Rencontre avec Julien Kieffer, nouveau directeur artistique du Festival Classique au Vert
Le Festival Classique au Vert, au Parc Floral de Paris, est un rendez-vous estival incontournable de la capitale française. Au beau milieu du Parc situé dans le bois de Vincennes (Jardin botanique de Paris), la Scène Delta en plein air accueille chaque année, d’août au premier week-end de septembre, quelques-uns des musiciens les plus palpitants de notre temps. Le Parc Floral de Paris propose également deux autres festivals, Pestacles pour jeune public (du 26 juin au 4 septembre) et Paris Jazz Festival (du 6 au 28 juillet). Ces trois festivals sont désormais regroupés sous le nom de « Festivals du Parc Floral » et dirigés par une seule et même équipe.
Julien Kieffer, en outre directeur artistique du Festival de Saint-Paul de Vence (dont l’édition 2019 s’est déroulée du 21 au 30 juillet) et coordinateur du Festival de musique de chambre d’Arcachon (en avril), prend la direction artistique du Classique au Vert à compter de cette année.
Classique au Vert est un festival qui s’adresse aussi bien aux mélomanes qu’aux promeneurs d’un jour qui n’écoutent pas forcément de la musique classique. Quelle est la ligne directrice que vous voulez assigner à ce Festival ?
Classique au Vert est effectivement un festival à part dans ce sens où, comme vous le dites justement, il rassemble un public très large composé de mélomanes, de curieux, de promeneurs, comme des amoureux du parc floral qui est un lieu magique. Si on ajoute à cela que chaque concert rassemble plus de 1 500 spectateurs en plein air, on se rend compte qu’on a affaire à un événement réellement populaire dans le sens le plus noble du terme. C’est donc un projet particulièrement passionnant car il montre de manière tangible la dimension universelle de la Musique Classique.
La ligne directrice doit donc à mon sens toujours être guidée par l’excellence tout en proposant une programmation accessible et ouverte.
Comment avez-vous constitué la programmation de cette année ?
Pour cette 1re édition de ce nouveau chapitre pour le Festival Classique au Vert, j’ai voulu proposer un panorama de ce que le classique peut donner à entendre. De la musique de chambre à la musique orchestrale, de la musique instrumentale à la musique vocale, du récital au quatuor, en passant par des incursions à la lisière du jazz et de la musique du monde, chaque concert doit être une aventure différente pour le public.
Le thème de la nature et du paysage irrigue aussi de manière subtile la programmation de cette édition pour rendre hommage aux 50 ans du Parc Floral.
Une grande particularité du Festival est la gratuité, hors prix d’entrée au Parc.
Effectivement, ce qui fait l’ADN de ce Festival ainsi que des autres festivals du Parc Floral, c’est la gratuité. Une fois payée l’entrée de 2€50, les concerts sont totalement gratuits. Pour Classique au Vert, cela fait huit concerts. Cette gratuité permet d’attirer un public très varié dont certains n’auraient pas nécessairement poussé les portes des salles parisiennes durant les saisons de concerts. C’est aussi cette gratuité qui permet aux artistes de se produire tous les week-ends devant plus de 1 500 personnes, ce qui crée une atmosphère et une énergie de concert vraiment particulières.
Les concerts sont sonorisés et se déroulent en plein air. Vous avez déjà un savoir-faire pour le plein air avec le Festival de Saint-Paul de Vence. Quels sont les éléments auxquels vous prêtez le plus d’attention, compte tenu des difficultés dans ce genre de configuration ?
L’acoustique est évidemment une question centrale dès que l’on s'attaque au plein air. La taille de la scène Delta contraint également à un soutien de sonorisation. Le défi est de rester le plus naturel possible afin que cela ne paraisse pas amplifié ni pour les musiciens ni pour le public. Les solutions techniques ont largement évolué ces dernières années. Mais la connaissance acoustique du lieu et l’expérience sont souvent des atouts irremplaçables. C’est pourquoi nous avons choisi de faire confiance à des ingénieurs du son habitués de Classique au Vert depuis plusieurs éditions.
Quel est le lien que vous voulez constituer avec les deux autres festivals du Parc Floral ?
Pour la 1re fois, Classique au Vert, le Paris Jazz Festival et Pestacles (qui sont les trois Festivals du Parc Floral) sont organisés et portés par une seule structure : Traffix Music, et par une seule équipe. C’est une grande force que les univers du jazz, du classique et du jeune public travaillent main dans la main sur ces projets, s’enrichissent mutuellement, échangent, construisent ensemble.
Nous avons décidé de créer un fil rouge commun aux trois festivals avec Laura Perrudin, artiste associée, harpiste multi-facette qui navigue de la musique actuelle au jazz, avec une formation classique. Elle proposera des ballades musicales en plus du concert carte blanche qu’elle a donné à la fin du mois de juillet.
Dans la programmation de Classique au Vert, dans cette idée d’ouverture qui nous anime, des ponts ont été lancés entre classique et jazz pour certains concerts. On notera la présence du talentueux pianiste Thomas Enhco (le 11 août) qui sera accompagné de la marimbiste Vassilena Serafimova. Le grand accordéoniste Vincent Peirani se produira le 17 août avec le violoncelliste François Salque et les Chanteurs d’Oiseaux pour un concert sous le signe du voyage et de l’ailleurs qui mêlera musiques populaires, musiques du monde et improvisations jazz. Ce sont aussi des carnets de voyage qui seront au programme, le 18 aout, d’un autre concert attendu, autour du guitariste Emmanuel Rossfelder, du bandonéiste Victor Villena et de la mezzo-soprano Valentine Lemercier.
Quels sont les points forts de cette nouvelle édition ?
En plus des concerts déjà évoqués, nous sommes ravis d’accueillir deux des ensembles de musique de chambre français les plus reconnus dans le monde, avec le Trio Karénine qui ouvrira le festival le 10 août et le Quatuor Modigliani qui sera présent le 31 août.
Un festival classique c’est aussi la présence de grands solistes. Le pianiste Adam Laloum offrira le 24 août un récital tout en sensibilité autour de Beethoven, Schubert et Schumann. Victor Julien-Lafferière, qui est considéré comme l’un des plus grands violoncellistes français actuels, sera présent le 25 août accompagné par le pianiste Théo Fouchenneret.
Pour clore le Festival, c’est une grande fête symphonique qui nous attend le 1er septembre. Je suis très fier d’accueillir l’Orchestre de Chambre de Paris dirigé par Antonio Mendez avec Geneviève Laurenceau en soliste autour d’un grand programme : L'Ouverture du Songe d’une nuit d’été de Mendelssohn, le 4e Concerto pour violon de Mozart et la 7e Symphonie de Beethoven.
Plus j’en parle et plus l’impatience grandit que la musique résonne et que le festival débute !
Crédits photographiques : F. Decout
Propos recueillis par Victoria Okada