Motets pour alto soliste de Zelenka, retour au catalogue

par

Jan Dismas Zelenka (1679-1745) : Barbara, dira effera! ZWV 164. Alma Redemptoris Mater ZWV 126. Hipocondrie ZWV 63. Christe Eleison en mi mineur ZWV 29. Lamentatio III/2 ZWV 53/6 [Lamentationes pro Die Venris Sancto]. Sinfonia en ut mineur [Penitenti al Sepolcro del Redentore]. O Magnum Mysterium . Dormi nate, dormi, Deus ZWV 171. Sollicitus fossor ZWV 209. Alex Potter, contre-ténor. Dominik Kiefer, Capriccio Barockorchester. Février 2012, réédition 2022. Livret en anglais et allemand, paroles en latin et traduction bilingue. TT 81’05. Christophorus CHR 77463

A Genève, Alexandre Kantorow le magnifique 

par

Comment peut-on avoir une telle maturité artistique à l’âge de vingt-cinq ans ? C’est la première réflexion qui vous vient à l’esprit en écoutant Alexandre Kantorow interpréter Brahms et Schubert. A Genève, en mai 2022, il interprétait le Deuxième Concerto en la majeur de Franz Liszt avec l’Orchestre de Chambre de Genève dirigé par Arie van Beek. Et grâce à une invitation de l’Agence musiKa, il y donnait donc un premier récital au Victoria Hall le 29 mars. 

Plutôt que de présenter la Troisième Sonate en fa mineur op.5 de Brahms que choisissent la plupart des pianistes, il opte pour la Première en ut majeur op.1 dont il souligne le caractère orchestral avec un thème récurrent qui en relie les mouvements. Avec une indomptable énergie, il attaque l’Allegro initial dont il déploie les tutti à la Beethoven sans rendre anguleux le son qui se pare d’un lyrisme profond dans la séquence con espressione. Le da capo des accords péremptoires du début débouche sur un poco ritenuto rêveur chanté en tierces, alors que la coda s’appuie sur une basse solide afin de soutenir un fugato triomphant. L’Andante a la solennité d’un choral se basant sur une mélodie populaire « Verstohlen geht der Mond auf », ornementée par une main droite vaporeuse qui se corse graduellement d’élans lyriques. Par la précision du trait, le Scherzo propulse les grappes d’accords avec une véhémence cinglante qu’atténuera le Trio dont la ligne de chant s’allégera par un rubato subtil, alors que le Final tient de la chevauchée infernale avec sa déflagration d’octaves qui s’apaise par les échos d’une ballade nordique, avant de conclure par une stretta d’une rare puissance.

Beethoven, Penderecki et Mahler pour clôturer la première semaine du Festival Beethoven à Varsovie.

par

La première semaine du Festival Beethoven à Varsovie s’achève avec le concert de l’Orchestre Symphonique de la radio nationale polonaise à Katowice. Au programme de cette soirée, l’Ouverture des ruines d'Athènes, op. 113 de Beethoven, la Symphonie n° 6 "Chinesische Lieder" (Lieds chinois) de Krzysztof Penderecki et Das Lied von der Erde de Mahler. La phalange polonaise est dirigée par le chef polonais Jacek Kaspszyk. Il est accompagné de Joanna Kravchenko à l’erhu, du ténor allemand Thomas Mohr et du baryton allemand Thomas E. Bauer.

Le concert débute avec l’Ouverture des ruines d'Athènes, op. 113 de Beethoven. Cette œuvre, rarement jouée, commence dans un climat mystérieux. Le suspens se dissipe peu à peu pour finalement laisser place à un beau solo du hautbois avant d’entamer une petite cadence seule. Un tutti éclatant suit cette intervention soliste. Les interventions en pizzicato des cordes sont d’une grande précision. Il y a du contraste notamment avec des sforzandos appuyés. Après une belle intervention des bois, un tutti orchestral reprend de plus belle. Un piano avec un crescendo bien construit semble nous amener à la fin de l’œuvre mais un piano subito apparait avec un nouveau crescendo pour conclure réellement cette pièce. 

