Stéphane Degout et les mélodies de Fauré, entre regrets et aboutissement  

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Gabriel Fauré (1845-1924) : Poème d’un jour op. 21 ; La Bonne Chanson op. 61 ; Ballade pour piano op. 19 ; Le Jardin clos op. 106 ; Mirages op. 113 ; L’Horizon chimérique op. 118. Stéphane Degout, baryton ; Alain Planès, piano. 2023. Notice en français et en anglais. Textes des poèmes, avec traduction anglaise. 81’ 05’’. Harmonia Mundi HMM 902382.

L’opéra vénitien en son berceau : un effervescent laboratoire pour la troupe de Paolo Zanzu

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Un Secolo Cantante. Œuvres de Francesco Cavalli (1602-1676), Benedetto Ferrari (c1603-1681), Claudio Monteverdi (1567-1643), Marco Uccellini (1603-1680), Francesco Sacrati (1605-1650), Michelangelo Brunerio (c1610-?), Barbara Strozzi (1619-1677). Emmanuelle de Negri, soprano. Blandine Staskiewicz, mezzo-soprano. Paul-Antoine Bénos-Djian, contre-ténor. Zachary Wilder, ténor. Salvo Vitale, basse. Paolo Zanzu, clavecin, orgue, direction. Le Stagioni. Liv Heym, Roldán Bernabé-Carrión, violon, alto. Laurent Muller, alto. Isabelle Saint-Yves, basse de viole. Jérôme Huille, violoncelle, lirone. Daniel de Morais, Simone Vallerotonda, théorbe. Notice en anglais, français et italien (livret avec paroles en italien, traduction en anglais et français). Octobre 2022. TT 58’59. Arcana A553

Un concours de musique est-il politique ? 

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C’est le sujet dont tout le monde parle depuis la proclamation des résultats du Concours Musical International Reine Elisabeth de Belgique 2024 : le refus du vainqueur ukrainien Dmytro Udovychenko de serrer la main du Russe Vadim Repin, l’un des membres du jury qui l’a couronné. Deux camps s’opposent : les partisans d’un acte courageux d’un artiste de caractère et de conviction qui ne s’en laisse pas conter et ceux qui pensent que c’est hors de propos dans un tel contexte d’autant plus que le jeune homme ne semble pas avoir remis en cause les points de Vadim Repin dont la présence comme juré (et ancien lauréat du concours) n’était en rien une surprise car annoncée par voie de communiqué de presse et publiée sur le site du CMIREB. Pourtant son choix du concerto n°1 de Dmitri Chostakovitch en finale et l’interview qu’il avait donné témoignaient alors de l’intelligence d’une vision fédératrice.   

Bien évidemment, personne ne peut remettre en cause, ni douter de la douleur intense que ressent Dmytro Udovychenko de voir son pays en guerre, des civils attaqués, des familles endeuillées, des parents mobilisés que l’on ne sait si on les reverra.  Cependant, la finale d’un concours de musique est-elle le lieu opportun ? Sans doute pas ! 

Déjà cette attitude crée un buzz occultant complètement le palmarès et la musique pour se porter sur le terrain politique, certes, on va en parler au-delà des cercles des professionnels et mélomanes exigeants qui suivent le concours, mais est-ce que cela va servir tant la musique, le concours que l’artiste lui-même ? C’est peu probable. 

Car si dégât collatéral il y a, ce sera Dmytro Udovychenko qui risque d’en faire les frais. Internet et les réseaux sociaux ont la mémoire éternelle (rappelons-nous de la séquence lunaire avec Pierre-Alain Volondat lors d’une interview télévisée de 1982 qui colle toujours à la réputation de ce brillant musicien et lui a même beaucoup nuit…), son geste risque de le poursuivre. Il sera plus “‘celui qui a refusé de serrer la main de Vadim Repin” que le “vainqueur du Reine Elisabeth 2024”. 

JoAnn Falletta, à propos de Lukas Foss

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La cheffe d’orchestre JoAnn Falletta au pupitre de ses musiciens du Buffalo Philharmonic Orchestra rend hommage au compositeur et chef d’orchestre Lukas Foss (1922-2009), l’un des grands animateurs de la vie musicale aux USA et par ailleurs ancien directeur musical du même Buffalo Philharmonic Orchestra dans les années 1960 à la suite de Josef Krips. JoAnn Falletta nous contextualise cette figure centrale de musique, personnalité  hélas bien trop oubliée. 

Que représente Lukas Foss pour vous ? Une photo dans le livret vous montre à ses côtés. Quelle était sa personnalité ?

