Mots-clé : Karine Deshayes

Thésée de Lully par Christophe Rousset

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Jean-Baptiste Lully (1632-1687) : Thésée, tragédie en un prologue et cinq actes. Mathias Vidal (Thésée), Karine Deshayes (Médée), Deborah Cachet (Églé), Philippe Estèphe (Égée), Marie Lys (Cléone, Cérès, une bergère), Bénédicte Tauran (Minerve, la Grande Prêtresse de Minerve, une divinité), Thaïs Raï-Westphal (Dorine, Vénus, une bergère, une divinité), Guilhem Worms (Arcas, Mars, un Plaisir, un Jeu) ; Chœur de chambre de Namur ; Les Talens Lyriques, direction Christophe Rousset. 2023. Notice en anglais et en français. Livret complet avec traduction anglaise. 201’00’’. Un coffret de 3CD Aparté AP325.

 Une compositrice à l’épreuve du réel : « Fausto » de Louise Bertin au Théâtre des Champs-Elysées

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La valeur des « femmes musiciennes » brille indiscutablement depuis la nuit des temps. Car -on ne le dit jamais- jusqu’au XIXe siècle, les interprètes, hommes et femmes, étaient par définition et en même temps, compositeurs- improvisateurs et enseignants.

La dissociation interprète/auteur s’étant opérée tardivement, il est normal de ne pouvoir identifier de compositrices es qualité qu’à partir des débuts de l’édition et, plus particulièrement, au cours de ce XIXe siècle d’où surgit Louise Bertin présentée également comme poétesse.

Partant du « Faust » de Goethe, elle en modifie l’esprit (plus de chien, ni de cave d’Auerbach, ni de bijoux, miroir ou course à l’abîme) et l’acclimate au goût français, sans excès de philosophie.

Quant au choix du sujet, la compositrice s’inscrit dans l’air du temps. Car Goethe est présent partout. 

Liszt au piano et le ténor Adolphe Nourrit ont déjà fait entendre à Paris les Lieder de Schubert composés sur les poèmes de Goethe.

Les Huit Scènes de Faust de Berlioz ont paru et les peintres, parmi lesquels Delacroix et Ary Scheffer, se sont emparés du mythe gothique tandis que la traduction de Gérard de Nerval date de 1828.

Autre curiosité, Fausto a été traduit en italien (assez littéralement pour ce que l’on peut en juger) puisque cette oeuvre semi-seria en quatre actes était destinée au Théâtre Italien.

Fille du directeur du Journal des Débats (Louis-François Bertin) et en dépit des infirmités laissées par la poliomyélite, la jeune femme fait vite preuve d’autant de dons que de tempérament.

A Pesaro, Moïse l’emporte devant Elisabetta

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En dépit d’un lourd contingentement des places, le Festival Rossini de Pesaro présente, pour sa 52e édition, trois ouvrages dans de nouvelles productions, Il Signor Bruschino au Teatro Rossini, Elisabetta regina d’Inghilterra  et Moïse et Pharaon au Teatro Vitrifrigo Arena à l’extérieur de la cité. N’ayant pu voir le premier de ces spectacles, j’ai néanmoins assisté à la répétition générale de l’un et à la première publique de l’autre (Elisabetta du 8 août, Moïse du 9).

Depuis la création de ce festival  en 1980, Elisabetta regina d’Inghilterra n’a été affichée qu’une seule fois, en août 2004, dans la mise en scène de Daniele Abbado, sous la direction de Renato Palumbo, avec Sonia Ganassi dans le rôle-titre. Dix-sept ans plus tard, Ernesto Palacio, l’actuel surintendant des manifestations, fait appel au régisseur turinois Davide Livermore qui, depuis 2010, a proposé en ces lieux Demetrio e Polibio, Ciro in Babilonia, L’Italiana in Algeri et Il Turco in Italia

Que faire de cette première ‘opera seria’ napolitaine créée au Teatro di San Carlo le 4 octobre 1815 ? La trame, mal ficelée, évoque les tribulations de Leicester et de Matilde, son épouse secrète, alors que la reine vierge Elisabeth Ière, éprise de lui, veut en faire son époux. C’est pourquoi le metteur en scène décide de transposer l’action au XXe siècle en prêtant à la souveraine les traits d’Elisabeth II, comme s’il s’agissait d’un épisode supplémentaire à la célèbre série télévisée The Crown. Avec l’aide du vidéaste D-Wok, Giò Forma conçoit un décor projeté devant lequel s’amassent les éléments en dur d’un hôtel de luxe. Les costumes de Gianluca Falaschi jouent sur le bariolage des coloris de la gentry huppée peuplant les salons de Buckingham Palace. Plus d’une fois, cette relecture frôle le ridicule (Leicester devenu officier de la flotte aéronautique est soumis à la question dans un goulag aux éclairages orange insoutenables, Norfolk recourt au téléphone pour dénoncer les agissements de Leicester à la souveraine…)