La deuxième œuvre du concert met Krzysztof Penderecki et sa Symphonie n° 6 "Chinesische Lieder » en valeur. Cette pièce, en huit mouvements, est composée pour orchestre symphonique, baryton et ehru. Ce dernier est un instrument traditionnel chinois à cordes frottées que l’on ne peut que très rarement entendre en concert symphonique. 

Dès les premières notes, nous sommes transportés pour un voyage en Chine avec des sonorités typiquement chinoises. L’orchestre interprète cette partition avec minutie. Dans chaque mouvement, inspiré d’un chant chinois, le chef polonais parvient à trouver un caractère différent. Le baryton allemand Thomas E. Bauer maîtrise parfaitement sa partition et partage ses émotions. Entre les différents mouvements, il y a quatre intermezzos interprétés par Joanna Kravchenko à l’erhu. Ces moments sont une parenthèse enchantée dans cette œuvre puisque la jeune musicienne originaire de Gdańsk fait preuve d’une grande sensibilité. Notons également la place importante de la percussion avec l’utilisation de nombreux instruments tel que le marimba ou encore les crotales ainsi que d’autres instruments que l’on ne rencontre pas si souvent comme la flûte alto par exemple. L’exécution intimiste et mélancolique de cette œuvre, dont l’orchestration se rapproche d’un orchestre de chambre, est vivement applaudie par le public. 

Leonardo García Alarcòn signe un éblouissant Solomon de Handel

par

George Frideric Handel (1685-1759) : Solomon, oratorio en trois actes HWV 67. Christopher Lowrey (Solomon) ; Ana Maria Labin (Reine de Saba, Première femme) ; Gwendoline Blondeel (Fille de Pharaon, épouse de Solomon, Seconde femme), Matthew Newlin (Zadok le grand-prêtre) ; Andreas Wolf (Un Lévite) ; Chœur de chambre de Namur ; Millenium Orchestra, direction Leonardo García Alarcòn 2022. Notice en anglais et en français. Texte intégral en anglais avec traduction française. 152’ 08’’. Un coffret de deux CD Ricercar RIC 449.

Un concert engagé à Bozar avec Eva Ollikainen

par

En cette période de conflit entre la Russie et l’Ukraine, le thème des réfugiés est plus que jamais d'actualité. Le Belgian National Orchestra, dirigé par la cheffe finnoise Eva Ollikainen, a décidé d’aborder ce sujet difficile lors de son concert de ce vendredi 31 mars 2023. 

Pour débuter, l’orchestre belge a interprété la Symphonie n°8, “Inachevée”, de Franz Schubert. Créée en 1865, elle se compose uniquement de deux mouvements au lieu des quatres habituels. Acte délibéré, abandon, idéal musical atteint ? Nous ne le saurons jamais. De couleur assez sombre et dramatique, cette Symphonie est parfaitement à sa place en introduction d’un tel concert. Oeuvre passionnelle et d’un lyrisme extrême, ce fut une belle entrée en matière pour le BNO. Les musiciens, appliqués, nous ont livré une très jolie prestation. Les pianos atteints par l’orchestre étaient très soignés et emplis d’une tension dramatique poignante. Les différents solistes, au hautbois, à la clarinette et à la flûte, ont joué leur rôle à la perfection. Les violoncelles, bien qu'un peu timides lors de la première entrée de leur thème, ont eux aussi transmis beaucoup d’émotions dans leurs parties plus exposées. La cheffe, comme les musiciens, semblait transportée par la musique et bougeait, littéralement, avec elle. 

Festival Beethoven à Varsovie : récital et concert orchestral

par

L’édition 2023 du Festival Beethoven se poursuit ce samedi 1er avril à midi dans la somptueuse salle de bal du Château royal de Varsovie. Ce concert est organisé dans le cadre du partenariat avec le Concours International pour Violon Henryk Wieniawski. En effet, ce récital fait partie des prix que le gagnant de la compétition obtient. En 2022, c’est la violoniste japonaise Hina Maeda qui est primée pour la 16e édition de ce concours. Elle est donc en récital aujourd'hui accompagnée par le pianiste polonais de renommée internationale, Michał Francuz. Au programme, trois oeuvres : la Sonate pour piano et violon en mi mineur, K. 304 de Mozart, la Fantaisie brillante sur Faust, Op. 20 de Henryk Wieniawski et la Sonate N°5 pour violon et piano, Op 53 de Mieczysław Weinberg.

