A Genève, une Elektra en équilibre… instable   

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Depuis les représentations de novembre 2010 avec Jeanne-Michèle Charbonnet et Eva Marton dirigées par Stefan Soltesz qui n’ont pas laissé de souvenir mémorable, le Grand-Théâtre de Genève n’a pas remis à l’affiche l’Elektra de Richard Strauss. Onze ans plus tard, son directeur, Aviel Cahn, fait appel au régisseur allemand Ulrich Rasche qui vient de réaliser à Munich la production de la tragédie éponyme de Hugo von Hofmannsthal. Pour la mise en musique de Richard Strauss, le scénographe conçoit une structure métallique pesant plus de onze tonnes surmontée d’une cage de près de deux tonnes constituant une tour écrasante, entourée de deux disques rotatifs lumineux qu’arpentent inlassablement les cinq servantes et leur surveillante selon une dynamique dictée par le rythme musical. Sous de  fascinants éclairages élaborés par Michael Bauer accentuant la sensation de froideur claustrale du royaume des Atrides, le pivot central se fractionne afin de livrer un espace de jeu en déclivité, ce qui oblige les protagonistes à s’arrimer par une corde à un noyau central. Pour cette raison, les costumes de Sara Schwartz et de Romy Springsguth ne sont donc que des justaucorps gris noirs équipés d’une ceinture de varappeur qui permettent  aux quinze solistes ce perpétuel va-et-vient sans la moindre direction d’acteur. Il faut donc relever le mérite de chacun de tenter de chanter sa partition, même si, pour la plus grande part d’entre eux, il est presque impossible de rendre le texte intelligible. Mais cette sempiternelle mise en mouvement finit par lasser en générant un ennui que ne pourront dissiper les éclatantes lumières de la péroraison. 

La Khovantchina galvanise la Bastille

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Comme l’âme russe, la mise en scène d’Andreï Serban défie le temps. Elle reste aussi vivante, intelligente, captivante aujourd’hui qu’à sa création (2001 reprise en 2013). Car elle se focalise sur l’œuvre, toute l’œuvre, rien que l’œuvre. Ce qui n’empêche nullement l’actualité de s’inviter hier comme aujourd’hui à travers l’évocation de visées expansionnistes (Ukraine, Crimée, Tatars), de l’attraction entre Orient et Occident, du conflit entre cultes païens, mystiques et modernité, du choc entre «la morale et l’histoire» (A. Lischke) -toutes pulsions qui rougeoient, encore et toujours, telles des braises. Et, au milieu de tout cela, la splendeur paradoxale de l’homme déchu.

 Pour chanter ces destins foudroyés, Moussorgski au terme de sa vie invente la musique la plus chatoyante dans ses bariolages, la plus libre dans son instrumentation, la plus vigoureuse dans ses harmonies qu’on eût jamais conçue, au point de bouleverser les repères de son temps dans le droit fil de Boris Godounov (1869). Partition que Saint-Saëns rapporta dans ses bagages en 1875 influençant Debussy, Chausson, Ravel parmi beaucoup d’autres.

Complétée et remaniée par Rimski-Korsakov puis Chostakovitch (version ici choisie), des orchestrations de Ravel et Stravinski ayant en partie disparu sauf le final, la partition présente néanmoins une cohérence quasi organique. En un unique flux, elle charrie des beautés surprenantes, effrayantes et ensorcelantes. Depuis les sonneries guerrières, liturgiques, les cris, jusqu’aux inflexions les plus douces qui furent jamais prêtées à des chœurs, c’est une seule foi unie à une seule terre qui chante. Voix sauvage, plus primitive encore que dans Boris Godounov.

Rameau : Achante et Céphise, une rédécouverte

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Jean-Philippe Rameau (1683-1764) : Achante et Céphise ou la Sympathie. Pastorale héroïque en trois actes. Sabine Devieilhe, Céphise ; Cyrille Dubois, Achante ; David Witczak, Le génie Oroès ; Judith Van Wanroij, Zirphile ; Jehanne Amzal, La Grande Prêtresse : Artavazd Sargsyan, Un coryphée/ Un Berger ; Arnaud Richard, Un Coryphée / Un chasseur ; Marine Lafdal-Franc, Une fée, une bergère ; Anne-Sophie Petit, la Deuxième Prêtresse ;  Floriane Hasler, La Troisième Prêtresse. Les Chantres du Centre de musique baroque de Versailles ; Les Ambassadeurs - La Grande écurie, Alexis Kossenko. 2020 Livret en français, anglais et allemand. Texte chanté en français, traduction en anglais. 2 CD Erato. 01902966693946

Deuxième volume d’une intégrale des symphonies de Bruckner transcrites à l’orgue

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Anton Bruckner (1824-1896) : Drei Orchesterstücke WAB 97 ; Marsch en ré mineur WAB 96 ; Symphonie en ut mineur WAB 101 [transcriptions Erwin Horn]. Oscar Jockel (*1995) : Denn er hatte noch eine dringende Verabredung mit den drei Eichen und den drei Bächen am Fuss des goldenen Berges. Hansjörg Albrecht, orgue de la Brucknerhaus de Linz (Autriche). Février 2021. Livret en allemand, anglais. TT 74’20. OEHMS Classics OC477

