Respighi et sa Belle au bois dormant : quand la magie opère…

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Ottorino RESPIGHI (1879-1936) : La bella dormente nel bosco, conte de fées musical en trois actes. Mise en scène de Leo Muscato. Veta Pilipenko, Angela Nisi, Antonio Gandia, Vincenzo Taormina, Shoushik Barsoumian, Lara Rotili, Claudia Urru, Enrico Zara, Nicola Ebau, Francesco Leone, Marco Puggioni. Chœurs et orchestre du Théâtre Lyrique de Cagliari, direction Donato Renzetti. 2020. Livret en anglais. Sous-titres en italien, anglais, allemand, japonais et coréen. 88.00. Un DVD Naxos 2.110655. 

Krzysztof Penderecki a quitté le labyrinthe du temps

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Alors que les grands artistes du 20ème siècle tirent inéluctablement, les uns après les autres, leur révérence, c’est au tour de Krzysztof Penderecki d’accéder à l’éternité à laquelle aspire son œuvre. Figure charismatique, titulaire d’innombrables distinctions et titres honorifiques, il est l’un de ces trop rares compositeurs contemporains à avoir trouvé dans le cœur d’un large public une caisse de résonance, dont les contours débordent bien au-delà des frontières de sa Pologne natale. 

Né le 23 novembre 1933 à Dębica, Penderecki développe dès son plus jeune âge un intérêt singulier pour la musique. Il a douze ans lorsque son père lui offre son premier violon, acheté pour une bouteille d’alcool à un soldat russe. Son piano, acquis un peu plus tard, coûtera le double du prix. Krzysztof éprouvera toute sa vie une aversion pour ce second instrument, qu’un professeur peu recommandable s’était évertué à lui enseigner à grand renfort de coups de règles. N’étaient-ce quelques œuvres de musique de chambre et un très beau concerto composé à l’orée du 21e siècle, le piano eût été pratiquement absent du catalogue du compositeur polonais, où s’illustrent en revanche abondamment les instruments à cordes. Dès l’âge de 18 ans, Penderecki entreprend l’étude de la composition à l’École supérieure de musique de Cracovie, une institution dont il prendra la direction en 1972. À l’étroit dans le carcan communiste, il brigue une bourse d’étude qui lui permettrait de mettre les voiles vers l’Ouest. En 1959, il s’inscrit au concours de composition de l’Union des compositeurs polonais. Pour mettre toutes les chances de son côté, il présente en secret trois œuvres dans des styles différents; étant ambidextre, il écrit l’une à la main gauche, l’autre à la main droite et demande à un ami de recopier la troisième. Le palmarès est éloquent: trois premiers prix sont décernés aux Psaumes de David, pour chœur mixte, cordes et percussions (1958), à Émanations, pour deux orchestres à cordes (1959) et à Strophes, pour soprano, récitant et 10 instruments (1959) ! Mais c’est Anaklasis, pour 42 instruments à cordes et groupes de percussion (1959-1960), commande du directeur des Journées Musicales de Donaueschingen, Heinrich Strobel, qui révèle Penderecki sur le plan international. Dès lors, de résidence en résidence, Penderecki parcourt le monde. Il se réinstalle en Pologne en 1990 et se prend de passion pour la botanique ; témoin, cet arboretum qu’il crée dans sa propriété de Lusławice, un écrin de verdure digne de Giverny. 

Le monde d’après - I : la démondialisation du classique ? 

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L’épidémie de Covid 19 va sans aucun doute déboucher sur des bouleversements majeurs et le domaine de la musique classique ne devrait pas être épargné par des métamorphoses. Nous proposons ici d’entrevoir ce « monde d’après ». Nous attirons votre attention sur le fait qu’il ne s’agit que de scénarios, cela ne veut pas dire que ce qui est écrit peut se produire, ni même que nous souhaitons cette évolution. Cet article n’a d’autre ambition que de scénariser un futur. 

La musique classique a toujours été mondialisée ! Le voyage est une norme de la vie des compositeurs et des interprètes. Les exemples sont nombreux : Haendel posant ses valises en Italie ou à Londres ou le petit Wolfgang Amadeus Mozart baladé à travers toute l’Europe. L’ère industrielle accélère ce mouvement, la modernisation des transports et la croissance démographique et urbaine créent une nouvelle demande : Johann Strauss et son orchestre se produisent chaque année en Russie tout en menant des tournées aux Etats-Unis. Les paquebots transatlantiques permettent aux grands musiciens européens de se produire régulièrement en Amérique et même de s’y installer : Antonín Dvořák devient ainsi directeur du Conservatoire de New-York. A l’ère Meiji, le Japon s’ouvre à la musique classique !

 La deuxième moitié du XXe siècle et une nouvelle vague d’évolutions techniques décuple les opportunités : la rapidité des transports aériens permet aux stars de multiplier les tournées et, pour les chefs d’orchestre, de cumuler des postes situés sur des continents différents ! Le marché du disque, porté par les mutations technologiques, assure une augmentation exponentielle du public. Les grandes stars accourent dans les salles prestigieuses et dans des “festivals mondes” qui voient le public exigeant du monde entier se masser chaque été : le Salzbourg de l’ère Karajan en est le meilleur exemple. Le début du XXIe siècle marqué par une ultra-mondialisation économique a ouvert de nouveaux marchés à la musique classique : Asie, Moyen-Orient, Amérique du Sud. Toutes ces salles de concerts émergentes s’avéraient désireuses d’avoir les grands solistes ou les grands orchestres. Ainsi, pour les orchestres britanniques peu subventionnés (le London Symphony Orchestra en particulier), la tournée internationale est même le business modèle car elle permet de gagner de l’argent ! 