Lukas était un génie de la musique. J'ai travaillé avec lui en tant que chef d'orchestre associé alors que j'étudiais encore à Juilliard (beaucoup d'allers-retours en avion) et il est devenu un mentor pour moi.  Lukas dirigeait comme un compositeur - analysant chaque partition avec l'esprit d'un compositeur, trouvant des détails, essayant de nouvelles approches, cherchant toujours le cœur de la musique.  C'était une personne charismatique (bien qu'un peu distraite) que j'admirais énormément. Il avait l'habitude de rire et de me dire que dans toute sa carrière, il n'avait jamais fait la « bonne » musique au « bon » moment. Il n'avait aucun intérêt à suivre la foule, mais laissait son génie le conduire dans un grand nombre de directions intéressantes.

Qu'est-ce qui vous a poussé à enregistrer un album entièrement consacré à des œuvres de Lukas Foss ?

Lukas était un fervent défenseur de la nouvelle musique - à Buffalo et partout où il dirigeait.  Il a activement défendu la nouvelle musique américaine sous toutes ses formes, en s'engageant auprès des compositeurs et en dirigeant leur musique avec un dévouement et une compétence extraordinaires.  Cependant, après sa mort, le monde de la musique a semblé prendre des directions différentes, et il n'a eu que peu de défenseurs de sa musique.  Le Buffalo Philharmonic et moi-même avons voulu rendre sa musique au public, en donnant des concerts au Carnegie Hall et à Buffalo et en créant un album de certaines de ses œuvres les plus vibrantes et les plus étonnantes.

Le catalogue des œuvres de Lukas Foss est vaste. Comment avez-vous sélectionné les 4 partitions que vous avez enregistrées ?

J'ai choisi quatre partitions qui, selon moi, devraient figurer au répertoire de tous les orchestres.  Bien sûr, Lukas a écrit pour tous les genres, mais le BPO et moi-même voulions mettre en valeur ses œuvres orchestrales vibrantes et dramatiques.  Ces quatre pièces comptent parmi ses plus grands chefs-d'œuvre.

Né en Allemagne, ayant séjourné à Paris avant de s'installer définitivement aux Etats-Unis, Lukas Foss me semble être un compositeur assez inclassable, ayant exploré de nombreuses facettes de l'art de la composition. Partagez-vous cette opinion ?

Absolument oui ! Lukas est inclassable, un véritable éclectique, toujours à la recherche, ne choisissant jamais la « tendance » du moment. Sa musique couvre un large éventail de styles qu'il a explorés avec beaucoup de curiosité et d'intérêt. Lukas est vraiment « unique en son genre » dans le panthéon des compositeurs.

L’Apocalypse joyeuse de Vienne selon le pianiste Aurélien Pontier 

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Alfred Grünfeld (1852-1924) : Soirée de Vienne, op. 56. Leopold Godowsky (1870-1938) : Triakontameron, vol. III, n° 11 : Alt-Wien. Otto Schulhof (1889-1958) : Pizzzicato-Polka n° 2Serge Rachmaninov (1873-1943) : Polka. Piotr Ilitch Tchaïkowsky (1840-1893) : Valse-scherzo op. 7 ; Valse sentimentale op. 51 n° 6. Fritz Kreisler (1875-1962) : 3 Alt-Wiener Tanzweisen, n° 2 : Liebesleid. Franz Schubert (1797-1828) : An Die Musik D. 547 ; Valse en si mineur D. 145 n° 6 ; Valse D. Anh. I :14 « Kupelwieser-Walzer ». Adolf Schulz-Evler (1852-1905) : Arabesques sur le thème du « Beau Danube bleu ». Franz Liszt (1811-1886) : Valse oubliée S. 215 n° 2. Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n° 5 : Adagietto. Arnold Schoenberg (1874-1951) : Sechs kleine Klavierstücke op. 19 n° 6. Maurice Ravel : La Valse. Aurélien Pontier, piano. 2021. Notice en français, en anglais et en allemand. 74’ 10’’. Warner 5054197633492. 

Une superbe anthologie consacrée à Tielman Susato et à des compositeurs qu’il édita

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Salve Susato. Œuvres de Tielman Susato (c1510-post1570), Thomas Crecquillon (c1505-c1557), Nicolas Gombert (c1495-c1560), Josquin Des Prez (c1445-1521), Jean Lecocq (fl1514), Jacobus Clemens non Papa (c1510-c1555), Pierre de Manchicourt (c1510-1564), Orlandi di Lasso (1532-1594). Utopia Ensemble. Michaela Riener, mezzo-soprano. Bart Uvyn, contre-ténor. Adriaan De Koster, ténor. Lieven Termont, baryton. Guillaume Olry, basse. Jan Van Outryve, luth. Juillet 2022. Livret en anglais, allemand, français. Paroles en langue originale et traduction anglaise. TT 74’45. Ramée RAM 2205