Miroir du temps : Bach, Leonhardt, Sempé, jeu à trois mains

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Tradition & Transcription. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Sonate pour violon BWV 1005 ; Sarabande et Gigue pour violon BWV 1004 ; Sarabande pour violon BWV 1002 ; Sarabande et Gavottes pour violoncelle BWV 1012 [transcriptions Gustav Leonhardt]. Praeludium BWV 940 ; Variatio 13 des Variations Goldberg BWV 988. Johann Jakob Froberger (1616-1667) : Méditation faite sur ma mort future. Johann Kaspar Ferdinand Fischer (1656-1746) : Harpeggio en ré majeur ; Toccata en ré mineur [Musikalischer Parnassus]. Sylvius Leopold Weiss (1687-1750) : Allemande en ré mineur [transcription Skip Sempé]. Juan Cabanilles (1644-1712) : Tiento II de falsas. Gustav Leonhardt (1928-2012) : Adagio. Henry Purcell (1659-1695) : Ground Z. 222 ; A New Ground Z. 682. Johann Kuhnau (1660-1722) Praeludium en sol majeur. Skip Sempé, clavecin. 2019. Livret en anglais et français. TT 63’48. Paradizo PA 0018

Quelques mélodies romantiques russes mises en avant par Lena Belkina et Natalia Sidorenko : une légère brise printanière…

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Piotr Ilitch Tchaïkovsky (1840-1893) : To bylo ranneyu vesnoy, Op. 38 No.2 (It was in early spring) ; Net, tol‘ko tot, kto znal, Op. 6 No. 6 (Only he who knows longing) ; Zabyt‘ tak skoro (To forget so soon) ; Kolybel‘naya pesnya, Op. 16 No. 1 (Lullaby) ; Skazhi, o chom v teni vetvey, Op. 57 No. 1 (Tell me what is in the shade of the branches) ; Noch‘, Op. 60 No. 9 (Night) Kolybel‘naya pesn‘ v buryu, Op. 54 No. 10 (Lullaby in a Storm) ; Serenada, Op. 63 No. 6 (Serenade) ; Snova, kak prezhde, odin, Op. 73 No. 6 (I am alone again, as before) ; Rastvoril ya okno, Op. 63 No. 2 (I opened the window). Sergei Vasilevich Rachmaninov (1873-1943) : Siren‘, Op. 21 No. 5 (Lilacs) ; Utro, Op. 4 No. 2 (Morning) Ditya kak zvetok ty prekrasna, Op 8 No. 2 (Child,you are beautiful as a flower) Duma, Op. 8 No. 3 (Brooding) Polyubila ya na pechal‘ svoyu, Op. 8 No. 4 (I have grown fond of sorrow) Son, Op. 8 No. 5 (A Dream) ; Ya zhdu tebya, Op. 14 No. 1 (I Wait for Thee) Ona kak polden‘ khorosha, Op. 14 No. 3 (She is as beautiful as midday) ; Noch pechal’na, Op. 26 No. 12 (The night is sad) ; Vesenniye vodi, Op. 14 No. 11 (Spring Waters). Lena Belkina, mezzo-soprano, Natalia Sidorenko, piano.  Livret en allemand, en anglais et en russe.   Solo Musica SM 381 

« Vers la source dans les bois », par l’Arioso Furioso Trio : une envoûtante balade sylvestre…

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Jacques Ibert (1890-1962) : Deux interludes en trio. Marcel Tournier (1879-1951) : Vers la source dans les bois, pour harpe. Eugène Bozza (1905-1991) : Sonatine à Monsieur Jacques Ibert, pour flûte et basson. André Jolivet (1905-1974) : Pastorale de Noël en trio. Alexandre Luigini (1850-1906) : Rêve bleu, pour harpe. Maurice Ravel (1875-1937) : Sonatine en trio.Massimiliano Pezzotti, flûte, Francesco Fontolan, basson, Francesca Tirale, harpe.  73 :2_. Livret en anglais.  Da Vinci Classics C00472

Henze à travers le temps 

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Hans Werner Henze (1926-2012) : Nachtstücke und Arien, Los Caprichos, Englische Lieder. Juliane Banse, soprano ; Narek Hakhnazaryan, violoncelle ; ORF Vienna Radio Symphony Orchestra, Marin Alsop. 2020. Livret en anglais. 67’23. Naxos. 8.574181. 

Merveilleuse anthologie montéverdienne  

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Daylight : Stories of Songs, Dances and Loves.  Claudio Monteverdi (1567-1643), Andrea Falconiero (1585-1656) et Biagio Marini (1594-1663). Concerto Italiano, Rinaldo Alessandrini (direction). 2021. Textes de présentation en français et anglais, textes chantés italiens avec traduction française et anglaise. 61’47’’. Naïve. OP 7366

A Genève, Beethoven et Shchedrin à l’affiche d’un concert sans public

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Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Le Roi Etienne, ouverture op. 117 ; Concerto pour piano et orchestre en do mineur n° 3 op. 37. Rodion Shchredin  (°1932) : Carmen-Suite, ballet en un acte. Mikhaïl Pletnev, piano ; Orchestre de chambre de Genève, direction Gábor Takács-Nagy. 2021. Notice en français et en anglais. 86.30. Un album de deux CD Claves 50-3039-40.