Jakub Hrůša, défenseur du patrimoine musical 

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Le chef d’orchestre Jakub Hrůša est un talent que l’on s’arrache. Depuis 2016, le chef tchèque est le chef principal de l'Orchestre Symphonique de Bamberg et un invité régulier des grands orchestres. Son dernier enregistrement, consacré à la géniale Symphonie “Asraël” de Josef Suk au pupitre de l’Orchestre Symphonique de la Radio bavaroise de Munich vient de paraître chez BR Klassik.  Remy Franck, rédacteur en chef de Pizzicato et Président du jury des International Classical Music Awards, s’entretient avec ce musicien.

Vous avez reçu de belles critiques pour vos enregistrements de Brahms (Tudor) et d'autres compositeurs non tchèques, mais vous avez néanmoins développé une sensibilité particulièrement pour la musique tchèque. Que représente-t-elle pour vous ?

Pour moi, diriger la musique des compositeurs tchèques, c'est comme respirer. Cette musique est si naturelle et si belle. Parfois, comme avec la respiration, je ne remarque même plus à quel point c'est un privilège extraordinaire : être l'ambassadeur de ces précieuses créations culturelles et les comprendre dans les moindres détails. Au cours de ma carrière, j'ai essayé d'éviter d'être catalogué. Par amour et par respect pour la musique d'autres territoires, j'ai toujours fait plus de musique non tchèque que tchèque. Mais la musique de mon pays joue bien sûr le rôle le plus important, et je suis ravi de pouvoir la servir ! 

Et quelle est la place de Josef Suk dans votre répertoire ?

Depuis ma première rencontre avec lui -j'avais environ 15 ans lorsque j'ai entendu Asraël pour la première fois, j'habitais à Brno, ma ville, je suis amoureux de Josef Suk. Je le considère comme le plus important compositeur tchèque de la fin du romantisme, une sorte de prolongement du parcours de composition d'Antonín Dvořák. Il a été influencé par les meilleurs esprits de cette période extraordinaire de la fin du siècle. Suk, pour moi, c’est un Mahler quasi-tchèque. Non pas dans son style particulier de composition, mais dans sa capacité et son courage d'embrasser l'émotion humaine jusqu'au moindre détail et d'offrir à l'humanité entière les réflexions les plus honnêtes, des côtés les plus heureux aux plus sombres de notre psyché. Suk le fait très individuellement et personnellement : voyez le doux Conte de fées ou le tragique Asraël. Mais il se tourne toujours vers nous tous et nous offre une vision d'espoir, une catharsis. Il est étonnant qu'il le fasse sans référence particulière aux sphères religieuses classiques. Sa musique est profondément subjective mais malgré son honnêteté, elle évite le nihilisme. Ainsi, il est très différent par exemple de Chostakovitch. Et après Janáček, Suk est certainement le compositeur tchèque le plus talentueux de la première moitié du XXe siècle.

Rares transcriptions pianistiques de Quatuors de Beethoven : vertu et volupté

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« Kaleidoscope ». Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Quatuor à cordes n°6 Op. 18 (II. adagio ma non troppo), n°7 Op. 59 (II. allegretto vivace) [arrgmt Saint-Saëns] ; n°8 Op. 59 (III. allegretto – maggiore), n°13 Op. 130 (V. cavatina) [arrgmt Balakirev] ; n°16 Op. 135 (II. vivace, III. lento assai) [arrgmt Moussorgski] ; Thème et Variations sur le Quintette avec clarinette KV 581 de W.A. Mozart. Mari Kodama, piano. 2019. Livret en anglais. TT 56’02. Pentatone PTC5186841

Dmitri Liss au sommet !

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Olga Victorova (*1960) : Quinlong Azure Dragon ; Dmitri Chostakovitch (1906-1975) : Symphonie n°10 en mi mineur, Op. 93. Phiharmonie Zuidnederland, Dmitri Liss, direction. 2019-DDD-58’50-Textes de présentation en anglais, français et néerlandais-Fuga Libera-FUG756

Retour en 1986 à Moscou avec la dream team russe

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Œuvres de Mozart, Saint-Saëns, Chostakovitch, Debussy, Ernst, Bazzini, Ysaÿe, Chausson, Brahms, Sarasate, Prokofiev, Rachmaninov, ScriabineMaxim Vengerov, violon – Irina Vinogradova, piano – Vadim Repin, violon – Evgeny Kissin, piano. 2019-DDD-CD1 45’37 CD2 77’37-Textes de présentation en russe et anglais-Melodia-MELCD1002611

Weber, Kurpinski, Crusell : la clarinette étincelante de Sharon Kam

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Carl Maria von Weber (1786-1826) : Concerto pour clarinette n° 2 op. 74 ; Karol Kurpinski (1785-1857) : Concerto pour clarinette et orchestre ; Bernhard Henrik Crussel (1775-1838) : Concerto pour clarinette et orchestre n° 1 op. 1. Sharon Kam, clarinette ; Orchestre symphonique ORF de la Radio de Vienne, direction Gregor Bühl. 2020. Livret en anglais et en allemand. 53.44. Orfeo C9995201.