Un Rigoletto délicatement pertinent à l'opéra de Lorraine

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A l’Opéra National de Lorraine, Richard Brunel propose une lecture de Rigoletto, qui lui ajoute quelques dimensions bienvenues, qui en souligne délicatement l’intensité, sans le solliciter ni le trahir.

« La scène se passe à Mantoue et alentour », nous dit le livret. Nous allons y découvrir, y vivre, une terrible histoire tragique, celle de Rigoletto, bouffon difforme du Duc de Mantoue, absolument dévoué à son maître, cruellement prêt à tout pour lui. Mais voilà que ce maître, qui multiplie les conquêtes, les agressions plutôt, s’en prend à Gilda, la fille cachée du bouffon. Désespoir fou de celui-ci, désir tout aussi fou de vengeance ; fatalité, tragédie : « Malédiction » ! Tout est mal qui finit mal.

Quand le rideau se lève, nous découvrons non pas une salle d’un palais, mais les coulisses d’un théâtre où se déroule une représentation de ballet. Le « Duc de Mantoue » est le « maître » de ce ballet ; Rigoletto, son adjoint. Ce directeur de ballet est un prédateur, usant et abusant de ses danseuses ; Rigoletto est à son service, « réglant tous les problèmes » pour lui. Concept hasardeux ? Récupération convenue des dénonciations « Me Too » ? Non dans la mesure où le schéma essentiel de l’intrigue, sa caractérisation des personnages, son engrenage inexorable, sont préservés, dans la mesure où des séquences dansées ajoutent une touche esthétique et significative, en accompagnement ou en contrepoint, à ce qui se joue. Avec même une touche d’humour quand le choeur des courtisans, qui se réjouit des malheurs du bouffon, se risque à une danse balourde. Jamais cette transposition ne vient polluer ou compromettre les grands moments du récit ni leurs merveilleux déploiements vocaux. Verdi, sa partition, ses interprètes, sont là et bien là, en toute lisibilité, audibilité.

Willem Mengelberg, maître du Concertgebouworkest d’Amsterdam

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Willem Mengelberg - Complete Columbia Concertgebouw Recordings, Volume 1 (1926-31). Œuvres de Johann Sebastian Bach (1685-1750), Johann Christian Bach (1735-1782), Ludwig van Beethoven (1770-1827), Hector Berlioz (1803-1869), Luigi Cherubini (1760-1842), Franz Liszt (1811-1886), Felix Mendelssohn (1809-1847), Carl Maria von Weber (1786-1826). Concertgebouworkest d’Amsterdam, direction : Willem Mengelberg. Enregistré entre mai 1926 et juin 1931 en la Grande salle du Concertgebouw d’Amsterdam. Notes techniques de Mark Obert-Thorn. 1 double CD-R Pristine Audio PASC595. Durée : 2 h 33’24.

Willem Mengelberg - Complete Columbia Concertgebouw Recordings, Volume 2 (1926-32). Œuvres de Georges Bizet (1838-1875), Johannes Brahms (1833-1897), Edvard Grieg (1843-1907), Gustav Mahler (1860-1911), Maurice Ravel (1875-1937), Johann Strauss II (1825-1899), Franz von Suppé (1819-1895), Piotr Ilyitch Tchaïkovski (1840-1893), Richard Wagner (1813-1883). Concertgebouworkest d’Amsterdam, direction : Willem Mengelberg. Enregistré entre mai 1926 et mai 1932 en la Grande salle du Concertgebouw d’Amsterdam. Notes techniques de Mark Obert-Thorn. 1 double CD-R Pristine Audio PASC616. Durée : 2 h 18’29.

Willem Mengelberg - Complete Columbia Concertgebouw Tchaïkovski Recordings (1927-1930). Piotr Ilyitch Tchaïkovski (1840-1893) : Symphonies n° 4 en fa mineur, op. 36 et n° 5 en mi mineur, op. 64 ; Roméo et Juliette, ouverture-fantaisie ; Valse de la Sérénade pour cordes en ut majeur, op. 48. Concertgebouworkest d’Amsterdam, direction : Willem Mengelberg. Enregistré entre juin 1927 et mai 1930 en la Grande salle du Concertgebouw d’Amsterdam. Notes techniques de Mark Obert-Thorn. 1 double CD-R Pristine Audio PASC511. Durée : 2 h 8’26.

Double affiche autour du piano à Monte-Carlo

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La fin de la saison monégasque est marquée par deux concerts autours de deux grands pianistiques : Christian Zacharias et Krystian Zimerman

Chaque concert du pianiste Christian Zacharias approche la perfection. C'est toujours avec grande émotion qu'on écoute ce merveilleux musicien qui atteint une telle perfection dans le répertoire classique.  Il nous propose un programme très intéressant avec des oeuvres peu jouées en concert  de Beethoven dédiées à son Maître Joseph Haydn.

