Imants Kalniņš, 50 ans de musique symphonique et concertante

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Imants Kalniņš (°1941) : Symphonies n° 1 à 7 ; Concerto pour orchestre ; Concerto pour violoncelle et orchestre ; Concerto pour hautbois et orchestre ; Santa Cruz. Marta Sudraba, violoncelle ; Peteris Endzelis, hautbois ; Chœur d’Etat « Latvija » ; Orchestre Symphonique de Liepāja, direction Atvars Lakstigala et Maris Sirmais. 2014-2020. Livret en letton et en anglais. 361.16. Un coffret de cinq CD Skani LMIC/SKANI 087.

Les Prix Caecilia 2020

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Comme chaque année depuis 1974, l'Union de la Presse Musicale Belge décerne les Prix Caecilia.

Le prix du jeune musicien revient cette année à un talent émergent de la partie néerlandophone du pays, il s’agit de Beniamino Paganini, praticien de la flûte traversière baroque,  du clavecin et directeur artistique de l’Ensemble Musica Gloria.

Du fait de la situation actuelle, l’annonce des lauréats est numérique et la  remise des prix se déroulera le 3 octobre 2021 à l’occasion d'un concert de Beniamino Paganini dans le cadre de la série Rising Stars de Bozar.

Crescendo Magazine est représenté au Jury de sélection via Patrice Lieberman, Président de l’Union de la Presse musicale belge et Olivier Vrins, Membre du Comité éditorial de notre média.

Vous pouvez consulter la liste des lauréats 2020

Justin Taylor et Rameau, une affaire de famille 

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La scène actuelle du clavecin est des plus dynamiques avec une affirmation de jeunes talents exceptionnels. Dans ce cadre, il faut saluer les albums du jeune Justin Taylor qui allient pertinence éditoriale et excellence musicale. Alors qu’il sort chez Alpha un enregistrement consacré à la famille Rameau, le jeune homme répond à nos questions.  

Votre nouvel album est placé sous le signe de la famille Rameau. Ce nouveau disque vient après un album consacré à la famille Forqueray. Qu’est-ce qui vous attire dans ces “affaires de famille” musicales ? 

Quand je travaille sur un nouveau projet, j'essaye de m'approcher le plus possible du compositeur : par une vision la plus large possible de ses œuvres bien sûr, mais aussi par une approche plus personnelle, en essayant de connaître l'homme derrière le compositeur, de rentrer dans son intimité. Les 300 ans qui nous séparent de l'époque baroque créent une distance : on a du mal à s'imaginer Rameau se lever, accorder son clavecin, jouer avec d'autres musiciens, noter une idée musicale qui prend forme... Ce portrait familial permet de replacer l'oeuvre de Rameau dans son contexte : le jeune Jean-Philippe qui apprend très tôt la musique avec son petit frère Claude, l'éducation musicale que le couple Rameau (sa femme, Marie-Louise Mangot, était musicienne et chanteuse) lègue à leur fils Claude-François et leur neveu Lazare... Tout cet arrière-plan familial et musical a fécondé l'inspiration de Rameau, et c'est ce qui m'a attiré dans cette Famille Rameau !

Si l’on connaît bien les œuvres de Jean-Philippe Rameau, les partitions de Claude-François Rameau et Lazare Rameau sont complètement méconnues. Quelles sont leurs particularités stylistiques ? 

Le Menuet Barosais de Claude Rameau (son frère) est intimement lié aux origines dijonnaises de la famille. Sur une place de Dijon se trouve une statue de « Bareuzai », vigneron qui portait des « bas rosés » (la couleur, pas le vin!). Aujourd'hui ce terme est un sobriquet que l'on donne aux vignerons de Dijon, c'est l'esprit de cette courte pièce extrait d'une cantatille !

La Forcray de Claude-François Rameau (fils de l'illustre compositeur) est une pièce virtuose et exaltée. C'est aussi le témoin de la popularité du genre de la « pièce-hommage ». En effet, durant l'époque baroque, ces hommages sont très fréquents : rappelons par exemple La Superbe ou La Forqueray composée par François Couperin, ou La Rameau composée par Forqueray. Ces hommages nous initient à l'univers du dédicataire. Ici, on découvre un Forqueray fougueux, espiègle, joueur !

Les sonates de Lazare Rameau ont été publiées en 1788 et sont très influencées par le nouveau style classique venu des pays germaniques. Ce Rondo Grazioso, tantôt Majeur, tantôt mineur, nous fait profiter de la fantaisie classique que l'on a peu souvent l'habitude d'entendre au clavecin.

Streamings de la semaine : Liège, Lille et à Hambourg  

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Pour la sélection de la semaine, on commence par le festival numérique de l’Opéra de Liège qui va proposer près de 15 spectacles et concerts en ligne d’ici fin juin. 

Un titre de prestige est à l’affiche pour inaugurer cette série de diffusions numériques : La Traviata mise en espace par Gianni Santucci d’après la mise en scène de Stefano Mazzonis en 2009.

Sous la baguette de  Speranza Scappucci, directrice musicale de la maison, et avec une belle distribution :  Patrizia Ciofi, Dmitry Korchak et Giovanni Meoni. Ce spectacle est à voir jusqu’au 17 avril.

Dès ce jeudi 15 avril (et jusqu’au 24 avril), l’Opéra de Liège propose un concert lyrique, tel un voyage entre l’œuvre de Verdi et le vérisme, avec le chef Daniel Oren et la voix de la soprano  Saioa Hernández.