Le récital débute, sous l’œil bienveillant de Madame Penderecka, avec la Sonate pour piano et violon en mi mineur de Mozart. C’est une œuvre en deux mouvements : Allegro et Tempo di minuetto. Le premier mouvement débute avec les deux artistes à l’unisson. Nous sentons une belle complicité entre la violoniste et le pianiste. Des passages d’une douceur certaine contrastent avec des passages bien plus intenses, avec un jeu plus accentué. La construction musicale aboutie offre de belles nuances. Le deuxième mouvement, Tempo di minuetto, est d’une intensité émotionnelle touchante. L’introduction est interprétée avec sensibilité par Michał Francuz tout comme Hina Maeda quand elle rejoint le pianiste pour reprendre le thème. Ce mouvement est d’une tendresse bienvenue.

L’Angelica de Porpora, première mondiale en vidéo

par

Nicola Porpora (1686-1768) : L’Angelica, sérénade pour six voix et instruments.Teresa Iervolino (Orlando) ; Paola Valentina Molinari (Medoro) ; Ekaterina Bakanova (Angelica) ; Gaia Petrone (Licori) ; Sergio Foresti (Titiro) ; Barbara Massaro (Tirsi) ; La Lira di Orfeo, direction Federico Maria Sardelli. 2021. Notice en italien et en anglais. Pas de livret, mais synopsis dans les deux langues. 147’ 00’’. Un DVD Dynamic 37936. Aussi disponible en Blu Ray. 

Missa Solemnis au Festival Beethoven à Varsovie

par

En ce moment se déroule la 27e édition du Festival Beethoven à Varsovie. Entre le 26 mars et le 7 avril, 15 concerts sont donnés. Créé et dirigé par Elżbieta Penderecka, le festival propose aussi bien des concerts symphoniques que des concerts de musique de chambre. Ils ont principalement lieu à la Philharmonie de Varsovie. Cette année, le public peut écouter des orchestres venant de Corée du Sud, d’Espagne ainsi que les principales phalanges polonaises. Le thème de cette année est « Beethoven- Entre l’Est et l’Ouest ».

Au programme du concert de ce vendredi 26 mars, une pièce majeure du répertoire sacré : la Missa Solemnis en ré majeur, Op. 123 de Beethoven. Cette oeuvre monumentale est interprétée par l’Orchestre Philharmonique de Varsovie, le Chœur du Philharmonique Karol Szymanowski de Cracovie, la soprano Polina Pastirchak, l’alto Ulrike Helzel, le ténor Patrik Reiter et la basse Łukasz Konieczny. Tout ces artistes sont dirigés par le chef d’orchestre américain Leonard Slatkin. Piotr Piwko a quant à lui préparé le chœur.

Rentrons immédiatement dans le vif du sujet. Le Kyrie, dont le début avec cet Assai sostenuto est grandiose, ne manque pas d’intensité notamment avec l’entrée du chœur après une petite introduction orchestrale. Dans l’Andante, assai ben marcato, les solistes du soir fusionnent en toute simplicité avec le chœur. Ce Kyrie se termine avec le retour de l’Assai sostenuto. Tout comme au début, l’harmonie fait preuve de justesse dans ses interventions et solos.

Cantates inédites d’Alessandro Scarlatti,  au rendez-vous de la passion 

par

Alessandro Scarlatti (1660-1725) : Cantate da camera : Al fin m’ucciderete H 21 ; Sarei troppo felice H 631 ; Sento nel core certo dolore H 655 ; La Lezione di Musica H 547 ; Là dove a Mergellina H 356. Toccatas, Allegro et Menuet pour clavecin. Lucile Richardot, mezzo-soprano ; Philippe Grisvard, clavecin. 2022. Notice en anglais, en français et en allemand. Textes des cantates en italien. 69.58. Audax ADX 11206.