Alexandre Dumas et la musique, de romances en mélodies

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Alexandre Dumas et la musique. Airs de Jules Massenet, Hector Berlioz, Franz Liszt, Henri Duparc, Benjamin Godard, Joseph Doche, Gilbert Duprez, Hippolyte Monpou, Alphonse Varney, André Messager, Edmond Guion, César Franck, Henri Reber et Francis Thomé. Karine Deshayes, mezzo-soprano ; Marie-Laure Garnier, soprano ; Kaëlig Boché, ténor ; Raphaël Jouan, violoncelle ; Alphonse Cemin, piano. 2020. Notice en français et en anglais. Textes poétiques en français avec traduction anglaise. 67.25. Alpha 657.

Fêtes musicales d'exception à Monte-Carlo

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L'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo a eu le privilège d'accueillir Charles Dutoit pour deux concerts en deux semaines.

Le premier concert était intégralement consacré à Maurice Ravel avec des oeuvres peu jouées en concert : Ma mère l'Oye (dans la version Charles Dutoit qui a librement choisi cinq numéros) et L'Heure espagnole. On connaît les liens étroits entre le chef suisse et l’univers de Ravel. Charles Dutoit arrive à tirer les nuances les plus poétiques de chaque groupe d'instruments de l'orchestre tout en faisant chanter les premiers pupitres : le violon de Liza Kerob, le violoncelle de Thierry Amadi  ainsi que la flûte, la harpe, la clarinette, le contrebasson, le cor, le célesta et les timbales. 

Des deux opéras de Ravel, L'Heure espagnole est de loin le moins joué. Mais s’il ne possède pas la poésie du texte de Colette pour l’Enfant et les Sortilèges, le livret de Franc-Nohain pour l’Heure espagnole dégage le charme désuet d’un théâtre de boulevard sur fond d’une Espagne fantasmée. La précision ainsi que le sens des couleurs et du rythme sont parfaitement présents sous une direction orchestrale scintillante et chatoyante. La distribution vocale est parfaitement idoine avec  le ténor Eric Huchet (Torquemada, un horloger), la soprano Karine Deshayes (Concepción, la femme de Torquemada), le baryton Thomas Dolié (Ramiro, un muletier), le ténor Julien Behr et la basse David Wilson (les amants,  Gonzalve, un bachelier poète et Don Iñigo Gomez, un riche financier). 

Karine Deshayes et Delphine Haidan, deux mezzos sinon rien

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Duos vocaux.  Johannes Brahms (1833-1896) : 4 Duos op. 61 ; Die Meere, op. 20 n° 3. Felix Mendelssohn (1809-1847) : 4 Duos op. 63. Charles Gounod (1818-1893) : D’un cœur qui t’aime ; Bienheureux le cœur sincère. Léo Delibes (1836-1891) : Les 3 oiseaux. Camille Saint-Saëns (1835-1921) : El Desdichado ; Pastorale. Jules Massenet (1842-1912) : Rêvons, c’est l’heure ; 2 Duos op. 2. Ernest Chausson (1855-1899) : La nuit op. 11 n° 1. Gabriel Fauré (1845-1924) Puisqu’ici-bas toute âme, op. 10 ; Pleurs d’or, op. 72. Karine Deshayes et Delphine Haidan, mezzo-sopranos ; Johan Farjot, piano. 2019. Livret en français et en anglais. Textes des poèmes allemands avec traduction en anglais et en français. Textes des poèmes français, avec traduction en anglais. 51.29. Klarthe K081. 

Des mille et une manières d’accommoder Offenbach

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Telle la queue d’une comète, la célébration du bicentenaire de la naissance de Jacques Offenbach, en 2019, laisse derrière elle une poussière d’étoiles où quelques diamants scintillent encore. Ils démontrent -avec plus ou moins de brio et de pertinence- que l’auteur de la Belle Hélène s’accommode à toutes les sauces : burlesque, sage, ou opulente à travers ces trois enregistrements ...