La Traviata et ce concert sont visibles en ligne sur la plateforme de streaming  de l’Opéra de Liège : https://streaming.operaliege.be/fr

A Lille, l’évènement musical  résidait dans la nouvelle production du Pelléas et Mélisande de Claude Debussy dans une  mise en scène et scénographie de Daniel Jeanneteau et sous la direction de François-Xavier Roth au pupitre de son orchestre Les Siècles. La distribution est superbe : Julien Behr, Vannina Santoni, Alexandre Duhamel,  Maris-Ange Todorovitch.

Enfin à Hambourg, la scène de la prestigieuse Philharmonie de l'Elbe accueille son orchestre résident de la NDR pour une Symphonie n°9 de Schubert sous la direction de Herbert Blomstedt.

Dossier Sibelius (II) : une oeuvre contrastée

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Suite de notre évocation de Jean Sibelius sous la plume d'Harry Halbreich avec un panorama de son oeuvre hors de son corpus des symphonies.

Sibelius n’a écrit qu’un seul concerto immensément populaire, pour son propre instrument, le violon, et c’est un quasi chef-d’œuvre au seuil de la maturité (1903-1904), dont le vaste premier mouvement est sans doute le plus parfait et plus pleinement original que les deux suivants. Mais on a grand tort d’ignorer les Six Humoresques pour violon et (petit) orchestre (1917-1918), véritables joyaux d’une virtuosité étincelante, dans le style de la haute maturité sibélienne, et non loin desquelles on situera les deux Sérénades de 1912-1913, de même formation.

Il y a ensuite une bonne douzaine de partitions de musique de scène (Sibelius ne composa qu’un bref opéra de jeunesse d’importance secondaire, essai sans lendemain), parmi lesquelles on pourra négliger Kuolema (La Mort) qui contient l’illustre Valse Triste, pour s’attacher plutôt aux pages délicates de Pelléas et Mélisande (1905), pièce de Maeterlinck que le compositeur a donc illustré après Fauré, Debussy et... Schönberg !, ou du Cygne Blanc de Strindberg (1907), mais surtout la très importante partition pour La Tempête de Shakespeare (1925), fruit de la suprême maturité sibélienne (entre la Septième Symphonie et Tapiola), plus d’une heure de musique dont le stupéfiant Prélude, entièrement atonal, d’une puissance titanesque.

Dossier Rimsky-Korsakov (I) : un compositeur opératique ?

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Crescendo Magazine poursuit la mise en ligne des articles publiés dans ses versions papiers. Nous reprenons ici le dossier Rimsky-Korsakov avec une première partie d'un article rédigé par Bruno Peeters pour le n°94 de notre média.

Ce seul nom évoque une grandiose série d’images flamboyantes, d’orchestrations de luxe, de noms fabuleux surtout : Schéhérazade, Antar, Capriccio espagnol, Sadko, Kitège, Le Coq d’Or... Avec Moussorgski et Borodine, il incarne l’âme de la Russie nationaliste, aux côtés d’un Tchaïkovski plus tourné vers l’Occident. Ses oeuvres orchestrales et ses Suites d’opéras ne cessent d’être jouées et enregistrées, même si aucun de ses quinze opéras ne connaît la gloire d’un Boris Godounov ou d’un Eugène Onéguine. Un siècle après sa mort, il est bon de revenir sur un homme et une oeuvre que l’on croit bien connaître et qui réservent encore bien des surprises.

Rimski-Korsakov s’avère extrêmement sympathique, bien loin de ces tableaux officiels de vieux patriarche barbu: “Je n’aime aucun des portraits de mon père : il y paraît trop sec, trop austère, trop sévère alors qu’il était la douceur même, et un homme d’une infinie bonté” relate sa fille Sophie . Epoux et père comblé, Rimski a eu une vie heureuse. D’origine noble et aisée, après une enfance dorée dans la belle propriété de Tikhvine près de Saint-Pétersbourg, il s’engage dans la marine à douze ans et parcourra le monde à bord d’un clipper, puis sera nommé fonctionnaire au Ministère. Mais il avait déjà découvert la musique (les opéras de Glinka surtout, mais aussi les Romantiques allemands) par le biais d’un professeur privé, puis la rencontre de Milij Alexeïevitch Balakirev en 1861. Sa vie en sera changée. Il fait la connaissance de César Cui, Modeste Moussorgski, puis d’Alexandre Borodine. Le “Groupe des Cinq” est né. Balakirev lui commande une Symphonie, il s’installe avec Moussorgski pour composer son premier opéra. En 1871, il est nommé professeur de composition au Conservatoire de Saint- Pétersbourg, épouse la pianiste Nadejda Purgold rencontrée chez Alexandre Dargomyjski, puis quitte l’armée pour devenir inspecteur des orchestres de la Marine Impériale. Conscient de sa relative faiblesse technique, il étudie le contrepoint et l’harmonie, honnis par Balakirev, et prend des leçons avec Tchaïkovski. Il se passionne pour le foklore et pour la mythologie russe pré-chrétienne, et ses opéras sont joués avec succès. Aux morts successives de ses amis Moussorgski et Borodine, il interrompra son oeuvre pour compléter et achever leurs opéras avec dévouement. Sa carrière se poursuit avec bonheur et il est nommé Directeur adjoint de la Chapelle Impériale. Ses élèves construisent la nouvelle école russe : Anatoli Liadov, Antoni Arensky, Mikhaïl Ippolitov-Ivanov et surtout Alexandre Glazounov, son disciple préféré. S’éloignant de son ancien mentor -Balakirev- à la fin des années 1880, il fonde un nouveau groupe progressiste autour de Mitrofan Petrovitch Belaïev, mélomane averti qui, cinq années plus tard, fondera à Leipzig sa maison d’édition musicale et publiera plus de deux mille compositions de ses amis russes.