Fabuleux Igor Levit

par

Pour clôturer en beauté le mini-festival consacré à Chostakovitch par Bozar et le Belgian National Orchestra sous le curieux titre « The Other Revolutionary » (l’autre révolutionnaire, mais par rapport à qui ?), le pianiste Igor Levit qu’on sait aussi artistiquement ambitieux qu’insolemment doué avait choisi d’offrir à un public venu en nombre et connaisseur (quasi pas de toux pendant près de trois heures de musique, juste une impardonnable sonnerie de téléphone portable en deuxième partie et des bruits de chute de quelque chose -peut-être l’excellent et volumineux programme- de temps à autre) l’intégrale des 24 Préludes et Fugues, Op. 87 du compositeur russe.

On sait le pianiste germano-russe toujours prompt à commenter les événements de l’heure. Avant même que ne retentît la première note du cycle, Igor Levit annonça dédier ce concert « au peuple ukrainien mais aussi à tous ceux qui en Russie comme ailleurs s’opposent à Vladimir Poutine ». Chaleureusement applaudi, le pianiste exécuta ensuite l’hymne national ukrainien, le public se levant comme il se doit.

Trois figures du piano polonais de la première moitié du XIXe siècle

par

Franciszek Lessel (1780-1838) : Polonaise nouvelle en ré majeur ; Variations en la mineur op. 15 n° 1 et n° 2. Karol Kurpiński (1785-1857) : Polonaise en la mineur ; Variations en do majeur ; Fugue et Coda sur le thème du chant des légions polonaises en Italie « La Pologne n’a pas encore péri » ; Pot-Pourri ou Variations sur divers thèmes nationaux composés au pianoforte à l’occasion des sept ans de Józef Krogulski. Józef Elsner (1769-1854) : Sonate n° 2 en ré majeur ; Polonaise en fa mineur ; Rondo à la mazurek en sol mineur. Tomasz Lupa, piano. 2020. Notice en polonais et en anglais. 73.32. Dux 1784.

La Chanson du vent de Clothilde Van Dieren 

par

Oeuvres de Adolphe Biarent  (1871-1916), Hector Berlioz (1803-1869),  Charles Gounod  (1818-1893), Georges Bizet (1838-1875), Camille Saint-Saëns ( 1835-1921), Ernest Chausson (1855-1899).  Clotilde Van Dieren, mezzo-soprano ; Katsura Mizumoto, piano. 2020. Booklet en français et anglais, texte chanté en français. 54’16’. Cyprès. CYP 8614.

Chostakovitch mis à l’honneur à Bozar par le Belgian National Orchestra

par

Ce concert a lieu dans le cadre du Festival Chostakovitch organisé à Bozar du 25 au 27 février. C’est donc tout naturellement que les deux œuvres interprétées ce soir sont du compositeur russe. Le Belgian National Orchestra, sous la direction de Hugh Wolff, commence avec le Concerto pour piano, trompette et cordes. Le soliste du soir est l’excellent Lucas Debargue, rapidement devenu une star du piano depuis son 4e Prix du Concours Tchaïkovski en 2015. Il sera accompagné des cordes du BNO et du chef de pupitre des trompettistes Léo Wouters. Ensuite, ils interprètent la Symphonie n°13 « Babi Yar » avec l’ensemble vocal Octopus et Mikhail Petrenko.

Avant le concert, un mot concernant la situation en Ukraine : il est souligné que des musiciens d’origine russe et ukrainienne font partie de l’orchestre et jouent ensemble. Une minute de silence est observée pour rendre hommage aux victimes de ce conflit.

Le Concerto, en quatre mouvements, est une pièce humoristique qui reflète une période héroïque, animée et pleine de joie de vivre. Dans le premier mouvement, le pianiste joue de manière puissante et presque hypnotisante, et il fait résonner le piano dans salle Henry Le Boeuf. Il est accompagné par des pizzicati précis, avec un chef qui mène son orchestre à la baguette et un trompettiste qui vient ponctuer certaines phrases du piano. Le deuxième mouvement est une valse lente. Le début est assez neutre jusqu’à l’arrivée du pianiste. Un moment calme et apaisant se profile avec l’intervention du trompettiste en sourdine mais avec plusieurs fausses notes. Le troisième mouvement est un intermezzo assez court, sans trompette, qui commence avec le pianiste, rejoint par les cordes avant d'enchaîner avec le dernier mouvement, un Allegro con brio où nous pouvons apprécier une belle connexion entre le soliste, le chef et l’orchestre. La cadence est jouée dans un style assez  guilleret. Nous avons droit à un véritable récital du pianiste, accompagné par un orchestre très précis grâce à son chef et un trompettiste solennel malgré sa prestation en demi-teinte. Le Concerto est dûment applaudi par le public et le pianiste français nous gratifie d’un bis de toute beauté : le mouvement lent, à l’allure de mazurka, d’une sonatine du compositeur polonais Milosz Magin.

