Jakub Hrůša célèbre Brahms et Dvořak pour le label Tudor
Johannes Brahms (1833-1897) : Symphonie n°4 en mi mineur ; Antonin Dvořák (1841-1904) : Symphonie n°9 “Du Nouveau monde” en mi mineur. Bamberger Symphoniker, Jakub Hrůša. 2017-Livret en allemand, anglais et français. 86’33. 2 SACD Hybride Tudor 1744.
Certaines associations artistiques sont discrètes mais tellement qualitatives. Avec cet album, le label suisse Tudor édite son cinquantième disque avec l’Orchestre Symphonique de Bamberg ! Le mélomane peut chérir les symphonies de Mahler et de Schubert par Jonathan Nott, les disques Brahms et Dvořák du jeune Robin Ticciati ou les rares symphonies de Joachim Raff dirigées par le solide Hans Stadlmair. Si Tudor est un label peu médiatisé et qui publie avec parcimonie et exigence, chacune de ses parutions est déjà un événement par la qualité de la prise de son qui fait briller les sonorités fruitées, encore très Europe Centrale, de ce fabuleux orchestre de Bamberg !
Pour sceller cette collaboration dans le marbre de l’Histoire, le chef Jakub Hrůša, directeur musical de phalange bavaroise, se voit offrir l’opportunité de graver les quatre dernières symphonies de Dvořák mises en relief avec les quatre symphonies de Brahms. Couplage au final assez logique, mais si peu usité ! Les deux présentes symphonies partageant même une identique tonalité.
Jakub Hrůša appartient à la jeune génération de chef qui préfère l’intellect à la fougue débridée. Sa Symphonie du Nouveau Monde est certes racée et conquérante, mais elle se démarque surtout par un travail méticuleux sur le dosage des équilibres entre les pupitres et la sculpture des phrasés. La beauté plastique de l’orchestre, encore assez typé, lui permet un festival de couleurs et de nuances. C’est impressionnant de maîtrise et de conception pour un chef de seulement 37 ans ! D’autres baguettes plus “capées” s’étant même naufragées dans cette symphonie rabâchée !
Ce traitement savant est également appliqué à la Symphonie n°4, mais avec une réussite moindre. Si les couleurs automnales des pupitres servent magnifiquement la musique de Brahms, on regrette un manque d’acuité dans cette baguette à la pointe sèche qui évacue tout pathos d’un texte musical traité avec ce soin ultra-méticuleux des équilibres.
On tient là un beau disque, magistralement enregistré et donc capable de faire briller les équipements hifis des mélomanes, mais, en dépit de la fulgurance maîtrise du chef et la beauté de l’orchestre, on reste au stade de l’admiration ! On se ferait bien une cure des gravures d’Antal Dorati (Mercury et Decca) ou de Leonard Bernstein (Sony) pour revenir à quelque chose de nerveux et d’enivrant !
Son : 10 – Livret : 10 - Répertoire : 10 – Interprétation : 9