Scènes et Studios

Que se passe-t-il sur les scènes d’Europe ? A l’opéra, au concert, les conférences, les initiatives nouvelles.

Une Chauve-Souris festive à Lausanne

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En ombres chinoises, se profile Vienne, la cité impériale avec sa Grande-Roue au Prater. Devant une haute maison en forme de tour qu’escalade un ténor hurlant à tue-tête son amour, est projeté un message-invitation du Dr Falke à Gabriel von Eisenstein, tandis qu’un acrobate chauve-souris se jette dans le vide. C’est ainsi qu’Adriano Sinivia présente cette Fledermaus (chantée en allemand avec les dialogues parlés en français) aussi déjantée que sa Cenerentola de l’automne 2015, en se mettant dans la peau d’un Falke ridiculisé par son accoutrement de mammifère volant, qui ne songe qu’à se venger de son compère.

Caroline Casadesus est la Voix Humaine

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Si la Voix Humaine de Poulenc est bien connue par sa version orchestrale, elle est encore une rareté dans sa version piano/chant. C’est le grand intérêt d’un nouveau DVD qui propose cette oeuvre par Caroline Casadesus et Jean-Christophe Rigaud, dans une mise en scène de Juliette Mailhé sous les caméras de François Manceaux. Caroline Casadesus nous explique les particularités et l’intérêt de cette version.    

Anna Caterina Antonacci en récital à La Monnaie.

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La saison des récitals de chant à la Monnaie nous apportait l’une des grandes chanteuses de notre époque dans un programme d’une rare intelligence qui explorait un axe franco-italien : Ottorino Respighi, Martucci, Nadia Boulanger et Ernest Chausson. Même si Anna Caterina Antonacci n’est pas l’une des plus présentes sur la scène bruxelloise (ses apparitions s’y limitaient alors à trois récitals et trois opéras en version de concert), elle avait drainé un public érudit et concentré.

Ravel à Noël avec le Belgian National Orchestra

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Depuis quelques années, le concert de Noël de l’Orchestre National de Belgique (Belgian National Orchestra comme il faut dire désormais) est devenu l’un des évènements de la saison, permettant à toutes les générations de mélomanes, et surtout aux nombreux enfants présents, de se réunir autour d’une oeuvre musicale festive et joyeuse. Après Casse-noisette l’an passé, c’est au tour de l’Enfant et les sortilèges de Ravel d’être au menu de ce concert un peu particulier.

Mon Casse-Noisette, selon Béjart

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Sur la gauche se dresse un sapin de Noël maigrichon, avec quelques boules et guirlandes éparses, qui semblent avoir survécu aux années précédentes ; un enfant est assis tristement devant l’arbre, car sa mère est morte quand il avait sept ans. Miracle : sous les traits d’Elisabet Ros, elle réapparaît tout à coup en déposant à ses pieds un petit cadeau. C’est ainsi que se présente ce Casse-Noisette revisité par Maurice Béjart qui le produisit pour la première fois au Teatro Regio de Turin le 4 octobre 1998, et que reprennent, vingt ans plus tard, Gil Roman et le Béjart Ballet Lausanne au Théâtre de Beaulieu.

La Belle Hélène dans les visées de la mission « beauté fatale » à Nancy

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Chaque production de La Belle Hélène est si attendue par les amoureux de Jacques Offenbach qu'elle représente un défi pour tout metteur en scène. Comment présenter cette opérette archi-connue sans tomber dans la banalité ou la vulgarité, tout en proposant une lecture neuve et amusante ? La parti pris de Bruno Ravella à l’Opéra National de Lorraine (jusqu'au 23 décembre) est de jouer avec la surperficialité, l’hypocrisie d’un pouvoir déconnecté de la réalité et qui cultive sa futilité, en s'appuyant sur des situations identifiables pour le public d’aujourd’hui.

Concert de Noël : we have a dream à l’OPRL

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En cette période de fin d’année, nombre d’institutions culturelles célèbrent Noël par un ou plusieurs évènements « extraordinaires » qui perpétuent la tradition. La musique n’échappe naturellement pas à ce credo d’autant plus lorsque son répertoire participe, par le caractère festif, dansant et volontiers pétillant, à cette célébration attendue. Pour éviter de rester dans ce cadre certes large mais tellement reproduit qu’est la palette des valses des grands Viennois, entre-autres, certaines institutions vont plus loin et proposent des spectacles inédits qui, de prime abord, ne font pas partie de leur ADN.

Une Dame aux camélias de belle tenue

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Pour la sixième fois à l’Opéra de Paris, est reprise La Dame aux camélias, le ballet en un prologue et trois actes élaboré par John Neumeier à l’intention de la grande ballerine Marcia Haydée qui en assura la création avec le Ballet de Stuttgart le 4 novembre 1978. Puis l’ouvrage entra au répertoire parisien le 20 juin 2006 ; et c’est dans le rôle de Marguerite Gautier qu’Agnès Letestu, aujourd’hui répétitrice invitée, fit ses adieux à la scène en octobre 2013.

Dans les décors et costumes d’origine conçus par Jürgen Rose sous les lumières de Rolf Warter, Kevin Haigen et Janusz Mazon, les deux répétiteurs patentés, redonnent vie au spectacle qui véhicule toujours le même impact émotionnel grâce à la musique de Chopin choisie par le chorégraphe selon une suggestion du chef d’orchestre Gerhard Markson.

Sokolov, un pianiste de génie !

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Une fois de plus, Grigory Sokolov a été l’invité de la série ‘Les Grands Interprètes’ organisée par l’agence de concerts Caecilia. Et une fois de plus, l’on ne peut que déposer les armes. devant un pianiste hors du commun qui proscrit toute afféterie pour n’aller qu’à l’essentiel.

Et c’est bien la sensation qui émane d’emblée de l’opus 2 n.3, la Troisième Sonate en ut majeur de Beethoven, abordée avec une précision du trait et une dynamique soutenue ahurissantes, alors que le dolce du second thème ruisselle de tendres accords. L’Adagio n’est que simplicité désarmante avec ces grappes d’arpèges translucides irisant une main gauche sonore comme une basse d’orgue. Le Scherzo revêt une allure champêtre pleine d’allant, tandis que le Finale a une élégance aérienne et un legato dans le cantabile qui préfigurent le Mendelssohn des Lieder ohne Worte. En regard de ce premier Beethoven datant des années 1794-95, Grigory Sokolov oppose celui de la fin avec les onze Bagatelles op.119 élaborées dès 1820. A chacune d’elles, il prête une spécificité qui allie la confidence à la nonchalance et à la fantaisie que suscitent le passage rapide des mains, le trille ou le rubato le plus subtil.

Le Mozart de Marc Minkowski

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Pour la seconde fois depuis mai 2009, Marc Minkowski et les Musiciens du Louvre sont les invités du Service Culturel Migros de Genève. En entrant sur la scène du Victoria Hall, le chef prend la parole pour présenter son programme et s’émeut en évoquant le souvenir de sa grand-mère qui avait fait ses classes de chant au Conservatoire de la Place Neuve, et en la rapprochant de notre ténor veveysan adulé, Hugues Cuenod, l’un de ses grands amis, qui avait été un interprète notoire de la musique religieuse de Mozart.