Mendelssohn de raison avec Lahav Shani 

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Felix Mendelssohn (1806-1847) : Symphonie n°3 en ma mineur, MWW N18 “Écossaise” ; Mer calme et heureux voyage MWW P5 ; 3 Lieder sans paroles (orchestration de Lahav Shani). Rotterdam Philharmonic Orchestra, direction : Lahav Shani. 2022 et 2024. Livret en : anglais, français et allemand. 60’23’’. Warner Classics. 5021732 723253. 

Au fil du temps et de l’évolution du marché du disque, les enregistrements des Symphonies de Mendelssohn par les orchestres institutionnalisés sont presque devenus rares. Pourtant à la grande  époque du disque, ces partitions étaient des étalons pour les jeunes chefs fougueux et ambitieux. On se rappelle ainsi les gravures des jeunes Muti (Warner) et Abbado (Decca) transfugurant cette Symphonie 'écossaise'. Mais Mendelssohn, c’est de la musique de styliste de la baguette, loin des méandres du gros symphonique russo-germanique qui attire tant les jeunes baguettes actuelles.  C’est donc avec grand intérêt que l’on découvre cet album sous la conduite du prodige  Lahav Shani. 

Pourtant à l'écoute de la Symphonie "écossaise", on est déçu ! Certes l’orchestre philharmonique de Rotterdam est absolument superbe de timbre et de fini instrumental. Les bois, qui dialoguent avec subtilité et nuances sont impressionnants et la culture stylistique des pupitres est admirable.  Mais Lahav Shani reste mesuré avec cette fâcheuse tendance des chefs actuels à sur-diriger les détails au détriment d’une vision d’ensemble. Tout cela est très joli, superbement réalisé, mais on s'ennuie devant cette perfection distante et ce luxe qui tourne à vide. 

L’Ouverture Mer calme et heureux voyage est bien menée avec de belles transitions mais le meilleur de ce disque réside dans l’orchestration des trois Lieder sans parole par Lahav Shani. En six minutes, le chef fait briller les éclats de la musique, taillant un diamant gorgé de lumières fraîches. 

Ce nouveau disque vient s'additionner autres déjà enregistrés à Rotterdam et malgré la diversité des répertoire proposés (Beethoven, Bruckner, Weill, Chostakovitch et maintenant Mendelssohn), on ressort toujours avec un goût de trop peu malgré le talent du chef et la très grande qualité de ses musiciens bataves. 

Son : 9    Notice : 8   Répertoire : 10    Interprétation : 7

Pierre-Jean Tribot

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