Furtwängler, les albums Decca 

par

Wilhelm Furtwängler. The Decca Legacy. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Coriolan, Op.62 ; Johannes Brahms (1833-1897) : Symphonie n°2 en ré majeur, Op.73 ; Robert Schumann (1810-1855) : Symphonie n°1 en si bémol majeur, Op.38 : César Franck (1822-1890) : Symphonie en ré mineur ; Anton Bruckner (1824-1896) : Symphonie n°4 en mi bémol majeur. Wiener Philharmoniker et London Philharmonic Orchestra, Wilhelm Furtwängler. 1948-1954. Livret en anglais. 190’33

Decca Eloquence propose un petit coffret qui reprend les gravures du chef pour le label anglais. Cela étant, ce legs est un peu particulier, il ne comporte que deux gravures officielles en studio : la Symphonie n°2 de Brahms avec le London Philharmonic (1948) et la Symphonie en ré mineur de Franck avec les Wiener Philharmoniker (1954). Le reste du programme avec les œuvres de Beethoven, Schumann et Bruckner est une édition de bandes de concerts munichoises de 1951 à l’occasion d’une escale bavaroise (au Deutsches Museum) du grand chef et du Philharmonique de Vienne. Notons que ces captations de concerts ne furent éditées qu’en 1973 sous forme de vinyle dans le cadre de la collection Decca Eclipse.

On retient de ce coffret la Symphonie n°1 de Robert Schumann dont il s’agit de l’unique témoignage sous la battue du chef. Presque contemporaine de sa légendaire gravure de la Symphonie n°4 de 1953, sommet absolu de l’art de la direction d’orchestre par la puissance insufflée à cette oeuvre, cet enregistrement de la Symphonie n°1 témoigne de l’art du chef en concert : l’arc dramaturgique est tendu à l’extrême et cette baguette surjoue les contrastes dans une sorte de danse symphonique sombre et traversées d’orages des tuttis. Certes, c’est un témoignage d’un autre temps de la direction, mais on aime ce sens de la narration de ce “printemps” étouffant avec ses oppositions thématiques surlignées et ce déchaînement épique qui emporte les musiciens dans une interprétation unique même si un peu expérimentale. On aime également la puissante et tempétueuse lecture de la Symphonie n°4 de Bruckner portée par une urgence de tous les instants. Bien plus à son aise que dans la symphonie de Schumann, le Philharmonique de Vienne suit toutes les inflexions du chef. On garde également comme une pépite l’ouverture de Coriolan issue du même concert. 

On connaît par contre bien les deux gravures de studios de Brahms et Franck. La Symphonie en ré mineur de Franck est d’un incontestable apport à la discographie de cette partition géniale, témoignage d’un temps où cette oeuvre faisait partie du répertoire courant des grands chefs. Souvent critiqué, l’enregistrement de la Symphonie n°2 de Brahms n’est pas le meilleur du chef au pupitre d’un orchestre moyennement en forme. 

Cependant, ce coffret est intéressant et il propose une belle introduction à l’art du chef pour qui ne veut pas s’aventurer dans l’un des gros coffrets d’intégrales.

Son : 7 – Livret : 9 – Répertoire : 10 – Interprétation : 9

Pierre-Jean Tribot

 

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