Italie vue par… Insula Orchestra et Vannina Santoni

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Après avoir ouvert leur nouvelle saison à la Seine Musicale, Insula orchestra et Laurence Equilbey ont fait leurs débuts au Festival de Laon. Et dans quel contexte ! Placée sous le signe de la locution italienne Da Capo, cette 32e édition du festival symbolise beaucoup plus qu’une reprise après l’interruption due à la crise sanitaire. Malgré les incertitudes, les problèmes logistiques et l’existence au jour le jour, le festival a gardé ses ambitions et sa haute qualité artistique. La preuve ? La venue à Laon des orchestres prestigieux comme Les Siècles, l’Orchestre Philharmonique de Radio France et bien sûr Insula orchestra.

Le concert, réunissant trois compositeurs germaniques, a rendu un double hommage. . Bien évidemment (l’année 2020 oblige), la phalange orchestrale de Laurence Equilbey a honoré Beethoven pour son 250e anniversaire. Néanmoins, c’est aussi l’Italie qui a été célébrée en réunissant des œuvres parfois librement influencées par l’esprit et le style italien. Très opératique, le concert fut une occasion de réentendre la collaboration entre Insula Orchestra et Vannina Santoni, deux ans après leur version de la Nonne sanglante de Gounod à l’Opéra-Comique. Les ouvertures, celles des Noces de Figaro (Mozart) et de Coriolan (Beethoven), ont préparé le terrain de jeu pour la soprano. Comtesse convaincante dans les Noces de Figaro (Porgi, amor et Dove sono), Santoni a surtout brillé dans l’air Ah ! Perfido qui a donné l’exemple d’un Beethoven moins idéalisé et inventif car plié au service des codes de l’air à l’italienne. Si l’air de la Comtesse fut un beau mélange d’un accompagnement bien dosé de l’orchestre avec les phrases bien construites et préméditées de la chanteuse (malgré quelques fâcheux glissandi par la note inférieure), le ton dramatique de l’air de Beethoven lui a convenu parfaitement. Sa voix, puissante et presque menaçante, n’a pas sacrifié le caractère au détriment de la compréhension du texte.


L’enjeu le plus important du concert a été bien évidemment de pouvoir coopérer avec l’acoustique de la cathédrale. Si la première partie du concert n’a pas subi beaucoup de dégâts et a même gagné en intensité comme dans le Coriolan, jouer la 4e Symphonie de Mendelssohn dans une acoustique particulièrement résonante est devenu un défi dès la première attaque. Très anticipants, les gestes de la cheffe d’orchestre ont donné un cadre confortable et rassurant à ses musiciens. Si la justesse et l’articulation des instruments à vent ne peuvent pas être critiquées en raison des difficultés acoustiques, les pupitres des cordes auraient pu insuffler, à leur tour, plus de vivacité dans le thème principal du premier mouvement et fortifier ainsi certains passages.

Centre musical du Département de l’Aisne, le festival de Laon propoe en ce moment même des actions culturelles qui vont au-delà des missions habituelles comme la fréquentation du public ou la diffusion de la culture dans les départements périphériques. Il fait vivre les musiciens et fait perdurer une certaine idée de l’Europe qui, à l’opposé des grandes salles américaines, ne ferme pas les portes de ses institutions culturelles pour une saison entière, laissant le public isolé derrière ses écrans et les artistes sans emploi. 

Laon, Cathédrale de Laon, Samedi 26 septembre – 20h

Gabriele Slizyte

Crédits photographiques :  Gabriele Slizyte

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