Concert d’inauguration de l’orgue reconstruit au Centre Saint-Jean de Gdańsk

par

Princess of Gdansk. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Toccata et Fugue en fa majeur BWV 540. Carl Philipp Emanuel Bach (1714-1788) : Ich ruf zu dir, Herr Jesu Christ BWV anh. II 73 ; Sonate en sol mineur Wq 70/6. Franz Joseph Haydn (1732-1809) : Musique pour Flötenuhr (1792), douze pièces Hob. XIX. Johann Gottfried Müthel (1719-1788) : Phantasienfuge en ut majeur. Domenico Bellando (1868-1922) : Marche pontificale. Andrzej Mikołaj Szadejko, orgue de chœur du Centre culturel Saint-Jean de Gdańsk. Mars 2020. Livret en polonais/anglais. TT 57’05. Ars Sonora. ARSO-CD-193

Saint-Saëns : première gravure de Phryné avec les récitatifs de Massenet

par

Camille Saint-Saëns (1835-1921) : Phryné, opéra-comique en deux actes. Version avec récitatifs d’André Messager. Florie Valiquette (Phryné), Cyrille Dubois (Nicias), Thomas Dolié (Dicéphile), Anaïs Constans (Lampito), François Rougier (Cynalopex), Patrick Bolleire (Agoragine/Un Héraut) ; Chœurs du Concert Spirituel ; Orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie, direction Hervé Niquet. 2021. Textes de présentation en français et en anglais. Livret en français avec traduction anglaise. 64.30. Un livre-disque Palazzetto Bru Zane BZ 1047.

Quatrième Livre de Marais : intégrale par François Joubert-Caillet, anthologie par Rainer Zipperling

par

L’Ange et le Diable. Marin Marais (1656-1728) : Première Suite en ré mineur, Deuxième Suite en ré majeur, Sixième Suite en mi mineur du Quatrième Livre de Pièces de Viole. Antoine Forqueray (1671-1745) : Cinquième Suite en ut mineur. Jacques Duphly (1715-1789) : La Forqueray (arrgmt Zipperling). Rainer Zipperling, viole de gambe. Ghislaine Wauters, viole de gambe. Pieter-Jan Belder, clavecin. Livret en anglais, allemand, français. Novembre 2019. TT 80’37. SACD Aeolus AE-10326

Martin Marais (1656-1728) : Quatrième Livre de Pièces de Viole. François Joubert-Caillet, basse de viole. L’Achéron. Lucile Boulanger, Marie-Suzanne De Loye, basse de viole. Angélique Mauillon, harpe triple. Miguel Henry, théorbe, guitare. André Heinrich, théorbe. Philippe Grisvard, clavecin. Livret en anglais, français, allemand. Septembre 2019 à mai 2021. TT 60’38 + 46’07 + 64’41 + 58’21. Ricercar RIC 432

Jennifer Pike : un violon captivant The Polish Violin, Vol.2.

par

The Polish Violin, Vol.2. Karol Szymanowski (1882-1937) : Sonate en ré mineur Op. 9, La Berceuse d’Aïtachio Enia Op. 52, Trois Caprices de Paganini, Op.40. Irène Regina Wieniawska  (1879-1932)  : Sonate, Tango . Grażyna Bacewicz (1809-1869) : Caprice polonais pour violon seul. Jennifer Pike, violon ; Peter Limonov, piano. 2020. Livret en français, anglais et allemand - CD Chandos CHAN 20189

Laurent Brunner, directeur de Château de Versailles Spectacles

par

Nommé en 2007 à la direction de Château de Versailles Spectacles, Laurent Brunner a créé en 2018 son propre label discographique. Ce Lorrain renoue à Versailles avec le succès qu'il a connu avec un Festival à Verdun, puis avec Le Carreau à Forbach avec, toujours, la recherche de l'excellence. En 2022, quatre ans après son lancement, Château de Versailles Spectacles devient Label de l'Année des International Classical Music Awards (ICMA). Rémy Franck a rencontré Laurent Brunner pour une interview.

Votre label discographique a été lancé en 2018, donc une dizaine d'années après la création de Château de Versailles Spectacles, filiale privée de l'institution publique. Quel bilan pouvez-vous dresser ?

C'est un bilan un peu particulier parce qu'il comprend deux années de pandémie. D'un côté, il y a eu un frein des ventes et de l'autre le passage au numérique qui a été renforcé par l'absence du physique un peu partout. Et, dernier élément, les artistes avaient beaucoup de temps parce qu'il n'y avait presque pas de spectacles avec public, on en profitait donc pour faire des enregistrements, surtout sur des programmes plus spécifiques, ce qui est souvent le cas chez nous avec la musique française des 17e et 18e siècles, et des résurrections d'œuvres rares comme Cadmus et Hermione de Lully, Egisto de Cavalli - qu'on va sortir bientôt - ou La Finta Pazza de Francesco Sacrati. Toute cette musique a un lien historique avec la France et fait part de ce baroque international et européen que nous chérissons. Donc, au bout de quatre années, on a eu une accélération considérable de la production, même si le contexte de la vente n'est plutôt pas en accélération. Et en même temps, il y a eu profusion de qualité, car ce ne sont pas les artistes de qualité qui manquent.

Le financement a bien fonctionné jusqu'à la pandémie ….

Evidemment, avec l'absence des touristes internationaux, nos recettes ont chuté. L'Opéra Royal n'a pas de subventions publiques pour ses activités normales. Cependant, pour la production de disques, la France a un système d'aide sous forme de crédits d'impôts, dont nous avons pu profiter. Mais en fait, notre spécificité est de faire à la fois le concert et l'enregistrement. Cela permet une concentration des forces sur le temps et le budget. La pandémie a modifié cela, mais heureusement nous avons pu accroitre le mécénat. Et nos mécènes ainsi que les Amis de l'Opéra de l'Opéra Royal nous ont aidés beaucoup pendant cette période difficile.