Grigory Sokolov au Festival International de Colmar
Depuis le 5 juillet, le Festival International de Colmar version Alain Altinoglu bat son plein dans la petite ville alsacienne. Pour son retour après le covid, les mots d’ordre sont nouveautés et ouverture. Mélangeant le répertoire populaire avec des œuvres moins souvent jouées, tel que Enoch Arden de Richard Strauss, le festival se terminera le 14 juillet.
Ce lundi 10, la magnifique église Saint-Matthieu a une nouvelle fois accueilli le pianiste russe Grigory Sokolov, habitué de l'événement. Il nous a proposé un récital en deux parties, la première consacrée à Henry Purcell et la seconde à Wolfgang Amadeus Mozart.
Alternant pièces courtes et suites plus conséquentes, Grigory Sokolov, toujours imperturbable, fait montre de son talent et de sa maîtrise du répertoire. En commençant par Ground in Gamut en sol majeur, il plante le décor et nous emmène au XVIIe siècle anglais. Ensuite, il enchaîne les pièces les unes après les autres, sans nous laisser le temps de respirer : Suite No.2, Lilliburlero, A New Scotch Tune, The Cibell, Suite No.4, Round O, Suite No.7 et enfin Chaconne en sol mineur. Ce rythme effréné nous laisse pantelants. Seule une personne très familière de ce répertoire pouvait se retrouver dans le programme. Néanmoins, que l’on soit connaisseur ou non, le pianiste russe a capté notre attention dès sa première note et ne l’a jamais laissé retomber. D’une précision sans failles, il a survolé l’ensemble des pièces avec aisance et légèreté tout en nous offrant quelques moments hors du temps à l’image de son interprétation de l’Allemande et de la Sarabande de la Suite No.2.
Après un court entracte, nous avons fait un bond d’un siècle afin de nous retrouver en compagnie de Mozart. Nous avons tout d’abord pu entendre la Sonate en si bémol majeur, K.333. Très joliment interprétés, le premier et le troisième mouvement furent le théâtre de très beaux contrastes de style et de nuance. Le deuxième mouvement quant à lui, bien que tout à fait réussi, n’a pas eu cet effet envoûtant qu’offrait le reste du récital. Pour clôturer celui-ci, Grigory Sokolov a interprété l’Adagio en si mineur, K.540. Sûrement l’une des pièces les plus étonnantes du répertoire Mozartien, cette œuvre dramatique fut la plus grande réussite de la soirée. Le pianiste russe y a mis toute son expressivité et a démontré une fois de plus qu’il a une conduite mélodique tout bonnement exceptionnelle.
Ce fut un récital d’une très grande qualité. Le public, conquis, a très longuement applaudi et Grigory Sokolov, fidèle à ses habitudes, a offert de nombreux rappels, six cette fois-ci. De styles très différents, ils furent l’occasion d’apercevoir une plus large palette des qualités pianistiques extraordinaires du maître russe. Au total, nous avons pu profiter de 2h30 de concert !
Festival International de Colmar, le 10 juillet 2023.
Alex Quitin, Reporter de l’IMEP.
Crédit photographiques : Festival international de Colmar