Les charmantes 6 Variations sur "Nel cor più non mi sento" d'après l'opéra La Molinara de Paisiello WoO70, et les 12 Variations sur un thème de danse russe WoO71.  Zacharias crée un sentiment d'émerveillement, qui nous fait rêver. Un délice de toucher perlé. Dans la Sonate n°1 en fa mineur op 2 n°1, il témoigne d'une authentique âme de poète : le deuxième mouvement" allegro" est très émouvant.Christian Zacharias reconstitue dans ce programme le dialogue du maître et du disciple, où il fait alterner le jeune Beethoven et des pièces de la maturité de Haydn. La Sonate n°36 est séduisante avec un superbe adagio au lyrisme sobre et poignant. Le récital est couronné par la majestueuse Sonate pour piano n° 18 en sol majeur D 894 de Schubert. Zacharias qui était irrité par les applaudissements avant la fin de la sonate de Haydn annonce " et maintenant ça dure une heure"...On est fasciné par son interprétation. Il garde la tension tout au long de la sonate, il tient en haleine son public pendant toute la durée de l’oeuvre. La musicien ouvre un journal plein d'émotion et d'incertitude, mais cette sérénité étonnante donne un aperçu clair de ce dont il s'agit : réflexion et perspective. Zacharias séduit par une sonorité chantante, pleine de charme, où l'on découvre toutes les nuances de son jeu. Après une ovation, il offre un bis, prolongeant l’émotion de ces instants rares.

Krystian Zimerman est un des plus grands artistes contemporains, le pianiste philosophe par excellence.Ses concerts sont toujours très personnels et méticuleusement préparés. Il se présente ce soir à Monte-Carlo pour les Quatuors pour piano et cordes n°2 et n°3 de Johannes Brahms. Krystian Zimerman s'entoure de trois jeunes musiciens exceptionnels : la violoniste Maria Nowak, l’altiste Katarzyna Budnik et le violoncelliste Yuya Okamoto. 

A la folie ou pas du tout ? Passionnément, d’André Messager

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André Messager (1853-1929) : Passionnément, comédie musicale en trois actes. Véronique Gens (Ketty Stevenson), Etienne Dupuis (Robert Perceval), Nicole Car (Julia), Eric Huchet (William Stevenson), Chantal Santon Jeffery (Hélène Le Barrois), Armando Noguera (Harris) ; Münchner Rundfunkorchester, direction : Stefan Blunier. 2020. Notices en français et en anglais. Livret complet en français avec traduction anglaise. 77.03. Un livre-CD Palazzetto Bru Zane BZ 1044.

Musiques de scène avec Neeme Järvi 

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Ambroise Thomas (1811-1896) : Ouverture de Raymond ou le Secret de la Reine ; Daniel-François-Esprit Auber (1782-1871) : Ouverture de Fra Diavolo ou L’Hôtellerie de Terracine, S.18 ; François-Adrien Boieldieu (1775-1834) : Ouverture du Calife de Bagdad et de la Dame Blanche : Léo Delibes (1836-1891) : Scène du bal et vieille chanson de Le Roi s’amuse : Jules Massenet (1842-1912) : Espada. Estonian National Symphony Orchestra, Neeme Jarvi. 2018 et 2019. LIvret en anglais, français et allemand. 78’40’’. Chandos. CHAN 20151.

James Feddeck et l’ONF séduisent dans Berlioz, Bizet et Schumann

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James Feddeck / Harrison Parrott

Pour son deuxième concert à la tête de l’Orchestre National de France, qu’il avait déjà dirigé en 2018, le jeune chef d'orchestre américain James Feddeck avait choisi trois œuvres presque contemporaines : l’Ouverture de Béatrice et Bénédict d’Hector Berlioz (1862), la Symphonie en ut de Georges Bizet (1855) et la Troisième Symphonie de Robert Schumann (1850).

Le départ virtuose et volubile de l’Ouverture est donné avec un geste étonnamment lent... et cela fonctionne. La gestique est assez particulière, frisant par moments la nonchalance, mais toujours présente malgré tout. James Feddeck se tient rarement vraiment face à l’orchestre ; il se positionne plus volontiers latéralement (d’un côté ou de l’autre). Est-ce une volonté d’instaurer un contact privilégié avec une partie de l’orchestre ?

Celui-ci est dans une disposition inhabituelle (qui n’est manifestement pas due aux contraintes sanitaires, puisque les instrumentistes à cordes sont à deux par pupitre) : au centre, seulement deux rangs de cordes ; elles sont pourtant nombreuses (14 premiers et 12 seconds violons, 10 altos, 8 violoncelles et 6 contrebasses), mais se déploient sur les côtés de la scène. À noter que les deux groupes de violons se font face, ce qui crée, notamment dans Berlioz, un effet stéréo assez saisissant. Les violoncelles, avec les contrebasses derrière, sont à côté des premiers violons, tandis que les altos sont à côté des seconds. Il y a un vide entre les cordes et les vents, surtout côté jardin, car côté cour l’espace est en partie rempli par les cors, qui sont donc près des altos. 

La cérémonie et le gala 2021 des ICMA en streaming depuis Vaduz

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La cérémonie et le concert de gala 2021 des International Classical Music Awards (ICMA) se dérouleront ce dimanche 27 juin à Vaduz au Liechtenstein. Ces évènements seront diffusés en direct et gratuitement via le site  internet  www.kulmag.live. Pour pouvoir suivre le streaming, vous devez vous inscrire sur ce site.

La cérémonie de remise des prix  sera présentée par le président du jury des ICMA, Remy Franck à 15h30 et le concert aura lieu à 18h00.

Le concert de gala proposera le Sinfonieorchester Liechtenstein sous la direction de Yaron Traub avec en solistes des artistes lauréats des ICMA. Le détail du programme est accessible sur le site des ICMA.