François-Xavier Roth en Hispanie : l’intégrale Ravel à l’heure de Bolero
Maurice Ravel (1875-1937) : L’Heure espagnole, M.52 ; Bolero, M.81 (Version originale Ballet 1928). Isabelle Druet, mezzo-soprano ; Julien Behr, ténor ; Lotte Félix, ténor ; Thomas Dolié, baryton ; Jean Teitgen, basse. Les Siècle, direction : François-Xavier Roth. 2021. Livret en : français, anglais et allemand. Texte chanté en français, traduction en anglais. 64’36. Harmonia Mundi. HMM905361.
Nous l’attendions avec ferveur depuis de longues semaines… le voici enfin ! Le nouvel opus de ce qui est sûrement le cycle le plus excitant du moment, à savoir les tribulations de François-Xavier Roth au sein de l’œuvre de Maurice Ravel. Ce dernier vole de succès en succès pour le plus grand bonheur de nos cœurs et de nos oreilles. Alors forcément quand s’annoncent l’Heure Espagnole et le Boléro, on ne tient plus en place !
A tout seigneur tout honneur. Commençons donc par le totem de la musique orchestrale hexagonale. « Un ballet à caractère espagnol », tel est le Bolero de Maurice Ravel, interprété ici dans la version originale ballet 1928 (avec, entre autres, des castagnettes) restaurée par la RAVEL EDITON. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la lecture que nous en donnent François-Xavier Roth et son Orchestre des Siècles ne manque pas de caractère et d’identité. C’est un véritable diorama du Piel de Toro. La réussite est totale et ne trouve d’équivalent que chez John Wilson (Chandos) ou Igor Markevitch (RTVE/Decca), c’est dire !
Le résultat est à la hauteur de nos espérances et de notre attente. Clarté, lucidité et intelligence, Roth est encore et toujours au sommet de son art. La rigueur et la minutie qui caractérisent sa direction n’empêchent en rien la vie, les couleurs chatoyantes et une petite dose subtile de folie.
Ces mêmes qualités sont indispensables dans la seconde œuvre de cet opus, L’Heure Espagnole. En effet, si on en exagère trop les traits c’est très rapidement le dérapage, la faute de goût ou, pire, le grotesque. Cette comédie est poétique, un petit trésor de subtilité et non un vaudeville. Elle requiert donc à sa tête un alchimiste capable d’allier les sourires du texte et l’émotion qui naît de la musique. Nous savons pouvoir compter sur François-Xavier Roth pour préserver l’esprit ravélien dans toutes ses dimensions. Saluons bien évidemment la performance de haute volée de l’ensemble de la distribution vocale : Isabelle Druet, Julien Behr, Loïc Félix, Thomas Dolié, Jean Teitgen et Mathieu Pordoy.
Vous l’avez compris c’est encore un total succès, un de plus dans ce qui apparaît de plus en plus comme un parcours quasi sans faute.
Son : 10 – Livret : 10 - Répertoire : 10 – Interprétation : 10
Bertrand Balmitgère