Pour sa 46e édition, réduite à trois week-ends au lieu de quatre, l’un des moments forts du 2e week-end fut sans conteste le 20e anniversaire de La Cappella Mediterranea. Le public, témoin de l’évolution de l’ensemble et de son chef fondateur Leonardo García Alarcón, a accueilli avec enthousiasme deux concerts — Acis et Galatée de Haendel et le programme « Le donne di Cavalli » — ainsi qu’une exposition photographique.
Acis et Galatée énergique et émouvant
Le premier concert, dans la soirée du samedi 20 septembre, proposait Acis and Galatea de Haendel en version de concert. Lors de sa brève allocution de présentation, Isabelle Battioni, directrice du Festival d’Ambronay, interroge : « Jusqu’où on peut aller dans la mise en espace dans une église ? » En effet, l’abbatiale n’offre aux chanteurs que peu de marge. Pourtant, les artistes ont su trouver une multitude de façons d’exploiter cet espace. Selon les scènes, ils chantent dans les nefs latérales et se déplacent devant et au pied de la scène (Acis dans « Love in her Eyes sits playing »), ou encore évoluent derrière l’orchestre (Damon dans « Shepherd, what art thou pursuing? »), ainsi de suite.
La sinfonia qui ouvre la pièce est interprétée avec vivacité, et cette énergie traverse toute la soirée. C’est le cas notamment du chœur introductif « O the Pleasure of the Plains » et de l’air d’Acis « Love sounds th’Alarm » à l’acte II, dont l’élan surprend. À plusieurs reprises, Alarcón adopte un changement soudain de tempo au sein d’un même air : la partie chantée plus lente permet aux interprètes de déployer leur expressivité, tandis que la section instrumentale plus rapide relance l’action avec une théâtralité dynamique.
Parmi les chanteurs, la jeune soprano britannique Charlotte Bowden séduit par son timbre limpide, ses phrasés soignés et son assurance scénique évidente. Avec la légèreté d’une colorature alliée à la consistance d’un soprano dramatique, elle s’annonce comme une excellente mozartienne et une interprète prometteuse des héroïnes haendeliennes (cinq opéras déjà à son répertoire). Enfin, la superbe introduction du hautbois solo dans « Must I my Acis still bemoan » de Galatée, suivie du chœur, vers la fin du semi-opéra, mérite une mention particulière.
George Frideric Handel (1685-1759) : Dixit Dominus HWV 232. Giovanni Paolo Colonna (1637-1695) : Messa concertata a 5 voci. Elizaveta Sveshnikova et Mariana Flores, sopranos ; Paul-Antoine Bénos-Djian, contreténor ; Valerio Contaldo, ténor ; André Morsch, basse ; Cappella Mediterranea ; Chœur de chambre de Namur, direction Leonardo García Alarcón. 2024. Notice en anglais et en français. 68’ 31’’. Ricercar RIC 470.
Ce vendredi 14 avril a lieu la représentation de l’Orfeo de Claudio Monteverdi au Namur Concert Hall. Leonardo García Alarcón et son ensemble Cappella Mediterranea retrouvent le Chœur de chambre de Namur pour interpréter une fois de plus ce tube de la musique baroque ensemble.
C’est en version de concert que nous est proposé cette œuvre.
Le concert commence en fanfare avec la Toccata jouée trois fois. Après cette mise en bouche festive place au Prologue. Dans ce prologue, Mariana Flores fait son apparition dans le rôle de La Musique. Elle annonce avec passion la fable d’Orphée qui va suivre ainsi que les effets de la musique sur le cœur.
Durant les cinq actes que composent cet opéra, solistes, choristes et musiciens vont unir leur force pour nous proposer une somptueuse soirée musicale. Tout d’abord parlons de ce casting flamboyant de solistes. Le rôle-titre, Orphée, est interprété par le talentueux Valerio Contaldo. Il se démarque avec ses airs brillamment exécutés, particulièrement dans les actes un, trois et cinq. Dans le premier acte, il déclare amoureusement sa flamme à Eurydice. Dans le troisième acte, nous le retrouvons avec un ton conquérant et désespéré à la fois, prêt à tout sacrifier pour ramener sa bien-aimée à la vie. Un sublime duo entre Orphée et la harpiste Marie Tournaisien a lieu dans cette partie de l’œuvre. Dans le dernier acte, il chante sa douleur éternelle avec une sensibilité touchante. Mariana Flores, en plus du rôle de La Musique, interprète Eurydice. Après avoir montré ses qualités vocales en muse d’Orphée, nous la retrouvons dans le quatrième acte lorsque qu’Orphée vient la chercher en enfer. Malheureusement ce dernier, en se retournant, perd définitivement sa dulcinée. Mariana Flores nous offre donc un moment poignant lorsqu’Eurydice fait ses adieux.
