètes

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« C’est alors que l’épidémie de Choléra éclate à Paris. Personne n’a plus la tête ni l’oreille à la musique. Même la petite salle sur laquelle Wieck s’est rabattu reste vide quand Clara tente quand même de jouer : pour la première fois sans partition, et avec une improvisation plus importante. On pourrait presque dire que cette soirée est un succès -si seulement il y avait eu des gens pour l’entendre. » Dans Le roman du piano de Dieter Hildebrandt ( Actes Sud, 2003 pour la traduction française), cet extrait survient juste après la rencontre à Weimar de la toute jeune Clara Wieck-Schumann, âgée alors de 12 ans, avec Goethe, âgé quant à lui de 83 ans. « Cette fillette est plus forte à elle seule que six garçons réunis », dira-t-il spontanément à son père, Wieck. Séduit par le talent précoce de cette musicienne, celle-ci  reçoit une médaille de bronze à l’effigie du poète.

Musique et poésie (3) : Brecht entre dialectique et distanciation

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ADN-ZB/Kolbe
9.4.1980 [Datum Archiveingang]
Bertolt Brecht
geb. 10.2.1898 Augsburg
gest. 14.8.1956 Berlin, Dichter, Theatertheoretiker und Regisseur.

Incontestablement, Bertolt Brecht aimait la musique. Sans avoir connu de formation professionnelle dans ce domaine, il chantait en s'accompagnant à la guitare et composa un certain nombre de mélodies sur ses propres poèmes, sans pour autant pouvoir les noter lui-même. Son œuvre littéraire, après une première phase expressionniste et subjective, s'orienta tôt vers la critique sociale, et sa rencontre avec Hanns Eisler, qui devait devenir son collaborateur musical le plus fidèle et le plus fécond, précipita son évolution dans le sens d'un engagement actif dans l'aile marxiste de la gauche allemande de la fin des années 1920. Cependant, même à la fin de sa vie passée en République démocratique allemande, il n'adhéra jamais au Parti communiste. 

Ralph van Raat, pianiste sans frontières 

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Le pianiste Ralph van Raat construit une discographie essentielle dans son exploration des répertoires de notre temps. Pour Naxos, il publie un nouvel album centré sur des oeuvres rares de Boulez, Debussy, Messiaen et Ravel. Cet album est important car il propose en première mondiale une oeuvre de jeunesse de Pierre Boulez : Prélude, Toccata et Scherzo. Ralph van Raat nous entretient de la place de cette oeuvre dans l’univers de Pierre Boulez tout en nous présentant sa vision de la musique. 

Votre nouvel album s'intitule “raretés française pour piano”. Pourquoi avez-vous décidé de réunir Boulez, Debussy, Messiaen et Ravel sur un même enregistrement ?

La musique française en général m'a toujours séduit -Debussy et Ravel que j'ai connus vers l'âge de dix ans, et Messiaen et Boulez quelques années plus tard. C'est la musique que j'ai écoutée tout au long de mon adolescence -au lycée, Boulez me fascinait par son énergie et, parfois, par sa crudité ; Messiaen par son monde harmonique de couleurs, et Debussy et Ravel que je considérais à l'époque comme une étape parfaite entre la musique classique que je jouais, et le jazz, de Bill Evans par exemple, que j'écoutais aussi beaucoup. Certaines des pièces de l'album que j'ai toujours eu en tête d'enregistrer, mais pour lesquelles je n'ai pas trouvé de contexte approprié car elles sont "hors du répertoire principal" du compositeur. Comme j'ai fait des recherches sur le Prélude, Toccata et Scherzo de Boulez et qu'il semblait y avoir un intérêt pour un enregistrement, j'ai eu une bonne occasion de faire un album d'une collection de ces pièces. 

Orgues au soleil, acte 1

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L’orgue, au cours de son histoire vieille depuis l’Antiquité, s’est sédentarisé, massifié, sanctuarisé. Pour devenir un instrument d’intérieur, confiné dans la fraicheur des églises ou l’air climatisé des salles de concert. Un colosse sempiternel, un gardien du temple au service d’une musique grandiloquente, terne, ennuyeuse ?

En ces premiers jours de l’été, voici lancée une série baptisée « Orgues du soleil », qui veut explorer, valoriser quelques dépaysantes et réjouissantes voies de traverse, à l’encontre des clichés réducteurs. Repousser les murs, ouvrir les voûtes vers le ciel bleu. Au travers une sélection discographique prévue en quatre parutions échelonnées jusque fin août : vingt albums et autant de valeurs sûres. Parmi lesquelles nous distinguerons, en fin de parcours, cinq « incontournables ».

Ce voyage va nous emmener dans quelques jolis coins en bas de la France, en Europe centrale et méridionale, au Mexique, en Asie du Sud, en Afrique… Découvrir des instruments lumineux, radieux, aériens, dans des œuvres principalement (mais non exclusivement) puisées au fonds italo-ibérique. Il ne s’agit pourtant pas d’une anthologie des plus grandes œuvres du répertoire : en cette période estivale, nous privilégions la légèreté, le divertissement, la décontraction, excusant que quelques grands compositeurs soient absents ou sous-représentés. Au profit de pages plus relaxantes ou récréatives.

La plupart des enregistrements sont disponibles en support physique ou sur les plateformes de téléchargement. Quelques autres, que l’on ne pouvait décemment passer sous silence, se trouvent sur le marché de l’occasion ou les bonnes médiathèques.