Un mari à la porte. Opérette en un acte (1859). Patrizio La Placa, Henri Martel ; Marina Ogii, Suzanne ; Matteo Mezzaro, Florestan Ducroquet ; Francesca Benitez, Rosita.Orchestro del Maggio Musicale Fiorentino, Valerio Galli, dir.Enregistré en direct au Teatro del Maggio Musicale Fiorentino en février 2019 2019-47’12- livret en italien et anglais- textes en italien, anglais et français-chanté en français-Dynamic Maggio Musicale Fiorentino

Voir comme on entend, entendre comme on voit : Cenerentola à Liège

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Rossini, c’est un bonheur musical et vocal. Ses partitions sont le plus souvent pyrotechniques -et cela même dans une œuvre au contenu plus douloureux comme son Stabat Mater. C’est un artificier multipliant les croches multipliées, les crescendo-decrescendos vertigineux ; il n’a pas peur des sommets, là-bas, tout en haut, bien au-dessus de la portée. Il est drôle, immensément drôle, au premier degré comme dans des décalages délicieusement ironiques. Il (se) joue de ce qu’il fait jouer ! Mais cette allégresse, qui s’empare du spectateur, exige une intense concentration des musiciens qui la font naître. C’est un spectacle toujours amusant que celui du contraste entre une salle qui éclate de rire et des instrumentistes penchés si sérieusement sur leurs partitions.

Gio le taxi. Don Giovanni en conclusion des Chorégies 2019.

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Le grand Patrice Chéreau disait de Wagner lorsqu’il mettait en scène son Ring du centenaire à Bayreuth en 1976 qu’il le « poussait à faire toujours plus de théâtre ».  Nous repensons souvent à ces mots quand nous découvrons la nouvelle lecture d’un opéra mais cette maxime prend tout son sens avec le Don Giovanni proposé ce mardi soir aux Chorégies d’Orange.

Œuvre intimiste à son origine, elle devient par la force des lieux un grand spectacle… à caractère sociétal. Car derrière les frasques du « scélérat charmant », c’est bien une lutte entre ancien et nouveau monde, entre ordre et désordre qui s’opère. C’est en tout cas ce que nous pensons être le postulat de départ de la mise en scène de Davide Livermore épaulé par Rudy Sabounghi (costumes), Antonio Castro (lumières) et D-Wok (vidéos). Replacer Mozart et Don Juan dans leur contexte historique et idéologique, celui de cette Europe des lumières à la veille de l’implosion, tout en montrant que ces aspirations sont toujours bien actuelles. Il suffit de suivre les évènements récents pour s’en convaincre. Alors Don Giovanni gilet jaune dans l’âme ? Nous n’irons pas jusque-là mais ange destructeur d’un modèle de société dépassé c’est une certitude !

Herculanum renaît de ses cendres

par

0126_JOKERFélicien DAVID (1810-1876)
Herculanum
V. Gens (Lilia), K. Deshayes (Olympia), E. Montvidas (Hélios), N. Courjal (Nicanor / Satan), J. Véronèse (Magnus), Flemish Radio Choir, Brussels Philharmonic, dir.: Hervé NIQUET
2015-Livre-CD (2)-72' 5844 et 49' 06''-Textes de présentation en français et en anglais-chanté en français-Ediciones Singulares ES 1020

Après un rêve

par

Mélodies et pièces instrumentales de Massenet, Fauré, Gounod, Saint-Saëns, Chausson, Godard et Berlioz
Karine DESHAYES (mezzo-soprano), Ensemble Contraste : Arnaud Thorette (violon), Bleuenn Le Maître (violon), Maria Mosconi (alto), Antoine Pierlot (violoncelle), Johan Farjot (piano).
2015-DDD-72 '-Textes de présentation en français et anglais-Chanté en français-Textes non reproduits-Aparté AP106

Une éruption en concert !

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Herculanum de Félicien David
Le Palazzetto Bru Zane-Centre de musique romantique française frappe fort, de plus en plus fort. Après la résurrection de l'opéra Les Barbares de Saint-Saëns, voici celle d'Herculanum de Félicien David (1810-1876) dans les ors de l'Opéra Royal de Versailles.

Un répertoire peu connu : la cantate dramatique

par

JOKERLuigi CHERUBINI (1760-1842)
Médée, ouverture et air de Néris - Circé
Xavier BOISSELOT (1811-1893)
Velléda
Louis-Ferdinand HEROLD (1791-1833)
Ariane
Charles-Simon CATEL (1773-1830)
Sémiramis, ouverture

Karine DESHAYES (mezzo-soprano), Opera Fuoco, dir.: David STERN
2013-DDD-77'13''- Textes de présentation en français et anglais-chanté en français - Zig-Zag Territoires ZZT337