Nous commençons ce mois de novembre avec deux beaux concerts au Grand manège de Namur avec un premier concert nommé Les dames de Cavalli, un hommage aux grandes compositrices du baroque italien ! Un concert avec la soprano Mariana Flores accompagnée de la Cappella Mediterranea (17 novembre). Place à la musique de notre temps ensuite avec le Requiem de Pierre Bartholomée avec le Chœur de Chambre de Namur (25 novembre 2022).
Musique de notre temps toujours avec le festival Ars Musica qui prend ses quartiers du 18/11 au 2/12), alors que l’Opéra des Flandres propose rien moins que la création belge de l’opéra Fin de Partie de Kurtág (deux concerts au Singel d’Anvers les 19 et 20 novembre).
A l’Atelier lyrique de Tourcoing, c’est Philip Glass qui sera à l’honneur avec son opéra Les Enfants terribles dans une mise en scène de Phia Ménard (26 et 27 novembre). On reste à Tourcoing avec l’ensemble Miroirs Étendus et Florent Siaud s’emparent de La Tragédie de Carmen, la célèbre adaptation de Carmen par Peter Brook (17 et 18 novembre).
A Bruxelles, le CPE Festival nous propose deux beaux récitals au Musée des Instruments : la guitariste Gaëlle Soral (12 novembre) et un duo violoncelle / piano composé d’Estelle Revaz et Laurianne Corneille (27 novembre). A Flagey, Vox Luminis & L’Achéron célèbreront Schütz (samedi 26 novembre 2022).
A Spa, ce sera la clôture de l'Automne musical 2022 avec une célébration de Molière : La Comtesse d'Escarbagnas, dans une version Commedia dell’arte accompagnée de la musique de Jean-Baptiste Lully ! Le Collegium Musicum sous la direction de Bernard Woltèche sera aux opérations musicales : 19 novembre 2022.
Ce jeudi 12 mai avait lieu le concert d’inauguration du Namur Concert Hall au Grand Manège. Le Chœur de Chambre de Namur, Leonardo Garcia Alarcón et l’ensemble Cappella Mediterranea ont logiquement été choisis pour ce concert inaugural. Ils sont rejoints par sept solistes de choix à savoir Mariana Flores et Gwendoline Blondeel (sopranos), David Sagastume (contre-ténor), Valerio Contaldo et Mathias Vidal (ténors), Alejandro Meerapfel (baryton) et Salvo Vitale (basses).
Au programme, Vespro Della Beata Vergine, véritable chef-d’oeuvre de l’histoire de la musique composé par Claudio Monteverdi. Datant de 1610, soit peu de temps après l’Orfeo, cette œuvre pour solistes, double chœur, orgue et orchestre est la pièce parfaite pour mettre en exergue les qualités de cette salle de concert. L’acoustique est parfaitement ajustée et navigue entre celle d’un studio et celle d’une église. De plus, le décor est très agréable : un vitrail lumineux projeté sur le mur au dessus de la scène et de jolies lampes pendantes nous propulsent dans un ciel étoilé.
Claudio Monteverdi (1567-1643) : L’Orfeo. Valerio Contaldo (Orfeo), Mariana Florès (La Musica, Euridice), Giuseppina Bridelli (La Messaggiera), Ana Quintans (La Speranza, Proserpina), Alejandro Meerapfel (Plutone), Salvo Vitale (Caronte), Nicholas Scott (Pastore I, Spirito III, Eco), Alessandro Giangrande (Pastore III, Apollo), Carlo Vistoli (Pastore II), Julie Roset (Ninfa), Matteo Bellotto (Pastore IV), Philippe Favette (Spirito) ; Chœur de Chambre de Namur ; Cappella Mediterranea, direction Leonardo García Alarcón. 2020. Notice en français, en anglais et en allemand. Livret en langue originale, avec traductions française et anglaise. 106.21. Un album de deux CD Alpha 720.
Sigismondo d’India (ca1580-1629) -Lamenti & Sospiri (Arie, Lamenti, Duetti).Mariana Flores et Julie Roset, sopranos. Cappella Mediterranea, direction Leonardo García Alarcón. 2020. Notice en anglais, en français et en allemand. Textes des airs chantés en italien, avec traductions anglaise et française. 92'08''. 2 CD Ricercar RIC 429.
Antonio Draghi (1634-1700) : El Prometeo. Fabio Trümpy, ténor (Prométhée) ; Scott Conner, basse (Pélée) ; Mariana Flores, soprano (Thétis) ; Cappella Mediterranea ; Chœur de Chambre de Namur ; dir. Leonardo García Alarcón. 2020. Notes en français, anglais et allemand. Livret en castillan, traduit en français et en anglais.
Nous clôturons un choix sélectif de rééditions du label Ricercar (lire ici et ici les précedents articles), à l’occasion de ses quarante ans d’aventure discographique. Il s’agit de quatre CD, enregistrés entre 2009 et 2013.
Girolamo FRESCOBALDI (1583-1643) : Il Regno d’Amore. Mariana Flores, soprano ; Clematis (Stéphanie de Failly, violon ; Marie Bournisien, harpe ; Andrea de Carlo, basse de viole ; Quito Gato, théorbe et guitare ; Leonardo Garcia Alarcon, clavecin et orgue). 2020. Livret en anglais, en français et en allemand. 60.27. Ricercar RIC 149.
Issu d’une famille aisée, Frescobaldi étudie à Ferrare avec Luzzaschi ; à quatorze ans, il est déjà organiste. Il bénéficie aussi de l’enseignement de Gesualdo et se retrouve à Rome au service de la famille Bentivoglio dont un membre va être nommé nonce apostolique en Flandres en 1607 ; Frescobaldi l’accompagne à Bruxelles pendant une petite année au cours de laquelle il publie des madrigaux. De retour en Italie, il occupe le poste d’organiste de Saint-Pierre à Rome. Au cours de sa carrière, il est au service de plusieurs employeurs, notamment à Florence. Ricercar a publié en 2016 des œuvres pour orgue de Frescobaldi jouées par Bernard Foccroulle (RIC 372) ; le présent CD, enregistré en juin et octobre 2009 en l’église Notre-Dame de Centeilles, propose une autre facette de son art, plus précisément liée à ses relations avec Florence. C’est là qu’il publie les Arie musicali ; il dédie aussi en 1628 son premier recueil de musique instrumentale au Grand-Duc de Toscane, Ferdinand II. Dans ce panorama qui se compose de dix-huit pièces, des pages instrumentales alternent avec les parties chantées, le tout étant construit en trois parties : Canti d’amor, canti sacri et Ballo. La soprano Mariana Flores, à la voix fraîche et envoûtante, traduit avec bonheur les sentiments amoureux tout comme la désolation dramatique (sublime Maddalena a la croce) ou l’expiation des fautes, mais aussi les joies bucoliques. Des moments magiques que l’ensemble Clematis porte à un haut niveau d’élévation émotionnelle.
John DOWLAND (1563-1626) : ‘Whose heavenly touch’, 17 airs pour voix et luth. Mariana Flores, soprano et Hopkinson Smith. 2019. Livret en français et en anglais. Textes en anglais, traduits en français. 56.44. Naïve E 8941.
L’exhumation de partitions inconnues du XVIIe siècle présente un avantage : offrir une quasi « page blanche » au directeur musical. C’est donc de lui qu’il sera question ici beaucoup plus que de Francesco Sacrati (1605-1650) dont la Finta Pazza (la fausse folle) fut créée à Venise en 1641 avec succès, notamment grâce aux machineries fantastiques du grand « sorcier » Giacomo Torelli. C’est sous cette forme, avec des ballets de Balbi, que fut représenté pour la première fois en France un véritable opéra à l’invitation de Mazarin dans le but de divertir le jeune roi de 7 ans. Il semble n’en subsister que l’ossature (livret de Giulio Strozzi) privée de ses ballets et intrigues annexes. Après deux productions récentes dont celle d’Allan Curtis à La Fenice, c’est Leonardo Garcia Alarcon qui propose une nouvelle version à la tête de sa Cappella Mediterranea.